Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
Vom Netzwerk:
secrétaire soupira de nouveau.
    — Cela ne sera pas nécessaire, Majesté. Il leur suffit d’apprendre mon identité pour deviner qui se cache derrière. Je constitue un indéniable maillon entre Son Altesse et cette sordide histoire.
    « C’est juste », songea l’archiduc dont l’humeur se gâcha encore. En outre, il n’appréciait guère le ton suffisant avec lequel son valet de chambre avait prononcé le terme de maillon . On aurait vraiment dit qu’ils étaient désormais deux complices embarqués sur le même bateau. Enchaînés l’un à l’autre par une fâcheuse aventure qui leur échappait un peu plus chaque jour.
    L’archiduc vit le maillon qui le reliait à la catastrophe vénitienne faire un pas vers la porte-fenêtre et lui présenter son profil. L’espace d’un instant, sa silhouette dure et sombre se détacha sur le fond de brouillard. Cette vision lui fit penser, sans qu’il sût dire pourquoi, à un peloton d’exécution. Que se passerait-il, lui suggéra soudain une voix intérieure, si ce maillon disparaissait ? S’il s’évanouissait ? Si, par exemple, il tombait ?
    Que se passerait-il, poursuivit la voix dans sa tête, si quelqu’un l’entraînait sur le balcon, l’invitait à s’asseoir sur la balustrade et le poussait brutalement ? Schertzenlechner n’aurait pas le temps de crier. Il s’écraserait sur les rochers et mourrait sur le coup. Un accident tragique. Personne n’oserait mettre en doute les déclarations de l’archiduc. Une telle solution n’avait, dans une perspective impériale , rien d’exceptionnel. Tous les grands hommes d’État avaient des cadavres dans le placard. Le problème était que la porte-fenêtre ouvrait mal. Schertzenlechner pourrait avoir l’idée d’appeler un domestique et alors…
    Maximilien releva la tête. Son secrétaire venait de prononcer une phrase qu’il n’avait pas saisie.
    — Pardon ?
    — Beust est allé à Venise, répéta le matelot mis à disposition d’un air coupable, comme un enfant sur le point d’avouer une bêtise.
    Son supérieur poussa un soupir. Il ne tarderait pas à envoyer son secrétaire en mission à Vienne. La présence de cet homme le déprimait.
    — Je sais. Je l’avais chargé de régler une affaire. Pourquoi me signalez-vous cela ?
    — J’avais songé que le lieutenant de vaisseau pourrait se renseigner sur les progrès de l’enquête, au cas où il rencontrerait le commandant en chef de la police.
    Il fallut un moment à l’archiduc pour comprendre ce que cet imbécile venait de lui annoncer. Il avait prié Beust de parler à Spaur ! Le baron n’avait sans doute pas manqué d’en avertir aussitôt les enquêteurs qui savaient donc maintenant que Miramar manifestait de l’intérêt pour cette affaire.
    — Comment avez-vous présenté la chose au lieutenant de vaisseau ? s’enquit-il.
    — Dans le Giornale di Trieste , j’ai lu un encart intitulé : « L’assassin s’enfuit à la faveur du brouillard. » Comme j’étais resté à Venise ce soir-là, j’ai prétendu que le drame m’avait bouleversé.
    — Cela me paraît un peu léger comme raison de déranger Spaur.
    — Beust a en tout cas gobé le mensonge, affirma Schertzenlechner.
    — Et que vous a-t-il rapporté ?
    — Peu de chose en vérité, répondit le subalterne avec un haussement d’épaules. Le commandant en chef lui a confié qu’ils tenaient une piste, mais s’est refusé à lui donner de plus amples détails.
    Maximilien garda le silence pendant quelques secondes. Puis il demanda :
    — Beust a-t-il cherché à apprendre ce que vous vous faisiez à Venise cette nuit-là ?
    — Non.
    — Et que sait-il de mes visites ?
    — Il est au courant que Son Altesse Sérénissime faisait régulièrement la traversée et ne passait la nuit ni au Danieli ni au palais royal. Toutefois, j’ignore quelles conclusions il en tire.
    — Beust est intelligent, répliqua l’archiduc d’un air soucieux. Il va bien finir par se poser des questions.
    — En effet, convint le secrétaire, peut-être s’interrogera-t-il. Néanmoins, il n’osera jamais le faire à haute voix. Il est bien trop ambitieux.
    Cette remarque était inspirée par le profond mépris qu’il éprouvait pour l’officier. Mais il fallait reconnaître qu’il avait raison. Beust avait de l’ambition. Il se montrerait aussi discret et sans doute aussi coopératif que Schertzenlechner.
    — Il pourrait nous rendre service,

Weitere Kostenlose Bücher