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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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convient d’adresser un message à Castro.
    Tristan se sentit atteint par un regard dont il dédaigna la véhémence.
    –  Il a l’air de vouloir que ce soit vous, Castelreng, murmura Audrehem.
    –  Je n’irai point, messire. Je me suis incliné à Séville. Cette fois, le pervers trouvera quelqu’un d’autre… Pourquoi pas son très cher Olivier de Mauny ?
    Et, défiant le Breton, sèchement :
    –  Le roi Henri qui commande à nous tous, même à toi, Bertrand, ne manque pas de prud’hommes dignes d’accomplir cette mission.
    Le lendemain, Fernand de Castro accepta d’ouïr, sans quitter les murailles où il s’était penché, les propositions qu’un messager inconnu de Tristan formula au nom d’un suzerain dont il récusait l’autorité. Cependant, se sentant esseulé, craignant peut-être aussi la disette puis la famine, il accepta la trêve de cinq mois qui lui était offerte. La convention stipulait que, si avant Pâques de l’année suivante, il n’était point secouru, il restituerait aux capitaines du roi Henri non seulement Lugo, mais aussi toutes les forteresses occupées par ses hommes d’armes. Un choix lui serait proposé : quitter librement le royaume avec tous les biens qu’il pourrait emmener ou y demeurer en conservant ses honneurs et son nouveau titre à condition de prêter le serment d’hommage au suzerain reconnu par toute la Castille.
    L’homme lige de Pèdre accepta les conditions. Henri se frotta les mains.
    –  En selle, maintenant, cria-t-il, le temps presse.
    –  Où allons-nous, mon roi ? interrogea Guesclin.
    –  À Burgos ! À Burgos !… De là, j’aviserai.
    « Non ! » s’indigna Tristan, cependant que l’incurable plaie se remettait à saigner.
    S’il était hélas  contraint de suivre l’armée où qu’elle se rendît, il excluait de toutes ses intentions une visite à Joachim Pastor. Il était impossible qu’il allât trouver le vieillard pour lui annoncer, même chargé des pires résipiscences – comme un condamné l’eût été de ses chaînes –, que Teresa et Simon, sa pure et juvénile descendance, étaient morts.
    « Il apprendra notre retour. Il m’attendra !… Et s’il ne me voit pas, il soupçonnera la vérité ! »
    Jamais il ne pourrait le regarder en face. Jamais il ne pourrait lui révéler comment ces innocents avaient péri. Ce double deuil était le sien avant même celui de cet aïeul estimable. S’il n’entraînait pas dans le néant de l’irréparable, comme pour Joachim Pastor, des espérances tendres et vivaces, il faisait de lui un parjure : il avait promis au vénérable drapier de soustraire ses petits-enfants aux cruautés des Compagnies. En fait, il les avait condamnés à les subir.
    –  Burgos ! soupira Paindorge. Ou Bures 146 comme dit Villaines… d’un seul coup. C’est loin, très loin quatre-vingts lieues.
    Devinant ses pensées, l’écuyer ne trouvait aucun mot pour le consoler ou l’exhorter au courage. En existait-il seulement ? Il avait veillé sur Teresa comme un frère, voire comme un fiancé l’eût fait. Il ne pouvait, une fois de plus, qu’imaginer ses frayeurs dans les mains des victimaires, ses cris, ses supplications, ses résignations, les outrages infligés sous les yeux de son frère afin que ces viols eussent plus de piquant. Il ne s’étonna point du silence qui le séparait de Paindorge – ou peut-être qui les liait l’un et l’autre dans une méditation lugubre. Ce silence se prolongea un long moment pendant lequel ils assistèrent imaginairement aux dernières palpitations de deux âmes dont les Bretons avaient souillé, écourté, désespéré la beauté. Il fallait que l’homme qui avait commandé l’immolation de ces enfants payât un jour ce forfait de sa vie. Il fallait qu’il redimât par son trépas toutes les morts stériles qu’il avait, d’un cœur joyeux et d’une conscience nette, répandues sur son passage. Il fallait que la balance de l’éternelle justice inclinât l’un de ses fléaux vers ce fléau vivant. Que le messie crucifié pour la rédemption des hommes leur réservât à lui, Castelreng, et au fidèle Paindorge, le châtiment de cet ignoble. Peu importait la longueur de l’attente.
    « Si l’occasion m’en est fournie par Dieu ou par Bélial, j’abrégerai sa vie… Oh ! Comme j’aimerais qu’il sache que c’est de moi qu’il tient sa mort ! » Tristan tapota la prise de son épée : « Tu mourras par cette

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