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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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lame ou tu t’escamperas par la vertu de cette poudre enclose en son pommeau ! » Puis, retrouvant le regard douloureux de Paindorge : – Ni Simon ni Teresa ne quittent mon cœur et ma mémoire.
    –  Elle était si belle que ça m’ennuyait qu’elle dût épouser un Juif.
    Ils la revoyaient telle qu’ils l’avaient emmenée de Burgos, sur son genet qui lui au moins vivait encore. Belle et solide, confiante et mystérieuse, toute pleine du feu secret de l’espérance et pareille, dans ses habits, à quelque damoiseau voulant se prouver et prouver sa bachelerie 147 .
    –  Je n’entrerai pas dans Burgos.
    Tristan éprouvait plus qu’une angoisse : un sentiment désespérant de remords, d’inutilité ; le lourd fardeau d’un opprobre que Paindorge, sans doute, eût voulu alléger sans que sa compassion ne devînt une gêne.
    –  Si vous vous refusez à entrer dans Burgos et que le drapier apprend votre présence…
    –  Je suis sûr qu’il se doutera de mon échec… mais je n’aurai pas à subir ses reproches et son ire.
    –  Il n’a rien à vous reprocher. Vous êtes, il le sait, le contraire d’un couard. L’erreur, devant notre Dieu et le sien – si ce n’est le même – serait de refuser de le voir… Je suis certain qu’il vous pardonnera, si tant est qu’il ait à vous pardonner.
    D’une tape sur l’épaule, Tristan exprima sa reconnaissance à Paindorge : il avait chassé de lui cette angoisse superstitieuse née d’un acte qu’il se devait d’accomplir.
    –  J’irai voir messire Pastor, dit-il, mais tu seras présent lors de ce face à face.
    Et sourdement, la main sur un cœur dont la suppuration cessait en partie :
    –  Devant toi, ce déshonneur me sera moins cruel.
    –  Déshonneur ! s’indigna l’écuyer. Vous n’avez point démérité. Pour sauver ces enfants, vous avez failli trépasser !
    Lemosquet et Lebaudy les avaient écoutés sans broncher. Ils montèrent en selle. Leurs mouvements et, semblait-il, leur hâte de chevaucher tirèrent Tristan de sa maussaderie.
    –  Hâtons-nous, messire, dit Lemosquet. On se froidit à ne point remuer.
    On était le dimanche premier novembre. Le soleil brillait toujours, mais depuis deux jours, dans ce pays de creux profonds et de hauts sommets, un vent rigoureux soufflait sans trêve. Cette Toussaint annonçait des jours secs et froids et des nuits d’un frimas sans cesse aggravé. Paindorge, Lemosquet et Lebaudy s’inquiétaient : si l’hiver était rude, les chevaux souffriraient. Il fallait leur préparer des haussements chauds. Avec quoi ?
    Tristan, sur sa dernière solde perçue à Séville, avait gardé quelques poignées de maravédis. Ils furent employés à l’achat de couvertures que ses soudoyers assemblèrent à petits coups d’épingle lors des haltes du soir. Au cours de l’une d’elles, on sut que la grande cité de Zamora venait de prendre le parti du roi Pèdre.
    –  Zamora ! s’exclama Henri au conseil qui, derechef, n’assemblait plus les Anglais. Ah ! Les perfides. Pourquoi ? Pourquoi ? Nous y étions il y a peu. J’avais reçu des assurances…
    Guesclin baissa la tête et donna quelques coups de pied dans un feu qui se mourait. Ses hommes étaient entrés dans Zamora. Ils en étaient ressortis fièrement : ils avaient bretonné les manants, les bourgeois, les nobles et les Juifs. C’était tout dire.
    On apprit peu de temps après que Fernand de Castro avait quitté Lugo. Il commandait à moult gens d’armes, reprenait les places que Pèdre avait perdues en Galice et menaçait de punir le roi de Navarre s’il s’alliait avec Henri (438) .
    –  Un parjure, rien d’autre ! tonna le roi. J’aurais dû l’occire ! « Comment ? » se demanda Tristan. Ce mouvement vers Burgos le rapprochait des marches de France. Cette certitude réjouissante contrebalançait l’amertume d’avoir à affronter Joachim Pastor.

II
     
     
     
    Sous des nuages bas, épais et limoneux, Burgos, ville du Cid, avait un air lugubre. Les manants et bourgeois nombreux dans les rues et venelles baissaient la tête comme pour oublier ces revenants dont les armes, les armures et les haubergeons soigneusement fourbis lançaient quelques éclairs à défaut du ciel. Droit sur son cheval noir brassicourt, don Henri avait beau multiplier les gestes de bienveillance, rares étaient ceux qui battaient des mains. Aucune ovation ne saluait sa revenue. Hommes, femmes, enfants que l’apparat de ce

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