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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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intentions ?
    –  Hé ! Hé ! fît Audrehem lors du premier conseil sérieux réuni en fin de matinée dans le tinel de Zaldjrân tiédi par la chaleur que dégageaient de deux cheminées d’encoignure. Messires, le meilleur moyen de savoir où sont et vont nos ennemis, c’est de partir à leur recherche. j
    –  E… é… évidemment ! acquiesça le Bègue de Villaines.
    –  Pardi ! fit Guesclin.
    Il croisait les bras, soucieux, le front bas, le regard torve dirigé soit sur l’un des feux, soit sur le roi qu’il sentait indécis. La veille au soir, Tristan l’avait entrevu seul sur le chemin de ronde, les yeux souvent levés comme s’il espérait trouver dans les constellations qui venaient de s’illuminer soit un réconfort, soit une réponse aux questions issues de cette guerre où se révèlerait, sous peu, la supériorité de Pèdre ou de Henri.
    Don Tello, frère du roi, accoudé auprès du Breton sur le plateau de la table immense aux pieds tordus en lyre antique, envoya quérir le chevaucheur. Il apparut bientôt, pâle, décoiffé, inquiet et fébrile : on l’avait tiré du lit. C’était un jouvenceau ; il avait le sommeil pesant.
    –  Seigneurs, dit-il dans un français convenable j’ai quitté l’armée du prince hier, au soleil levant. Je vous jure Dieu qu’on ne vit jamais de telles gens, ni de si fière apparence, ni en si bon arroi 224 ni si moult guerriers… Mais ils n’ont que manger et jeûnent pour la plupart, car par toute la Navarre, ils n’ont rien trouvé.
    Tristan sentit le regard de cet adolescent éprouvé par le froid et l’angoisse s’arrêter sur lui comme sur un chef. Il l’en dissuada d’un sourire. Le chevaucheur alors se tourna vers Villaines, Guichard le Normand, Guillaume Boitel, Thibaut du Pont, Audrehem et son neveu. D’autres encore.
    –  Parle ! enjoignit Tello, plus orgueilleux et autoritaire que son roi de frère englué dans une méditation confuse.
    –  Qui donc fait l’avant-garde ? demanda Guesclin en tapant des deux poings sur la table, alternativement.
    –  Felton, messire, est le conduiseur de l’avant-garde. Un parent le compagne. En tout cinq cents lances. Ils pillent le pays, je puis vous l’acertener 225 .
    –  Ça, dit le Breton, je le devine. Tu vas venir avec nous et nous verrons ce que nous pourrons faire.
    Puis s’adressant aux frères du roi, inquiets, au coude à coude :
    –  Messires, vous viendrez avec moi.
    –  Soit, dit don Sanche.
    –  Bien, dit don Tello.
    –  Audrehem, Villaines, Neuville… et vous, Castelreng… Et vous, vous, vous…
    Le doigt épais, tendu comme un vireton d’arbalète, désignait les compères d’une action pénible et périlleuse.
    « Il m’a voussoyé  ! » songea Tristan. « Je ne me méprends pas : ce n’est point du respect mais un dédain profond. »
    Il se leva tandis que le Breton continuait :
    –  Nous leur montrerons qui nous sommes… s’ils ne le savent déjà !
    –  Et moi ? demanda Henri en feignant l’indignation. Mes capitaines ? Mes hommes ?
    Guesclin, comme exaspéré, prit une inspiration profonde :
    –  Vous, roi, j’ai pourpensé à votre tâche. Quand nous reviendrons, je vous veux prêt à partir pour Nâjera la Grande. Il paraît que les chaingles 226 en se épaisses et hautes, la place large et la nourriture  suffisance. Les Goddons, j’en suis sûr, n’oseront l’assaillir…
    Et debout, faisant signe à l’assistance de se lever elle aussi :
    –  Messires, nous partirons cette nuit. Préparez torches et falots ardents car il faut éclairer la voie jusqu’à ce que nous soyons dans la plaine. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre un seul cheval avant de courir sus aux Goddons… Rassemblez vos hommes.
    –  Nous serons combien d’asaltadors 227  ? demanda Dénia auquel Guesclin s’était efforcé de ne point trop prêter attention.
    –  Si mes comptes sont bons, comte, quelque cinq cents.
    Disait-il vrai ? Disait-il faux ? De toute façon, il aurait bataille et bataille terrible puisque c’était Felton l’ennemi juré de Guesclin, qui menait l’avant-garde anglaise.
    *
    Une aube froide et nacrée. Les falots et les flambeaux jetaient sur les murailles tourmentées des lueurs dont le pourpre annonçait des ruissellements d’une autre espèce. Don Tello, don Sanche et Guesclin chevauchaient en tête. Derrière, le Bègue de Villaines, Neuville et Audrehem courbaient le dos. Tristan et Paindorge

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