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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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les observaient. Ce n’était plus, chez tous ces conduiseurs, l’exultation malfaisante de Briviesca ni celle, pompeuse, de Burgos au moment du sacre. Quelque chose pesait sur ces hommes, et les cinq cents guerriers qui suivaient derrière, au pas incertain des chevaux, leur semblaient peut-être trop peu pour vaincre les composants d’une avant-garde.
    –  S’il n’avait pas su, dit Tristan, que Felton commandait à cette compagnie de Goddons qui doit être composée de fourrageurs, nous serions demeurés au château (475) . Mais il le veut occire parce que, peut-être avec raison, il a attenté à son honneur. Or, toute la question est de savoir s’il est honorable. À mon avis pas plus que l’Anglais : Felton l’a invité à l’affronter l’épée en main. Il a refusé ce combat à outrance.
    –  Il va le retrouver.
    –  Certes, mais dans une embûche. Et de plus, il ne sera point seul.
    –  Vous le haïssez toujours autant.
    –  Ma rancune a deux noms : Simon et Teresa.
    C’est Couzic le bras.
    –  Et Guesclin le cerveau.
    Le soleil se leva sur des champs endormis dans leurs draps de neige. Quelques torches et falots s’éteignirent et l’on chemina par trois ou quatre de front, parfois entre des mares craquantes, miroirs que l’astre encore violemment rouge teintait de son sang. Tristan tapota l’encolure de Malaquin qu’il sentait à la fois vaillant et docile. Il l’avait préféré à Alcazar : le cheval blanc, plus véloce que le roncin noir, supportait malaisément le poids d’une armure complète. Il avait bien fallu qu’il se vêtit en guerre pour aller au-devant des Goddons.
    La compagnie chemina dans des terres grasses, pustulées de taupinières, où le printemps s’était déjà faufilé. Il y avait, çà et là, des étangs voilés de hautes herbes et quelques masures basses et comme abandonnées. Des arbres autres que des sapins commençaient à paraître, sous lesquels, parfois, tel un champignon à la belle saison, s’arrondissait la coiffe d’une cahute construite en claies de joncs qui laissaient suinter une pâle lumière. Tristan observait et se laissait conduire. Il ne savait si l’on allait vers l’Èbre ou si l’on s’en éloignait. Des Espagnols menaient les seigneurs et les ricos hombres. Ils devaient connaître le pays. Combien de lieues encore ? Des ruisseaux miroitaient ; la rosée emperlait les herbes et les branchettes et la terre se bossuait. Ces coteaux élevés et boisés eussent pu servir de refuge à cinq cents hommes, mille sans doute, mais rien ne permettait d’y déceler une seule présence. La neige, ici, avait fondu. Le sol était trop froid encore pour qu’il se transformât en boue.
    Une plaine apparut. Vide. Pendant que le soleil brillait d’un vif éclat, des souffles tièdes répandirent sur ce grand espace paisible une senteur d’herbe et de mousse.
    –  Nos capitaines s’arrêtent, dit Paindorge.,
     — Ils vont se concerter. Pour qu'ils s'accordent, il leur faudra du temps. i
     — Que vont-ils décider et qui va décider ?
     — Ah ! Ça, messire, dit Paindorge, les Espagnols sont moult nombreux (476) !
     Après une assez longue attente, Tristan et son écuyer furent informés par Audrehem qui, en fait, s'adressait à son neveu.
    –  Nous allons nous séparer. Un gros corps de guerriers de chez-nous auxquels se joindront des géniteurs castillans va continuer d’avancer. Qu’il y ait bataille ou non, ils se replieront vers Ariniz 229 avant la vesprée. J’en serai… Jean, veux-tu en être ?
    –  Oui.
    –  Et vous, Castelreng ?
    –  Certes… Mais que fait donc Guesclin ?
    –  Il se mussera quelque part pour intervenir à bon escient… Oh ! Oh ! Vous semblez déçu… S’il y a une échauffourée, croyez bien qu’il en sera.
    –  Qui commandera notre troppelet 230  ?
    –  Le comte de Dénia… si j’ai bien ouï ce qui se disait. Je le seconderai ainsi que Villaines.
    Tristan ne s’occupa plus de rien. Pas même de Guesclin. C’était son habitude, au Breton, de préférer les fourrés épais aux champs bien dégagés où les adversaires avaient loisir de s’observer. Ici, que craignait-on ? Arbres noirs aux branches ruisselantes, herbes courtes broutées par un hiver cruel – il n’y avait pas que le roi déchu qui le fût. À l’entour, des bois nus, sauf aux lieux plantés de pins. On entendait toujours bruire des eaux courantes : là-haut, très loin, les montagnes

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