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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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sortir. Impossible : outre que sa reculade eût déplu, trois rangs de ricos hombres rendaient sa retraite impossible.
    –  Pourtant, et à ces causes dessus dites, nous tenons que nous avons droit à ce royaume qui nous a été donné par la volonté de Dieu et de tous, et que vous n’avez nul motif juste pour aller à l’encontre. Et, s’il faut livrer bataille, combien que, quant à nous, il nous en déplaise, l’honneur commande que nous mettions notre corps en avant pour la défense de ces royaumes à qui nous sommes si étroitement tenu, contre quiconque les viendrait assaillir. Pour quoi, par cette présente lettre, vous avisons au nom de Dieu et de l’apôtre saint Jacques, que vous n’ayez à entrer à grande puissance en nos états, car, le faisant, nous ne pourrions qu’entendre à les protéger par les armes.
    Un homme applaudit : don Tello. Les autres eurent un sourire fugace. « Rien d’autre ? » demanda d’un regard Henri à l’assistance. Il semblait qu’il eût tout dit. Alors, en s’approchant de frère Béranger, la plume haute :
    –  Écrit en notre logement de Nâjera, le second jour d’avril 1367 272 .
    C’était légèrement antidater cette lettre : un détail sans importance. D’ailleurs, le 2 avril, Northbury serait auprès du prince Édouard.
    Tristan sortit enfin. Paindorge l’attendait avec impatience. Lemosquet et Lebaudy avaient rejoint l’écuyer. Il y avait un bissac accroché au pommeau de la selle anglaise.
    –  Du pain, du bacon et un cruchon de vin bien clos, dit Lemosquet.
    –  Il a mangé, compères, ou il mange encore.
    –  Eh bien, il baillera cela à un ami, fit Paindorge. Le cheval a eu, lui, quelques poignées de fourrage. Il me faisait pitié.
    –  Deux brassées, messire, corrigea Lebaudy. Et il a bu… Cette attention a déplu aux Castillans. J’ai dû les menacer de mon épée. On vous en parlera sans doute.
    –  Bah ! fit Tristan. Quand don Henri lui-même offre à dîner au héraut d’Angleterre et va le combler de présents, ce n’est pas un crime que de donner de la cévade (487) ou du foin à son cheval !… Mais Lemosquet, tu ferais bien d’aller veiller sur les nôtres. Et de les tenir prêts…
    –  Alors, messire, c’est la guerre ? demanda Paindorge tandis que les deux soudoyers s’en allaient.
    Tristan n’eut pas à répondre : don Tello et Dénia, qui venaient de quitter Henri, s’approchaient, le sourire aux lèvres :
    –  C’est la guerre, écuyer !… Vous allez voir comment nous, Espagnols, vaincrons cette armée que les gens de votre espèce n’ont jamais pu dominer !
    Tello levait haut son menton barbu et tapotait son épée. Dénia, lui, tapotait l’épaule de son compère, soit pour l’approuver, soit pour lui enjoindre une modération qui n’était pas dans son caractère.
    –  Le roi, mon frère d’armes, vous montrera, messires, si vous y êtes présents, comment on gagne une bataille 273  !
    C’était insultant et jamais ces deux drôles n’eussent ainsi parlé devant Guesclin. Donner prise à leurs propos eût été provoquer un estekis 274 dont Henri, Guesclin et la plupart des capitaines se fussent indignés. Mais pouvait-on se laisser mépriser de la sorte ? Pressentant qu’il était allé trop loin dans l’injure, Tello entraîna son compère.
    –  Les immondes ! grommela Paindorge. Si ça se trouve, ils seront les premiers à fuir lors du grand boutis d’armes !
    –  Ils souilleront leurs braies de merde et de pissat !
    Tristan caressa le doux chanfrein du roncin anglais qui se laissa faire. Un bon cheval, sans doute, lorsqu’il était bien nourri. Noir à la crinière longue, brillante comme celle de Francisca. La cicatrice d’une embarrure (488) comme un trait de craie, se voyait sur son coude senestre. Il ne risquait point, en l’occurrence, de s’en faire une seconde.
    –  Dieu te préserve aussi, ami, comme il préserve tous les miens, d’Alcazar à Carbonelle !
    « Francisca », songea-t-il derechef. Mais qu’allait-il penser à elle maintenant alors que cent mille hommes s’apprêtaient à s’entre-tuer !
    –  Gagnerons-nous cette fois ? demanda Paindorge. 
    –  Nous le saurons dans un jour ou deux.
    –  Il paraît, messire, que l’on va nous pourvoir d’une escherpe 275 afin de nous reconnaître dans la mêlée. Couleur rouge…
    –  Comme dans ces maudites arènes !… Le sang, dessus, ne s’y verra point.
    Mieux valait

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