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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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s’abstenir d’ajouter quelque chose.
    *
    Tristan ne vit pas partir le héraut du prince de Galles. Paindorge, qui avait veillé sur son cheval jusqu’à ce qu’il l’eût enfourché, dit qu’il s’était éloigné entre quatre chevaliers de Castille ayant pour mission de le conduire sans dommage jusqu’aux limites du camp anglais – ce qui était une façon de découvrir leur convenant 276 .
    –  Quelles seront, messire, les prochaines décisions ? interrogea l’écuyer marqué par une nuit d’insomnie dès l’aube du lendemain.
    –  Quelles qu’elles soient, Robert, je les pressens funestes.
    Tristan passa le col et les manches de son surcot de laine dont il enfonça les pans dans ses braies. Il avait mal dormi, lui aussi, et demeurait encore sous le coup de sa brève rencontre avec John de Northbury. Hardi, sain de corps et certainement d’esprit ; avide de gloire, sans doute, pour obtenir, si ce n’était fait, la faveur d’une damoiselle, ils eussent pu devenir amis. Ils ne seraient qu’adversaires. Et comment se pouvait-il que le prince de Galles eût décidé de s’allier à un satrape tel que Pèdre ? Dans cette guerre-là, les raisons de s’entre-tuer apparaissaient, à la réflexion, comme mensongères. Henri avait cité dans sa réponse à Édouard le Jeune, des actes certainement avérés dont Pèdre s’était rendu coupable. Cet homme, autour de lui, avait peuplé tout un cimetière. Cependant, l’usurpateur avait omis l’essentiel : la tyrannie qui avait autorisé toutes ces énormités. Il n’avait fait aucune allusion à la violation des privilèges de la noblesse par Pèdre, cause principale de la haine qu’il avait suscitée contre sa royale personne. Couronné non sans malice après avoir, lui aussi, répandu des ruisseaux de sang et des amoncellements de cendres humaines, Henri se sentait-il déjà quelque indulgence pour les actes de despotisme commis par son prédécesseur ?
    Un cor sonna, puis plusieurs. Cent araines joignirent leurs cris à leurs plaintes.
    –  Cette fois, dit Tristan, nulle doutance n’est permise. Aide-moi, Robert, à restreindre mes plates 277 … Yvain, Girard, holà !
    Lemosquet et Lebaudy accoururent.
    –  Nous allons avancer au-devant des Anglais. Sellez les chevaux, bâtez Carbonelle, embrelez 278 avec soin ce qui nous appartient et n’oubliez pas d’écourter ma lance d’un tiers : la mêlée se fera de bon pied, j’en suis sûr. Aidez Paindorge à s’adouber. Armez-vous aussi du mieux que vous pourrez… N’oubliez pas que nous aurons contre nous les meilleurs archers du monde : n’ayez donc crainte de mettre entre vos mailles et votre corps moult épaisseurs de bourras !
    Une animation forcenée secouait le camp. Des clameurs confuses éclataient. Tristan les écouta. Mêlées aux tintements des armes apprêtées, aux hennissements  des chevaux et aux cris des capitaines les plus proches  de son pavillon, elles ne différaient pas de celles qui précédaient les clameurs des batailles auxquelles il avait pris part. Et pourtant, elles révélaient, plus encore  que de la fureur et de la haine, une allégresse extrême. Le vent, selon son humeur, pouvait bien les augmenter et disperser, l’ennemi ne pouvait les entendre. D’ailleurs, les eût-il entendues qu’il ne s’en fut point soucié : les Anglais composaient les armées les plus sereines comme les plus ordonnées.
    Tristan pénétra sous son tref. Paindorge y rassemblait les pièces de son armure. Il ressortit pour que l’écuyer les lui assemblât commodément sur le corps.
    –  Vous tremblez, messire, on dirait.
    –  Ni de peur ni d’impatience : l’émoi qui donne froid.
    L’écuyer ajusta les capitons de bourras puis les solerets et les grèves prolongées par les genouillères et les cuissots dont la garniture supérieure était munie d’œillets où il introduisit de forts lacets de cuir rattachés à la ceinture de corps. Après quoi, il boucla le ceinturon rivé au jupon de mailles et assujettit le plastron et la dossière. Vinrent les brassières et les spallières, et enfin les rouelles d’épaule, celles-ci étant maintenues par des aiguillettes dépendantes du vêtement de dessous et passant par des trous du plastron.
    Tristan remua les bras, les jambes, les épaules afin que les fers qui le couvraient retrouvassent leur place. Il se sentait, comme chaque fois, lourd et gouin 279 et savait que ce mésaise allait durer jusqu’au

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