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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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reculait toujours. Des morts jonchaient le sol : hommes et chevaux. Il y avait aussi des épées, des tronçons d’armes d’hast et de lances, des heaumes, des plates, des lormeries, selles et chapuis 316 . « Recule encore ! » Il ne pouvait se comporter qu’en couard sous des coups bien assenés. « Si je tombe, je meurs ! » Vers où, vers quoi le menait cette retraite ? Vers Nâjera ? Vers le pont de Nâjera 317  ? L’eau… Lesté de tant de fer, ce serait la noyade… Combien étaient-ils à reculer ainsi sous des assauts infatigables ? Quelques centaines sur les milliers du commencement… Un mur… Là, au moins, on ne pourrait les agresser à revers… Mourir, non ! Mourir pour deux rois aussi méprisables l’un que l’autre ? Non !… Sottise ! C’était sur la bataille composée en majorité de Français que se concentraient les efforts des Goddons. Et lui, qui sentait cela. Lui qui avait affaire à un gagneur… Un gagneur souverainement avantagé : il flairait sa victoire et le triomphe des siens ! « Je suis recreu 318  ! Comme Teresa me pèse !  Bonne lame. Il semblait qu’elle ne s’ébréchait même pas. Elle repoussait l’épée adverse. Encore. Attente… Ils s’observaient, la poitrine en feu, les jambes certainement molles et tremblantes. Ils voulaient moins se faire mourir qu’affirmer leur suprématie. « Oh merde… La bannière du captal ! » La mêlée grande épaisse, commençait à se clairsemer. Cette apparition allait accroître un éparpillement honteux.
    Un cri de Grailly :
    –  Assaillez ceux-là. Boutez-les hors de ce mur ! Je les vis à Cocherel où je fus attrapé !
    « Qui sommes-nous ? Guesclin, Audrehem, Boitel… Je ne sais rien des autres sinon qu’ils sont présents !... Faut que je m’écueillisse 319  ! »
    Il ne savait comment occire l’Anglais. Son bassine semblait copié sur un museau de dogue. Tiens : il eût convenu à Guesclin !
    Derrière Chandos. Chandos dont la cotte étai lacérée.
    Un chevalier d’Espagne voulut l’occire. Un écuyer protégea son maître et périt à sa place 320 . Des trompes sonnèrent. Puis des trompettes, chalumeaux. Bannière d’Angleterre. Le prince qu’on disait impotent, hypocondre, allait fournir d’ultimes coups de lame. Après l’incertitude et la frayeur, la joie des Goddons affleurait avec le hérisson de leurs armes.
    « Et moi ? »
    Il évitait toujours les coups et les rendait. Bon sang ! Pourquoi étaient-ils égaux en force et en astuce ? Si seulement il eût pu voir son visage ! Un taillant provoquait un taillant. À la tête ? À la tête. À l’épaule ? À l’épaule… Un cri. Pèdre :
    –  Fils de ribaudes !… Pour un bâtard vous m’avez détourné de ma terre ! Vous en mourrez tous de mort cruelle. Le bâtard aura la tête coupée. Il sera pendu à un arbre !
    « Comment peut-on pendre par le col un homme qui n’en a plus ? »
    Un cri. Un Espagnol s’adressait aux siens :
    –  Folles gens ! Cessons le combat !
    –  Hijo de puta !
    –  Enrique es una mierda !
    –  Cobarde !
    Un allié des Goddons :
    –  Pèdre est votre seigneur légitime ! Qui le combattra encore commettra folie. Je conseille que nous faisions la retournée sans horions !
    Des Espagnols s’enfuirent, poursuivis par d’autres Espagnols et des Anglais. Les poussées de l’ennemi les obligeaient à reculer vers la rivière.
    « C’est par là que je vais… C’est par là qu’il me contraint à reculer ! »
    Guesclin et tous les autres – la Fleur de la Chevalerie de France – cédaient eux aussi le terrain aux Goddons. Il y aurait une noyade monstrueuse. Que devenaient Lebaudy et Lemosquet ? Les chevaux ? Paindorge ? Où était Paindorge ?
    –  Corne along, boys !
    –  Line up, boys !
    Un tumulte de sabots ferrés et des ruades : les chevaux se communiquaient leur frayeur pendant que les hommes hurlaient. Il y eut une galopade en tous sens qui s’acheva par l’in utile fauchaison de ces grands corps couverts de houssements de prix. Un nouveau sifflement aigu et prolongé mit les survivants en fuite. Jaillies du fond de l’armée ennemie, les sagettes percèrent la terre, les hommes et les montures avec cette fureur que Tristan leur connaissait depuis Poitiers. Un troisième frissement le fit trembler, le dos humide, les intestins noués, tandis que s’élevaient des cris, des hennissements, des blasphèmes et des appels à

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