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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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tombant sur le sol durci par les milliers de piétinements farouches. Hennissements des chevaux en fuite, bronchant sur les morts et les estropiés du premier heurt. Silence bref. Et la voix du voleur de trône qui flairait la défaite :
    –  Retournez-vous et là m’aidez à challenger et défendre 309  !
    Les sabots tambourinaient toujours. Rien à faire. Tello était sourd de frayeur. Tello qui n’avait de bachelerie 310 que lors des conseils et lors des escarmouches inégales, Tello fuyait !
    –  Demeurez près de moi et la journée, par la grâce de Dieu, sera à nous !
    Des huées. Ah ! Cette bataille était mal engagée. Tristan déjoua, de son écu, un taillant à l’épaule. Épée contre épée. Il y avait encore, çà et là, autour de son Anglais et de lui-même, des behours 311 acharnés, mais l’épée redevenait la reine des tueries.
    –  Baudement 312 , mes Bretons ! hurla Guesclin.
    Sentait-il lui aussi qu’on se battait en vain ?
    Tristan ne décolérait pas. « Il faut que je tue cet homme ! » L’Anglais était habile autant que lui. Ardent autant que lui. Sans doute étaient-ils du même âge. Dommage que son bassinet fut clos. Encore des hennissements ! Tello. « Il voulait nous donner des leçons de courage… » Quelle défection ! Quelle félonie ! Le prince de Galles devait s’enivrer d’une trahison pareille. Et Pèdre ! Le roi déchu s’était-il engagé jusqu’au cœur de la mêlée ?
    Un taillant à l’épaule éludé juste à temps ! Rien de tel pour vous remettre les idées en place. Tristan rendit le coup et l’Anglais trébucha sur le corps d’un de ses compères.
    « Il tombe !… Il a lâché son épée ! »
    L’achever… Non… Le courage, c’était aussi d’épargner ce défavorisé qui, dans une situation inverse, n’eût certainement pas eu de pareils scrupules.
    L’Anglais comprenait… À genoux… Debout, péniblement. L’épée en main, il reculait, chancelait et s’en allait choir plus loin sur un cheval mort, le sien peut-être.
    « Muerto el cavallo, perdido el hombre de armas ! »
    Ne plus songer à vaincre mais à se protéger. Vivre ! Vivre ! Vivre !
    –  Castille au roi Henri !
    Qui hurlait ainsi dans la bouteculade ? « On dirait… Oui, l’ardeur des Castillans s’est amincie ! » Or, c’était maintenant qu’il fallait désavouer la faiblesse, le doute, la lassitude. Il semblait que les croix rouges se fussent multipliées. « Merveilleusement serrés, ces Goddons !… Nous autres, on s’éparpille. » Les brèches percées dans les rangs ennemis, à grand courage, étaient aussitôt comblées. Un hérissement de lances et de guisarmes, telle une immense herse mouvante, condamnait toute pénétration. Des chevaux et genets de Dénia et de Sanche galopèrent à l’assaut de cette sarrasine (506) . Une charge avec un grand hu 313 issu de mille et mille bouches. Inutile folie : éventrés, certains animaux se cabrèrent, désarçonnant leurs cavaliers. Ceux que leurs plates avaient protégés contre le fer des armes d’hast, s’ils échappèrent aux sabots, furent la proie des coustiliers de Pèdre. Tout était désarroi. Les bannières et p ennons branlaient, tombaient dans la boue et le sang, des masses houleuses de combattants, lames au clair, jointes en avant, s’agglutinaient parfois si fort que certains mouraient sans savoir pou rquoi, et que d’autres devaient jouer des épaules pour fournir un coup. Les défis s’échangeaient sans qu’on les comprit. Des écharpes tombaient, de sorte qu’on ne savait plus à qui se fier lorsqu’une armure ou une cotte était dépourvue le cette enseigne. Parfois, une fourche fière levait ses cornes fragiles au-dessus des corps à corps. Elles étaient rouges, gluantes ; des caillots en dégouttaient.
    Retenu par un éperon au houssement de son cheval, un homme se défendait de deux assaillants. Sa barbute tomba.
    –  Couzic !
    Une lame s’enfonça au défaut d’une des rondelles d’épaule.
    –  Couzic ! C’est Couzic !
    Son pied se dégageait enfin, mais trop tard. Courir. Abattre Teresa sur le colletin d’un Goddon, voir l’autre reculer et disparaître tandis que le cheval ruait, se cabrait et finissait par se frayer un passage.
    –  Tu vas mourir, Couzic. Tu vas crever, mécréant et tu le sais.
    Cheveux poisseux d’une suée ultime. Visage gris ou le sang froidissait. Les yeux ternes sous des sourcils aussi épais et

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