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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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cria soudain à l’injustice et blasphéma avec un plaisir rare tandis que Pèdre, tout proche, suppliait son allié :
    –  Noble prince ! Pour Dieu, je vous demande le   maréchal de France et le vassal Bertrand !
    Cette requête irrita l’héritier d’Angleterre, le seul qui fut encore à cheval sur une happelourde 323 indigne de lui. Les chevaux et les genets ne manquaient pourtant pas, mais peut-être, après tout, étaient-ils accoutumés l’un à l’autre.
    Tristan aperçu le roi Pèdre. Il avait désormais son bassinet en main. Il le contemplait, gris et noir de boue sanglante.
    –  Las armas llevan abolladas, dit un Espagnol à un autre. Que eran de gran pedrerîas 324 .
    –  Viens, dit Calveley. Sais-tu que le Bègue de Villaines et l’amirante d’Espagne se sont enfuis ?… Non !… Il vaut mieux que je te protège du courroux de nos grands hommes.
    Il riait d’une inadvertance calculée dont peut-être il se délectait. Tristan le suivit. Il n’était plus qu’une espèce d’otage. Entre son bras senestre et sa hanche, son bassinet lui pesait. Il se sentait les cheveux poisseux sous le poids du camail et sous sa cale de lin doublée de satanin. Son front devait porter l’empreinte des anneaux de fer que sa sueur ternirait et que Paindorge fourbirait si…
    « Où est-il ? Mort ? Captif ? Navré si durement qu’il gît quelque part dans l’herbe ?… Et Lebaudy et Lemosquet ?… Les chevaux ? »
    –  Noble prince !… Pour Dieu ! cria Pèdre une fois encore. Je vous demande en grâce le maréchal de France et le vassal Bertrand !
    Édouard descendit péniblement de son cheval. Il était plus que gros : énorme dans une armure qui, quoique vaste, devait contraindre un ventre qu’on disait démesuré. Ignorant son allié du regard, il lui répondit sèchement :
    –  Il ne m’appartient pas que je vous les délivre… Vous les donner ? Je n’en ferai rien. Ils se sont rendus à moi sains et saufs et vivants. Ils sont mes prisonniers et par bon accord. J’en saurai très bien ordonner à mon commandement.
    –  Par ma foi, rugit Pèdre, j’en ai le cœur dolent. Je donnerai de Bertrand tout son pesant d’or, ne dût-il y avoir, dans la grande Espagne, jamais calice sur l’autel de mon vivant. Je le veux, prince. J’ex…
    La réponse trancha l’exigence avant qu’elle eût été formulée :
    –  N’en parlez pas davantage, Pedro. Quant à votre or, n’oubliez point les promesses que vous m’avez faites. J’ai tenu les miennes. Apprêtez-vous à tenir les vôtres.
    Oubliant ostensiblement le gêneur, le prince d’Aquitaine appela le captal.
    –  Grailly… Venez, mon cousin ! Venez avant… gardez-moi bien Guesclin : je vous le recommande.
    –  Il sera bien gardé, je vous le certifie.
    Et tourné vers le Breton dont la face de mastiff 325 lui appelait sans doute les veautres de la Grande île où il avait séjourné :
    –  Sire Bertrand, le temps va changeant. Par-devant Cocherel vous me tîntes dolent, or, je vous tiens en cet endroit tout à mon pouvoir.
    Un rire. Assurément, Guesclin se gaussait de sa condition de captif.
    –  Vous ne m’avez pas pris au tranchant de l’épée. Ce sont deux Anglais, pas moins : Thomas Cheyne et William de Berland. Moi, Bertrand, je vous aurai un jour !
    Les chevaliers se rendaient. Dans leur masse brillante, sanglante, indécise, Tristan reconnu le Bègue de Villiers, le sire d’Antoing, Brifeuil, Gauvain de Bailleul, Jean de Berguette, Neuville, l’Allemand de Saint-Venant. Calveley, se penchant, lui dit d’un ton paterne :
    –  Tout est fini, Castelreng. Tu n’as rien à te reprocher. Chez-nous, le captal et Clisson nous ont merveillé. Auberchicourt aussi et Jean d’Évreux. Il n’y a point de honte à se trouver dans une bataille outrée et déconfite quand on a fait bellement son devoir… J’ai vu frère Béranger se faire occire et ne le regrette point. J’ai vu ton écuyer et je le crois vivant.
    –  Ah ! fît Tristan toujours à bout de souffle.
    –  On raconte que l’usurpateur a fui. Est-ce vrai ?
    –  S’il a guerpi, c’est qu’il y était contraint.
    –  À l’entrée du pont de Nâjera, il y a eu grande hideur et effusion de sang. L’eau y est rouge, à ce qu’ont dit nos coureurs… Vos gens ont aidé la fuite de deux chevaliers portant des habits religieux que Pèdre, sans doute, aimerait occire : le prieur de Saint-Jame et le grand maître de

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