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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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se sont enfuis, je les approuve. Ils pouvaient attraper la male mort où nous les avions laissés.
    L’entretien cessa brusquement : des trompettes sonnaient. Une centaine de guerriers se mirent à courir entre les trefs et les aucubes et autour du pavillon du prince de Galles. Par Shirton infiltré parmi les prisonniers, Tristan et Paindorge apprirent que le bâtard de Comminges s’était éloigné à toute bride après un conseil restreint qui, avant le souper triomphal, avait réuni Édouard, Pèdre et quelques seigneurs anglais et gascons.
    –  Ils supposent que l’usurpateur est parti pour l’Aragon et de là vers le duc d’Anjou qui gouverne la Langue d’Oc de par le roi Charles, son père. Le bâtard a prétendu avoir de grandes accointances en Langue d’Oc et à Toulouse. Il a juré de ramener Henri à Pèdre.
    –  On le dit, fit Tristan, un hardi chevalier… fort épris d’or et de merveilles.
    –  Pèdre a promis de lui verser, s’il réussit, cent mille doubles d’or. Les garants de leur convention sont Armagnac, Albret, le captal de Buch et d’autres grands  seigneurs. Cependant, le prince Édouard a envoyé quatre hommes fouiller le champ pour être définitivement sûr que le Trastamare n’est plus sur le terrain.
    –  Que feront-ils de nous, Jack ? s’informa Paindorge. Le sais-tu ?
    Shirton secoua sa tête ronde et glabre dans un mouvement qui pouvait être une réponse muette, évasive. Il semblait las : aux turbulences de la bataille et aux fatigues qu’elles avaient engendrées se joignait l’épuisement d’une nuit sans sommeil.
    –  On parle de vous emmener à Burgos. Pèdre veut vous y châtier.
    L’archer passa son index sous son menton et reprit aussitôt :
    –  Le prince s’y oppose. Vous ne craignez rien.
    Audrehem, Neuville et d’autres s’étaient approchés.
    Leur inquiétude était justifiée : dans un accès de folie, Pèdre pouvait décider de les faire occire en l’absence du prince et en dépit des promesses qu’il lui avait faites.
    –  Ce Pèdre est un fredain 336 .
    –  Édouard le fait surveiller de près.
    Des trompettes sonnèrent encore.
    –  Elles annoncent la montre des seigneurs prisonniers, dit Shirton. Édouard veut savoir qui ils sont et décider de leurs rançons.
    –  À-t-il fixé celle de Guesclin ? demanda Audrehem.
    –  Non, à ce qu’il paraît. Je ne puis vous en dire davantage.
    L’archer s’en alla. Tristan se demanda si les gardes anglais qui avaient veillé sur les captifs toute la nuit leur demanderaient de se haier 337 afin que le prince et Pèdre pussent passer dans leurs rangs ou bien s’ils iraient se montrer l’un après l’autre à leurs vainqueurs assis sur quelque chaise ou quelque faudesteuil.
    Un héraut s’approcha : Northbury. Reconnaissant Tristan et Paindorge, il s’inclina sans aménité :
    –  Vous passerez devant le prince Édouard et le roi Pèdre un par un. Vous leur direz qui vous êtes et répondrez à leurs questions avant qu’ils ne statuent sur votre sort et vous informent du montant de votre rançon.
    –  Je passe devant, Castelreng, décida le maréchal de France.
    –  Soit, messire Audrehem. Je me présenterai avec mon écuyer arguant de son incapacité à se tenir debout.
    L’héritier du trône d’Angleterre quitta son pavillon. Deux estuarts (514) le suivaient, portant une chaire pesante à haut dossier et larges accoudoirs qu’ils posèrent à quelques pas du logis princier.
    –  Ils ont dû rober cela à l’église la plus proche, grommela Audrehem dont l’émoi augmentait.
    Pèdre quitta son tref. Afin qu’il ne fut pas marri ou excédé d’être traité en inférieur, deux écuyers engoncés dans la livrée de Castille et de Leôn – la Tour et le Lion soutenaient une chaire semblable à celle de l’Anglais. Ils la déposèrent auprès de la précédente, mais éloignée d’un bon pas.
    –  Pèdre a ceint sa couronne, dit Paindorge ébaubi par tant de hautaineté.
    –  C’est bien la preuve qu’elle lui a manqué plus que tout.
    Des prud’hommes d’Angleterre et des ricos hombres attachés au service de l’ancien roi vinrent s’aligner derrière les sièges. Tristan fut soulagé de voir paraître Calveley. Audrehem égale ment, bien qu’il eût brusquement baissé la tête comme s’il craignait d’être reconnu.
    Qui se trouvait parmi tous ces chevaliers alignés comme un tribunal ? Chandos, Lancastre et des Gascons à profusion.

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