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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Sans une évulsion immédiate, la plaie se corromprait et deviendrait pourriture.
    –  Le fer est demeuré à l’intérieur et je n’ai guère de prise pour l’extirper.
    –  Il le faut pourtant, sinon la navrure s’infectera.
    –  Je le sais, Robert.
    –  Faites à votre aisement 332 , messire.
    Une colère sourde secoua Paindorge :
    –  N’avoir eu que des surgillations 333 et tout à coup se faire dardiller comme un Achille de foire !… Putain de guerre !… Et tous ces discours d’une hautaineté à vomir !
    –  Tu dis vrai, fit Tristan indécis sur la façon de saisir la hampe rompue et de l’extraire avec le fer. Oui, tu dis vrai.
    Ils en avaient subi des propos triomphants, des suasions pompeuses (512) , toute une surenchère de mots qui n’avaient d’éclat que lors des conseils où l’on se trouvait au chaud, entre soi, et dont l’efficacité semblait hors de doute.
    –  Faites à votre goût, messire. Il faut m’ôter ce fer   ou la pestilence s’y mettra et je mourrai !
    –  Je vais devoir essayer du pouce et de l’index…  Mais je t’avoue que je crains d’échouer… I l me faudrait quelque chose de dur et de pas trop épais et de bonne   prise comme les mâchoires de fer d’une tenaille…
    Paindorge ferma les yeux. Il ne redoutait pas la douleur : il méditait sur la façon d’être délivré d’une écharde aussi grosse que redoutable.
    –  Mes jointes, dit-il, la dextre tendue.
    Le gantelet avait souffert. Quelques plaques de métal bombé comme des tuilettes et qui protégeaient les doigts en leur permettant de se plier, s’étaient à demi décousues du cuir, côté paume.
    –  Arrachez celles-ci.
    C’étaient celles de l’auriculaire. Présentées bord à bord sur un même plan, elles pouvaient former une espèce de tuyau qui, comprimé, ferait office de pincettes.
    –  Vous enfoncez cela de chaque côté du bois. Vous serrez et tirez. La prise est mince mais vous êtes fort.
    –  Il me faudra tout de même enfoncer ce fer et le bout de mes doigts…
    –  N’ayez crainte : je me ventrouille et ne bouge plus.
    Paindorge s’allongea. Tristan regarda la plaie. Le sang ne coulait plus. Il voyait distinctement, parmi les poils embués de rouge, les lèvres de la blessure et la section de frêne ou d’if déchiquetée par la rupture. Il entendait au-dessus de sa tête, les murmures et les observations des prisonniers qui venaient de se presser autour de lui et de son écuyer pour assister à l’extraction.
    Avec des précautions, mais d’une main sûre, il poussa une jointe entre la chair et le bois et sentit Paindorge frémir en retenant un gémissement. Il poussa l’autre. Il fallait maintenant comprimer les deux pièces afin de serrer le bois et tirer lentement tout en souhaitant que le fer ne se détachât point du tronçon de flèche.
    –  Je n’ai guère de prise et mes doigts glissent.
    –  Essuyez-les, messire, et prenez votre temps.
    Les captifs ne murmuraient plus : ils retenaient leur souffle. Paindorge que la douleur semblait vouloir coucher sur le flanc, avait joint ses mains et priait, sans doute, pour que le picot anglais sortît de sa chair.
    Les jointes, maintenant, n’étaient plus nécessaires. Tristan les jeta, sanglantes, aux pieds des curieux. Le bois rompu poissait, glissait.
    –  Merdaille… Si seulement j’avais des pinces !
    Alors vint une idée, vive, réconfortante.
    Tristan s’allongea entre les pieds de Paindorge et serra la flèche entre ses dents, insensible au goût aigre du sang qui infectait sa bouche. Il tira, tira encore sans crainte de maltraiter sa mâchoire.
    –  Ça vient, dit Audrehem. Je sens que ça vient…
    –  Comme pendant l’amour, messire, ricana Guesclin.
    Tristan tira encore, violemment.
    –  Ouf, dit Paindorge. Avez-vous ce fer, messire ?
    Le petit cœur d’acier aiguisé comme un couteau adhérait à la flèche.
    –  Un passadoux, dit Neuville.
    –  Effectivement, dit Tristan.
    Il cracha, écœuré par le goût du sang et offrit le fragment de sagette à Paindorge :
     – Tu pourras le conserver à ton cou comme une fïlatière 334 ou un charme, si tu préfères… Mais je n’ai rien pour te soigner… Tu as un trou aussi profond que mon pouce et tu te remets à saigner. Il faudrait bandeler cette plaie pour arrêter cette effusion.
    Des jambes autour d’eux s’écartèrent. Deux mains se tendirent, l’une offrant un rouleau de tiretaine et une poignée

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