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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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impénétrables, mais une moue de mépris apparaissait sur les lèvres comme si l’homme s’apprêtait à expulser un jet de salive en direction d’un fantôme.
    –  Est-il vrai qu’il était venu de France avec vous et qu’il est mort à Briviesca ?
    –  Oui… Mort d’une façon abjecte… J’ai châtié le criminel… Mais Bagerant, j’en jurerais, vous a tout énarré.
    –  Effectivement.
    Paindorge semblait retenir son souffle. L’irruption de cet inconnu dans un entretien des plus sérieux l’indignait. Or, puisqu’il était question d’Ogier d’Argouges :
    –  C’était un preux, dit-il en s’immisçant dans un échange de propos acérés.
    L’intrus se détourna lentement vers les prisonniers. Il semblait qu’il les surplombait de très haut par le regard et la pensée, puis son attention se reporta sur ces deux hommes qui, comme lui, avaient connu le champion de Philippe VI :
    –  Savez-vous si l’épouse de ce chevalier vit encore ?
    « Nous y voilà », se dit Tristan.
    Il avait peur de commencer à comprendre. Il se souvenait, soudain, de quelques confidences amères et inachevées de son beau-père à propos des déceptions du mariage, et surtout de l’expression douloureuse de ses traits brusquement délestés de leur morosité lorsqu’il contemplait Luciane.
    –  Qui êtes-vous, messire ?
    –  Aimery de Rochechouart… Vous a-t-il parle de moi ?
    –  Certes, messire.
    –  Vit-elle encore ?
    On décelait dans les yeux de ce routier qui avait défendu Poitiers contre Derby avant de passer à son service malgré les abominations commises par les Anglais dans cette cité – une sorte de ferveur et d’espérance. Tristan ne sut s’il devait se montrer neutre ou arrogant.
    –  Blandine, messire, est morte de la morille 349 il y a vingt ans.
    –  Ah !
    Rochechouart avala difficilement sa salive. Puis, sur un ton qui se voulait apitoyé mais que Tristan sentit dépourvu de la moindre affliction :
    –  Dieu ait son âme.
    Il s’éloigna. Tristan se tourna vers son écuyer :
    –  Il était amouré de Blandine… Quant à savoir si Ogier méritait cette épouse ou si celle-ci le méritait, lui… Ogier, selon Thierry, ne la méritait pas.
    Ogier ! Il en parlait comme d’un compain maintenant, et sans doute le père de Luciane eut-il été heureux s’il avait eu cette audace du temps de son vivant.
    –  Ce Rochechouart n’est qu’un nouveau Ganelon. Après la tuerie et le sac de Poitiers, il s’est fait routier par amour du profit et non par désespérance d’amour.
    –  En parlerez-vous à Luciane ?
    –  Non… Elle ne sait rien de cette adversité…
    Luciane ! Lointaine. Comme si elle n’existait plus.
    Comme si elle avait rejoint sa mère et son père !… Thierry veillait sur elle. Et Tiercelet !
    « Je deviens fou !… Elle m’attend… Elle m’espère. Elle sait, même, que je vais lui revenir bientôt… Tous sont à l’aguet de notre revenue ! »
    Tristan se mentait à plaisir. Jamais il n’avait été aussi près de la mort : le gros Édouard allait se venger d’une humiliation souveraine !
    –  Si Argouges et Rochechouart s’étaient trouvés face à face dans cette maudite bataille, dit Paindorge, ils se seraient entre-tués… Mais une chose est sûre… et je vous la livre : feu votre beau-père n’aura ni vu ni subi la vergogne où nous sommes. Et je m’en réjouis !
    –  Moi également, Robert. Nous nous sommes rendus. Que faire d’autre ? Ogier se serait également soumis… à moins qu’il n’ait voulu périr l’épée en main. Une fin meilleure que celle de Briviesca.
    –  La volonté de Dieu. Nous ne sommes plus libres de rien. J’en pleurerais.
    –  Il nous reste le complet usage de nos pensées.
    Ils avaient crié, hurlé, croyant vaincre. Maintenant, ils eussent pu rugir d’impuissance. Des Goddons et des guerriers de Pèdre partout. Certains passaient à cheval sans chercher à éviter des hommes allongés, recrus de fatigue ou de douleur. Déchéance. Nul remède. Çà et là des clameurs retentissaient, joyeuses.
    –  Ils vont manger à leur faim tandis que nous ruminerons notre amertume.
    –  Guesclin, à ce qu’on dit, sera leur invité.
    –  Ils l’admirent, messire. Il ne s’est pas approché de ses cousins et de ses Bretons comme s’il en avait répugnance. C’est pourtant lui qui les commandait !
    –  Tu le sais, Robert : il a le cerveau plus dur qu’un 

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