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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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l’avait divulguée : elle desservait par trop leur prince (516) .  Tristan devina qu’Édouard ne tenait aucunement à ce qu’elle fut révélée. Question d’honneur. Soit, il se conformerait aux bons usages.
    –  J’exécutais, monseigneur, la volonté de mon roi. Vous le savez d’expérience : c’est la seconde à laquelle, on se doit d’obéir après la volonté divine. Que l’un de vos hommes liges ne vous obéisse plus, vous le diriez sur-le-champ traître et félon… Quant à moi, j’aurais pu vous occire et m’en suis abstenu.
    Il n’en dirait pas davantage, sauf si le vainqueur l’acculait à la résignation sinon à la désespérance.
    Édouard pointa l’index sur Paindorge attentif :
    –  Était-il avec vous ?
    –  C’est le seul réchappé.
    –  Qu’avez-vous fait de notre house maid ?
    C’était une méchanceté : Luciane n’était pas la dernière des servantes de Jeanne de Kent mais la toute première.
    –  Je l’ai épousée, monseigneur.
    –  Alors, je crains, messire de…
    –  Tristan de Castelreng, monseigneur.
    –  Je crains qu’elle ne vous attende longtemps.
    Ils en avaient assez dit l’un et l’autre. Édouard engagea Paindorge à se lever. Il le fit seul, le front en sueur. Tristan le soutint derechef. Ce faisant, il vit l’encouragement que Calveley lui prodiguait à petits coups de tête avant qu’il ne versât quelques mots dans l’oreille de Chandos.
    –  Aucun doute, Robert : nous allons être jugés. Ce gros plein de soupe ne nous pardonnera pas de l’avoir voulu enlever.
    –  Ce qui était possible à l’époque, messire, ne se peut plus maintenant : il est trop gras, trop lourd… On n’enlève pas un être pareil, sinon avec une chèvre, des treuils et des cordes solides.
    Ils s’éloignèrent. Ce n’était pas le moment de plier l’échine :
    –  Droits ! chuchota Tristan. Restons droits. Nous ne sommes point des esclaves et le serions-nous que ce serait pareil.
    –  Oyez, messire. On a fait venir Audrehem. Il parle…
    –  Regarde ce caisson : asseyons-nous dessus.
    Le maréchal de France était devant son juge.
    –  Traître ! Parjure ! Vous méritez la mort.
    Tristan sourit :
    –  La fureur d’Édouard pour Arnoul se conçoit. Sais-tu pourquoi ? Le maréchal n’a jamais acquitté sa rançon de Poitiers. Il n’en a versé que des bribes. En outre, il avait été mis en liberté à condition de ne jamais porter les armes contre l’Angleterre, à moins que la guerre ne recommence entre Édouard III et le roi de France… Voilà pourquoi Arnoul se noircissait le sang !
    –  La mort, messire ! hurlait le prince de Galles.
    Tristan fut tenté d’admirer Audrehem. Il était digne.
    La mort ne semblait guère apeurer cet homme impitoyable qui l’avait fait donner, sereinement, à quelque cent-vingt habitants d’Arras révoltés contre la Couronne 345 et arrêtés tandis qu’ils faisaient leur marché. Il tenta de se défendre, chose qu’il n’avait point accordée aux Artésiens :
    –  Sire, vous êtes fils de roi et je ne puis vous répondre de la façon dont je devrais le faire. Cependant, je ne suis ni traître ni parjure !
    Une rumeur d’indignation s’exhala du groupé d’hommes de guerre alignés derrière le satrape d’Aquitaine et le roi Pèdre impatient de rendre sa nouvelle  justice royale. La rumeur devint hourvari et se craquela pour laisser passer quelques insultes. Tristan avait oublié les incertitudes de son propre sort. Il assistait ai un jugement qui, quel qu’il fût, serait plus prompt et moins rigoureux, sans doute, que celui qu’il redoutait pour lui-même et son écuyer. Quand le silence revint   sans doute à l’instigation du prince, celui-ci exprimait l’idée qui venait de traverser l’esprit de Tristan :
    –  Voulez-vous, maréchal, vous soumettre au verdict de vos pairs ?… Pas les vôtres, évidemment…
    –  J’accepte, dit Audrehem contraint et forcé.
    Il semblait résolu. « Moins qu’à Briviesca », songea Tristan, amer, tandis que l’on confabulait autour du prince avant que Northbury ne fît un pas en direction du prisonnier pour lui si gnifier une décision sans appel : douze chevaliers allaient se constituer en jury. Celui-ci serait composé de quatre Anglais, quatre Gascons et quatre Bretons (517) .
    Sitôt qu’ils furent réunis devant lui, le prince Édouard leur désigna le maréchal de France hanché par une déclivité du

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