Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
d’acier sur son pourpoint. Deux. En armure ou haubergeon, il eut combattu ces démons fervêtus. Il devait gagner du temps. Il semblait qu’ils fussent tous là, maintenant. Une trentaine.
    –  Baja del caballo ! hurla un Espagnol à Paindorge.
    Était-ce un chef ? Une cotte de lin couvrait en partie ses mailles. Elle s’ornait, à l’emplacement du cœur, d’un écu sur l’argent duquel se dressait un taureau de sable défendu d’or et vilené de vermillon (394) .
    –  Mais qu’est-ce que ça veut dire ! s’écria l’écuyer. Tu prétends me commander, face de bœuf !
    Tiré par une jambe, Paindorge chut de son cheval, se débattit, frappa un homme et brandit sa lame. Tristan tira la sienne. Des cliquetis lui signifièrent que ses autres compères s’engageaient dans un combat difficile auquel les archers prenaient part – du poignard et de l’épée.
    –  Hardi, mes compères ! Sus aux Bretons, les autres ensuite !
    Tristan jouait furieusement l’épée. Occupé à contenir Flourens qui maniait la sienne aisément, il entendit un cri : celui de Teresa. Nul besoin de la voir. Il savait qu’on l’avait jetée à terre ; qu’on l’avait ceinturée. On devait la saisir par les bras et les jambes. On l’emportait à l’écart, hurlante, angoissée, indignée. Il fallait se libérer pour la délivrer en hâte. Maintenant, Simon aussi criait à l’aide !
    –  Je l’aurai enfin, cette Juive. Promesse de Flourens : je l’enconnerai devant toi !
    Tristan désengagea son arme et voulut trancher la cervelière du malandrin. Son épée monta sans parvenir à déjouer la vigilance adverse. Un rire. Eh bien, il fallait attendre et espérer. Les autres se battaient. Tous. Même Serrano qui n’avait pour se dé fendre que sa guiterne et qui ne la ménageait pas. Il était certain qu’elle se romprait et que le trouvère serait bientôt à la merci d’une ou plusieurs lames.
    Un cri. Eudes. Il était touché. Puis ce fut le hurlement d’Yvain Lemosquet. D’autres. Ennemis.
    –  J’aurai tes deux Juifs ! J’ai tous les droits. Tous les pouvoirs !… On te ramènera devant Bertrand avec eux !
    Tristan rageait. La forcennerie qui l’animait ne tarissait pas. Elle avait deux raisons : Teresa et Simon. C’était comme s’ils eussent été ses enfants. Il entrevit le groupe de houssepigneurs qui n’avait pas cru bon de participer au combat : une quinzaine. Parmi eux Orriz et Couzic. Il entendit des cris encore : Teresa et Simon se débattaient.
    –  Tu vas me payer cette amise-là 33  !
    Il ne connaissait aucun mot susceptible d’exprimer tout à la fois sa haine et sa hargne envers Flourens, envers ces males gens. Des secousses ébranlaient les épées autour d’eux. Flourens faiblissait. Des clameurs naissaient et s’éparpillaient. Joie. Mort. Des sanglots. Ceux de Simon. Une épée battit désespérément l’air : celle de Jean Lemosquet. Un homme agenouillé, les mains sur sa poitrine, un Breton de Brignais : Quintric. Un autre qui battait désespérément l’air de ses bras, puis s’effondrait. Un autre, un Breton, émule acharné du sieur Guesclin : Le Karfec. Sale race ! Et un Espagnol : celui du taureau armé d’un vit rouge. Serrano venait de troquer sa guiterne contre une épée ramassée quelque part.
    Le cri strident de Teresa qu’on arrachait à son frère.
    Et soudain, dans le dos, cette flamme angoissante. « Une lame ! Je suis atteint ! » On l’avait estoqué en traître. Il devait… Non, s’il se retournait. Flourens le perçait aussi !
    Un visage : Couzic. Il était revenu sur ses pas. Éclair féroce et passionné dans l’œil de ce trigaud 34 qui disait à Flourens :
    –  Il t’appartient, maintenant. Achève-le !
    Tristan se rendit compte qu’il faiblissait. Que ses mouvements devenaient aussi flous que son regard. L’impression de puissance qu’il avait tout d’abord éprouvée n’avait-elle été qu’une illusion démente, une ivresse d’agir aussi méchamment qu’un routier, la jouissance d’occire bien et vélocement ? Son corps blessé ne protestait pas : ses membres obéissaient toujours à sa volonté, mais il n’en obtiendrait pas l’efficace qu’il en avait espéré. Sa lucidité grossissait. Il se maltraitait l’âme :
    « Il te fallait rester à Tolède !… Tolède !… Tu as péché par orgueil et par inconséquence !… Tu n’es qu’un pauvre nicet 35 . La honte de tes hommes qui auraient

Weitere Kostenlose Bücher