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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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dû te fuir ou t’abandonner à Guadamur ! »
    Il ne méritait pas l’épée qu’il maniait. Belle. Juste à ses mains.
    Flourens persévérait dans ses attaques. Savait éluder les coups.
    Le souvenir de son rire féroce, du regard concupiscent de Couzic sur Teresa, les voix bretonnes autour de lui, – plus rares donc plus fortes – lui étaient aussi intolérables que s’il avait été assailli par un essaim de mouches noires. Impossible de détruire Flourens. Ce mal dans le dos… Ses muscles qui se regimbaient…
    –  Non !
    Il avait hurlé. L’espèce d’épervier aux mailles impondérables, étroites, pesantes, dans lesquelles son corps s’empêtrait, se lacéra. Il put puiser au tréfonds de lui-même la volonté et la volupté de mort qu’il avait appelées à sa rescousse.
    Dieu ?
    Il agissait sous des encouragements qui n’étaient plus siens. Rien n’existait d’autre que le bruit des marteaux acharnés sur ses tempes. Il se hâtait, désespéré.
    –  Tu vas périr Flourens.
    –  Non !
    –  Je te foutrai de mon épée !
    –  Non !
    –  Tu ne peux maintenant ni m’occire ni gauchir (395) .
    –  Présomptueux. En tout cas, je voulais Teresa et je l’ai obtenue.
    –  Tu n’as obtenu qu’un vent d’acier sur ta tête… Et tes compains s’en vont, je crois.
    Le malandrin ne se détourna pas.
    –  Je ne sais où t’atteindre… Et puis, si : je le sais. Je m’en vais te hongrer. T’ôter les pruneaux !
    –  Voire !… eu eu eu…
    Flourens tressaillit. Le fer d’une sagette apparut sur sa poitrine. Il chancela. Qui ? Petiton ! Un lambeau de douleur… Flourens mort. Mort !… Crevé ! Devant, l’herpaille 36 des Bretons enfermait Teresa et son frère. Ce groupe se désagrégeait pour former des ombres étranges, galopantes. Et ce cri de Couzic à lui seul destiné :
    –  Si tu n’es pas content va te plaindre à Bertrand ! Tristan essaya d’affermir ses jambes. L’étincelle de vitalité qui subsistait en lui faiblit subitement. Il comprit qu’il allait s’affaisser et entendit la voix de Paindorge :
    –  Messire !
    Il sentit venir la pâmoison mais, en cet ultime instant, entre la lumière et les ténèbres, il éprouva un frisson glacé en même temps que l’envie de résister encore et encore à cette volonté qui le saisissait à bras -le-corps dans l’intention de le faire tomber. Cette force immense était-elle celle de la mort ?
    *
    Lorsque ses paupières lourdes, enfin, se décollèrent, Alcazar le portait. Il pouvait donc aller à cheval. Vers quoi ? Il était comme un cerf ou un sanglier blessé, anxieux de savoir s’il atteindrait sa reposée Une sorte d’obscurité pesait sur ses prunelles. « Ce renié 37 qui m’a empoint dans le dos ! » Il ne sentait pas sa blessure ; cependant, quand il chut dans un heurt effrayant, il hurla de douleur et de malerage.
    –  Messire… mes… bredouilla Paindorge en le relevant et soutenant de ses bras passés sous les aisselles, nous ne pouvions demeurer là-bas…
    Ébloui, soudain, par le soleil, Tristan ne distingua que l’ombre incertaine de l’écuyer dont la main se posait sur son front, humide et chaude, et cependant bienfaisante. Il remua et poussa un grognement.
    –  Robert… Soulève-moi et aide-moi à revenir en selle.
    –  Vous êtes…
    –  Je veux fuir ces lieux horribles.
    –  Horribles, en vérité. Eudes est mort. Petiton est mort. Jean Lemosquet est mort. Ils dorment sous de grands draps de pierres… Yvain, lui, est vivant. Une taillade à l’épaule.
    –  Lebaudy ?
    –  Je suis là, messire. Je souffre d’une hanche.
    –  Moi, messire, une lame m’est passée près du cou… Je saigne… Moins que Serrano… Sa main qui pinçait les cordes a été malement touchée.
    –  Teresa et Simon ?
    –  Emmenés… Hélas ! On ne pouvait contrester 38 à quinze hommes. C’était périr pour rien. Nous avons décidé de revenir à Guadamur : on n’exile pas deux fois un village anéanti… Nous ne pouvons plus rien pour nos deux Juifs…
    –  Je les vengerai !… Aide-moi à me jucher sur Alcazar… Nos chevaux ?
    –  Nous les avons tous, sauf l’Arzel et ceux de Petiton et d’Eudes. Il nous reste Malaquin, Cristobal, Babiéca, Nestor, Coursan, Tachebrun, les deux sommiers, Carbonelle et Pampelune… C’est trop, si vous voulez mon avis.
    –  Pauvres enfants ! Pauvres amis !… Tout est ma faute… Je les vengerai.
    –  Nous

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