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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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maisons.
    –  Il nous faut gagner la prochaine ville.
    –  Certes, Paindorge, mais nous devons craindre pour nos vies. S’ils ont appris à la fois la hideur de Briviesca et l’exil 29 de Guadamur, les Espagnols peuvent nous traiter en ennemis.
    –  Nous avons Teresa et Simon pour leur prouver que nous sommes honnêtes, dit Serrano. Et moi, oubliez-vous que je suis là pour affirmer ce que vous êtes ?
    C’était vrai. L’abominable fin de Guadamur 30 avait fort éprouvé le trouvère. Tristan se souvint de l’avoir vu vomir sous un porche. Il n’était pas de ces hommes sur lesquels on pouvait compter dans un combat mais il pouvait être un témoin secourable.
    Ils repartirent tête basse, insoucieux du soleil et de l’air dessicant. Nul n’osait plus parler. Une obsédante vérité oppressait Tristan cependant qu’il guidait Alcazar dans des pierrailles. Sa peur de n’être point assez fort pour protéger Teresa et Simon s’était accrue. Il priait pour qu’ils pussent échapper à la malé diction qu’il devinait au-dessus d’eux. Il sentait ses lèvres se gercer, sa volonté se racornir, son énergie sourdre de sa chair dans les rigoles de sa sueur. Ayant rompu depuis trop longtemps peut-être avec la Langue d’Oc soleilleuse, il ne pouvait s’acclimater à une Espagne où dès avril régnait cette chaleur épaisse à laquelle ses compagnons semblaient résister mieux que lui, sans doute parce qu’ils n’avaient à se soucier que d’eux-mêmes et de ce qu’ils mangeraient et boiraient à la vesprée. L’isolement indu qu’il en éprouvait devenait du mésaise et parfois de l’envie. Il eût aimé avoir la tête et le cœur vides. Fréquemment tourné vers Teresa, il la sentait plus attentive à ce qu’il faisait qu’à sa propre destinée. Il obtenait d’elle un sourire. Ce témoignage d’amitié débordait d’une délicate tendresse, d’une confiance sans réserve. C’était le gage fugace, immatériel, qui le rassurait tout en lui fournissant le désir de réussir dans une entreprise où il exposerait peut-être sa vie et celle de ses compagnons. «  Dieu, comme nous sommes perdus ! » La journée multipliait ses ors et aggravait sa pesanteur. Très loin s’éployaient des traînées de verdure : des bois, si ce n’était une forêt. Entre eux et ces limites, rien de vivant hormis une buse qui, après quelques circonvolutions en vol plané, battait des ailes vers Guadamur. À l’est, il existait peut-être un ou deux hameaux et c’était au-delà qu’ils apercevraient Sonseca puis Mora ou Tembleque ; mais jusque-là, ils seraient toujours soumis à cette inquiétude ou à ce mystère qu’il n’avait, quant à lui, jamais éprouvé auparavant, même en des occasions plus terribles. Il ne pouvait remédier à cette gangrène qui se développait au plus sombre de son esprit et qui parfois, soudainement, précipitait les battements de son cœur.
    –  Nous aurions dû rester à Guadamur et cheminer de nuit.
    –  De nuit ? s’étonna Paindorge. Certes, nous n’aurions pas à supporter cette fournaise, mais nous nous  égarerions. Teresa et son frère eux-mêmes ne connaissent pas ce pays.
    –  J’ai la sensation qu’on nous précède… de peu… À vrai dire, je crains une embûche.
    –  Bagerant ?
    –  Pas lui, mais Espiote. Il a pu parler à d’autres, leur dire où nous étions.
    –  Quels autres ?
    –  Flourens et les compères qu’il aura subjugués peut-être avec l’assentiment de quelques grands de notre armée… Ils doivent approcher de Tolède, et s’ils en sont encore à une ou deux lieues, ils ont certainement envoyé quelques compagnies en avant-garde… Robert, pour tout te dire, j’ai peur. Pas pour moi ni pour nous, les hommes, mais pour Simon et Teresa. L’angoisse me serre la gorge. Tandis que nous étions à Tolède, Flourens a pu passer.
    –  C’est vrai, mais…
    –  Quand je l’ai engagé à nous suivre, je lui ai trouvé bon visage. J’aurais dû m’en défier.
    –  Craignez-vous que Petiton et Eudes nous fassent défaut en cas d’une embûche préparée par leur ancien compère ?
    –  Non. Ce que je crains, c’est que nous soyons en trop petit nombre pour défendre ces deux enfants. J’aurais dû sans souci les laisser à Burgos.
    –  Vous avez trop de cœur. C’est gênant pour un homme d’armes… Et puis quoi ! C’est l’aïeul de Teresa et de Simon qui a insisté pour que vous les

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