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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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(396) .
    Le surlendemain (397) , d’assez bon matin, Paindorge sella Malaquin et Tachebrun. L’écuyer s’était ébahi que Tristan eût renoncé à monter Alcazar, mais amener le blanc coursier une nouvelle fois sous les regards de Guesclin eût peut-être ranimé la convoitise du Breton.
    –  Il est capable de me dire : « Je te baille tes deux Juifs contre ton cheval. » Il accepterait Alcazar en échange des deux enfants et me ferait restituer leurs corps sans vie.
    –  Je n’avais pas songé à cette perfidie. Croyez-vous qu’ils soient morts ?
    –  Que veux-tu qu’il advienne à des Juifs tombés au pouvoir des Bretons ? As-tu perdu la mémoire ?
    N’oublie jamais que leur chef est capable de tout. En selle !
    Tristan parvint seul à se jucher sur Malaquin.
    –  Êtes-vous bien ? s’inquiéta Paindorge.
    –  Serré dans les bandelettes de Carmen, je me sens droit comme un if… et je me ploie sans mal comme un long bow gallois.
    C’était une menterie dont Paindorge ne fut pas dupe.
    Ils cheminèrent dans Tolède en demandant, çà et là, si don Enrique y était entré. Non, leur répondit-on, mais les gran ca pitâns avaient pris leurs quartiers dans la cité tandis que l’armée des Francés s’était déployée au nord des murailles où elle installait son logement 41 . Guesclin ? Il devait être à l’Alcâzar avec quelques ricos hombres.
    –  C’est le palais grandissime qui domine Tolède mieux encore qu’une cathédrale. Vois : ses toits sont visibles d’où nous sommes, au-dessus de cette mer de tuiles dont nous ne voyons pas la fin…
    –  Pensez-vous qu’il vous recevra ?
    –  Il sera trop content d’affirmer sur moi son omnipotence.
    Cette fois, ils furent insensibles à la vie qui grouillait autour d’eux, à la beauté des monuments, aux jeux du soleil sur les pierres sculptées ou non, et quand ils virent Orriz, Le Karfec et quelques autres debout sur les degrés d’accès à l’Alcâzar, ils surent refouler leur mépris et feindre l’indifférence. Toutefois, quand un coup de vent déploya la bannière à l’aigle de sable tenue à deux mains par Orriz et le pennon d’azur semé de fleurs de lis serré dans la dextre de Le Karfec, un rire les secoua.
    –  Regarde un peu, Robert, ces goujats promus gonfanoniers !
    Tristan mit pied à terre et confia Malaquin à son écuyer.
    –  Va plus loin sur cette pente. Je t’y rejoindrai. Sois prudent. Garde-toi de toutes parts.
    –  Je vous retourne, messire, vos conseils !
    Tristan gravit une moitié des marches de l’Alcâzar puis s’arrêta, poings aux hanches, comme pour admirer les Bretons.
    –  Dieu du ciel, les beaux alferez que voilà 42  ! Oncques n’en vit ailleurs de meilleurs… ni de pires !
    Il reprit sa montée. Parvenu devant rentrée de l’édifice, il se retourna, poings aux hanches, toujours. Eût-il ainsi considéré une foule en contrebas qu’il ne se fût point senti plus dominateur.
    –  Oyez, vous deux !… Faites préparer vos tombes !
    Il y eut deux sifflets et quelques «  Hou ! Hou ! »
    Tristan n’en espérait pas davantage.
    Le grand portail s’entrouvrit. Quelques Tolédans sortirent, apparemment angoissés. Des Juifs, sans doute, qu’on avait convoqués afin de les rançonner avant l’apparition du roi. En traversant une cour ceinte d’arcades, Tristan aperçut Hugh Calveley et Shirton, l’archer au service du géant d’Angleterre. Ils se saluèrent.
    –  On vous avait perdu de vue, Castelreng !
    –  J’eusse mieux fait de demeurer proche de vous.
    En quelques mots Tristan conta l’embûche où il avait failli périr puis, s’adressant à Shirton :
    –  Dommage que vous n’étiez point avec nous quand ces démons nous assaillirent. Vous nous eussiez donné l’avantage.
    –  Qui sont ces hommes qui vous ont occis des compagnons ?
    Tristan sourit :
    –  Vous en verrez moult en sortant. Surtout les deux gonfanoniers dont je me vengerai… Aviez-vous ouï parler des deux enfants juifs que j’ai voulu soustraire à la fureur des nôtres ?
    Calveley pinça les lèvres et rehaussa sa ceinture d’armes à laquelle était suspendue une épée immense – à sa taille. Shirton parut étonné par sa soudaine réserve.
    –  Ce qu’on sait, dit-il, c’est qu’il y eut, depuis deux jours, quelques prises de Juifs qui ne sont pas réapparus en ville et qu’on a vus chez les Franklins 43 . On ignore ce qu’ils sont

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