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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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vers les coussins dans lesquels il frappa d’un pied furibond. Tu l’aimais ?
    –  Je l’aimais en tant qu’être humain. Non point en tant que femme. Et j’aimais aussi son frère comme j’eusse aimé mon fils… Tous deux étaient des créatures du Très-Haut. Non ignora mali, miseris succurrere disco…
    –  Tu parles latin, maintenant !… Qu’est-ce que tu veux dire ?
    –  Mon chapelain, jadis, m’apprit cette formule. Cela signifie : connaissant moi-même le malheur, je sais secourir les malheureux.
    –  Les Juifs ne sont pas malheureux. Ils ont de l’or. Tous !… Tu as été ensorcelé par cette gaupe. Je n’ai fait que l’entrevoir. Elle a usé envers toi des puissants charmes de la race maudite. Tu t’es repu de son buisson ardent. Elles y ont toutes le feu depuis Moïse. Purifie-toi : lave-toi la bombarde et les boulets pendant des mois car c’est ainsi qu’elle t’a emmaladi. C’est frère Béranger qui le dit. Et moi, Castelreng, je veux de bons chrétiens dans mon ost !
    –  Ton ost !... Sois-en fier : il n’est composé que d’excommuniés.
    –  Le Pape a levé cette excommunication pour complaire au roi Charles.
    –  Le Pape l’a levée parce tu l’as menacé, effrayé ! Ce saint homme a tremblé doublement sur sa chaire. Pour son trésor dans lequel tu as puisé sans vergogne. Pour sa vie que tu as menacée. Te voilà maintenant et Néron et Caligula !
    –  Connais pas. Mais sais-tu où nous sommes présentement ? Dans le tinel où le Cid recevait tous ses hommes liges ! Dans le tinel préféré de la Padilla.
    –  Une pute !
    –  Que tu le veuilles ou non, je règne sur Tolède en l’attente d’Enrique !
    –  C’est un couard. Il devrait être ici. Quant à toi, tu dois te sentir quelqu’un quand tu vas dans les latrines où, avant toi, Pèdre et la Padilla ont déposé leur cul !
    Un rire. Tristan sut qu’il n’entamerait jamais cette chair et cet esprit aussi durs que le granit.
    –  Où sont ces deux enfants que l’on m’a ravis ? Rends-les-moi. Ils n’ont rien commis de dommageable.
    Encore un geste d’ignorance mêlé de répulsion.
    –  Qu’en sais-je ? Comment pourrais-je te les rendre puisque je ne sais où ils sont et ce qu’ils sont devenus !
    –  Je ne te crois pas. Si tes hommes…
    Tristan n’osa poursuivre mais grogna, assez fort pour que Guesclin l’entendît. «  S’ils ont fait ça, je me vengerai sur toi. J ’attendrai le temps qu ’il faudra ! »
    Le Breton sourit avec une sorte de bénignité quasiment sacerdotale :
    –  Tu aimes trop les Juifs. Il faudra que je t’en guérisse !
    –  Essaie toujours. C’est toi qui me les fais aimer !
    Tristan s’étonnait – presque autant que Guesclin - de soutenir avec tant d’acharnement cette race et ces gens abhorrés par ce Breton sans dévotion ou tout au moins d’une religiosité hypocrite. Jamais il ne s’était soucié des Juifs. Il avait même accepté et repris à son compte quelques allégations qui lui paraissaient fondées : ils étaient sales, vivaient dans la crasse et leurs mœurs étaient indignes de gens sains de corps et d’esprit. Sans aller jusqu’à croire qu’ils étaient responsables de la propagation de la peste de 1348 parce que, soi-disant, ils empoisonnaient les puits et les rivières, il avait songé, parfois, que l’épidémie s’était développée dans leurs quartiers parce qu’elle trouvait, dans la saleté, des conditions d’épanchement favorables. Soudain, toutes ces détractions lui parurent indignes. Parce que le vieux Pastor, Teresa et Simon avaient traversé sa vie. Parce que… Eh bien, oui, parce qu’il les avait aimés. Il se pouvait qu’ils fussent des exceptions. Il se pouvait aussi qu’ils n’en fussent pas.
    –  Rends-les-moi. S’ils sont morts, il te faut me le dire !
    Les mains en porte-voix, Guesclin hurla : «  Couzic ! Couzic ! » L’écuyer n’apparut point. Un Espagnol survint, vêtu de la livrée du Trastamare.
    –  Accompagne cet homme, José, jusqu’à la porte.
    Comme Tristan lui montrait son poing, le Breton le menaça du sien :
    –  Ta désobéissance…
    –  Quoi ?
    –  Ta déloyauté, ta hautaineté m’injurient. Sache que je commande et contente-toi d’obéir. Je veux que tu suives nos grands hommes et les ricos hombres où ils iront, sans quoi ce sera ce qu’ils appellent le consejo de guerra !
    –  Et si je refuse ? Sais-tu que j’ai fini

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