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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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ardemment ce noble dont l’intervention le privait d’un combat sans merci.
    –  Il est vrai, dit Pierre de Villaines, vrai… que… que vos hommes… que vos hommes ont… répondu à ses reproches… avec avec une eff… une effronterie… qui méritait leçon.
    Un murmure s’éleva, sans doute approbateur. Tristan se sentit rassuré. Une vague de satisfaction, voire d’orgueil, lui fouetta le visage tandis que le comte de la Marche l’admonestait pour la forme :
    –  Vous deviez pourchasser cet arbalétrier qui a occis ma cousine !… Je ne vous en veux point d’avoir fait halte à Tolède, qui est une belle et bonne cité…
    –  Il me doit, hurla Guesclin, d’achever ce tençon !
    –  Plus tard, Bertrand. Nous avons suffisamment d’ennemis pour éviter de nous entretuer.
    Un instant, au-delà du comte de la Marche, deux aversions s’affrontèrent. Tristan soutint tant bien que mal celle du Breton ; puis il courba le front, nullement par repentance, comme semblait s’en réjouir son adversaire, mais parce que soumis à la volonté de Jean de Bourbon, il ne pouvait que s’incliner pour complaire à ce prud’homme égaré comme lui dans une meute que sans doute il abominait. Alors, il put songer à Teresa et à Simon. Où étaient-ils ? Comme il hésitait à remettre son épée en sanglantée au fourreau, on lui toucha l’épaule. C’était Shirton. Il lui présentait un lambeau de tissu.
    –  Prenez… Cela me sert à essuyer mon arc quand il pleut, à le mouiller quand la chaleur est trop desséchante.
    Et à voix basse :
    –  Ce Couzic est abject.
    Tout proche, à l’intention des Tolédans, José commentait la défaite d’Orriz :
    – … vincido, no por falîa de corazôn y valor, mas por mala suerte (409) .
    Le Bègue de Villaines s’était approché, lui aussi vêtu de fer, mais sans recherche. C’était un simple.
    –  Nous avons avec avec… avec nous moult hommes qui ne va… va… valent rien. Cela fait deux de moins.
    –  Qu’ils se soient jactés copieusement de moi, passe encore, messire, mais qu’ils aient ravi et occis deux enfants juifs que j’avais sous ma protection…
    Tristan n’acheva pas sa phrase : il parlait à un mur.
    Des Juifs ! « Bon sang », devait penser ce prud’homme à visage d’apôtre, « que vient-il m’entretenir de deux Juifs ! » Il avait été, à Briviesca, l’un des plus acharnés à embraser le saint lieu où les Hébreux avaient cru trouver un sûr refuge. Comme si le droit d’asile, ce droit sacré, pouvait s’appliquer à une engeance de cette espèce !
    –  On se retrouvera ! hurla Guesclin.
    –  À ta disposition.
    Et comme on jette un gage à la face d’un drôle. Tristan lança l’étoffe ensanglantée en direction du Breton qui prit un gros plaisir à la piétiner. Alors, il remisa son épée au fourreau.
    La foule s’éparpillait. Le Bègue de Villaines rejoignit Jean de Bourbon, qui se retourna :
    –  Holà ! Castelreng. Soyez ici demain avec vos compagnons.
    –  Il convient que vous le sachiez, messire : le nombre en est restreint maintenant que les hommes de Bertrand m’en ont occis trois.
    –  Quoi ?
    –  Hélas ! Messire. Cela se fit lors du rapt des deux enfants dont j’assurais la protection. Il se peut, mais j’en doute, qu’ils aient agi de… leur propre chef.
    –  Leur propre chef !… Hé ! Hé ! reprit le Bègue de Villaines. Pour deux Juifs !
    –  Ah ! fit Jean de Bourbon, comme soulagé… Demain n’oubliez pas : venez… Je ne veux plus vous savoir hors les murs !
    Les deux prud’hommes s’éloignèrent. Une main se posa sur l’épaule de Tristan. Celle de Calveley.
    –  Comme je te l’ai dit, compère, nous, les Anglais, allons partir. La plupart des routiers aussi. Tes capitaines et tes prud’hommes le savent, et c’est ce qui les rend aussi fiévreux que des pucelles qu’on tâtonne pour la première fois… Bertrand attend la venue d’Olivier de Mauny, son bon cousin.
    –  Vous allez partir tous !
    –  Presque tous. Guesclin et vos prud’hommes, eux, resteront avec une petite armée… Hein, Shirton ?
    L’archer acquiesça, réjoui à l’idée de revoir la Guyenne et plus tard la Grande île.
    –  Tous les routiers dont votre roi Charles voulait purger la France n’ont plus qu’un désir : revenir dans ce qu’ils appellent leur paradis.
    –  L’enfer quand ils y règnent, pour les bonnes gens qu’ils

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