Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
J’espère qu’il va te voir trépasser.
    –  Je vais t’occire comme lui !
    Tristan attaqua. Orriz recula.
    Tristan redoubla ses coups, les tripla, hurlant en même temps qu’il les fournissait. Si vélocement que dans une tornade, il toucha le bras dextre d’Orriz qui fut tranché jusqu’à l’os.
    L’épée bretonne tomba dans un tintement. D’un bond, Tristan posa un pied sur sa prise.
    –  Tu ne vaux plus rien, Orriz, et c’est pourquoi je t’épargne. Ce bras, il va falloir te l’amputer. Guesclin ne voudra plus de toi. Tu vas porter jusqu’à la fin de ta vie la vergogne d’avoir été vaincu.
    Il eût été d’usage qu’il ramassât l’épée pour la rendre à son adversaire mais un tel malandrin ne méritait point cet ultime honneur dû aux vaincus. Remisant promptement Teresa au fourreau, il saisit l’arme désormais inutile par sa poignée et par l’extrémité de sa lame et d’un coup la rompit sur sa cuisse.
    Il gémit car l’acier de Bretagne ne manquait point de solidité. Alors, laissant tomber les deux morceaux et relevant les yeux, il vit Guesclin, les poings aux hanches, le regard furibond et l’épée nue.
    –  Veux-tu goûter à cet acier, Castelreng, pour m’avoir soustrait deux hommes ?
    –  Pourquoi non ? Je suis prêt. L’abîme appelle l’abîme.
    Il était certain de vaincre une fois encore sans qu’il pût savoir d’où lui venait cette présomption. Derrière son maître, haletant comme un chien dont la course s’achève, Couzic se délectait à l’avance d’un affrontement à l’issue duquel ses deux compères seraient vengés.
    –  Approche, Bertrand !… Allons, viens dans toute ta pœsté 57 … Ne laisse pas un sang maudit sécher sur ma lame. Tiens, regarde : elle est neuve et désire un troisième baptême !
    Il savait que le Breton n’hésiterait pas. Il l’observait de la tête aux pieds, carré, trapu, massif, citadelle de fer affublée d’une ceinture de Chevalerie sous sa ceinture d’armes, frisqueté 58 superflue en une pareille occurrence. Le Breton avait même enfilé ses gantelets – des gantelets à gadelingues 59 robés sans doute à un Anglais puisque l’usage ne s’en était point instauré en France. Un des quillons de son épée tintait parfois contre le flancart de l’armure tant l’homme tremblait de haine sous son harnois. Couzic offrit à son idole indifférente à son geste le bassinet à bec de passereau d’où tombait, fixé à la vervelle 60 de la visière, un collier d’or dont les anneaux touchaient ceux d’un camail démaillé en deux endroits. «  Il porte sur son chef un gage de sa belle ! Tiphaine est cabrône, comme l’on dit ici. Elle n’a pas lu cette infortune dans les étoiles. Il se peut, après tout, -qu’elle en soit bien aise ! » Il fallait en finir :
    –  Qu’attends-tu, Bertrand ? N’as-tu point, céans, ta suffisance d ’admiradors ?
    Le regard que Tristan sentit sur son visage était plein d’une abomination si pesante et si appuyée qu’il en éprouva la poussée presque tangible. Une fois encore, ils se dévisagèrent avec une lenteur calculée, puis leurs yeux tombèrent simultanément sur la dextre de l’autre – celle qui serrait l’épée.
    –  Ça y est, grommela Tristan.
    Il se méprenait. Sous l’impulsion du Bègue de Villaines, le comte de la Marche intervenait :
    –  Messires !… Je me place entre vous !
    L’espèce d’extase où s’était enfoncée la foule tomba dans un grondement de déconvenue.
    –  Holà ! Messires… Il ferait beau voir que vous vous étripiez !… Remisez-moi ces lames dans leur feurre (408) . Ce n’est point une prière mais un commandement !
    Tristan fit front, ulcéré que la discorde prit ainsi fin :
    –  Messire, nous avons notre honneur à défendre… si l’homme que je vois là en possède un brin !
    Guesclin fit un pas, l’épée haute. Jean de Bourbon tira la sienne :
    –  Bertrand, oseriez-vous outrepasser ma volonté ?
    Les deux lames s’étaient aheurtées. Elles retombèrent. Le prud’homme se tourna vers Tristan :
    –  Je sais, Castelreng. Ce n’est pas vous qui avez commencé. Nous en sommes témoins.
    –  Quoi ? hurla Couzic. Mais c’est lui qui…
    –  Faites taire votre homme, Bertrand, exigea le comte de la Marche.
    Le Breton resta muet, immobile, dans une pose inspirée de celle des gisants sauf qu’aucun lion, aucun chien ne reposait sous ses pieds. Il regardait

Weitere Kostenlose Bücher