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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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d’ébahissement un peu trop forcée.
    –  Eh oui, messires. Ils extorquaient à leurs compères bien davantage que ce que nous en avions décidé ! Ils majoraient de moitié plus qu’on ne leur avait commandé tant qu’ils en furent haïs et qu’on m’a raconté que ces deux Juifs maudits avaient fait étouffer la reine Blanche !
    Bourbon et Beaujeu se penchèrent en avant, sans mot dire : ils attendaient la suite. Guesclin posa sa dextre sur son cœur :
    –  Par ma foi, messeigneurs, c’est bien la vérité.
    Tous les Juifs de Séville les ont accusés et se sont portés témoins contre eux !… Tous !
    Il y eut un silence : le roi entrait, suivi de ses ricos hombres , passant de la lumière aux ténèbres selon qu’il occultait ou non une fenêtre. Il s’était adoubé comme avant une bataille. Tout ce fer signifiait qu’il craignait d’être occis par un homme de Pèdre insoucieux de sa propre vie. Bourbon se leva et lui offrit sa place. Il acquiesça. Beaujeu et Auberchicourt se déplacèrent l’un à dextre, l’autre à senestre afin qu’il eût ses aises. Sur l’entrefaite, on entendit des bruits et des protestations, des cris même et des injures : poussés par des guisarmiers vêtus de la livrée royale, Daniel, et Turquant apparurent, des poucettes aux mains, les visages gonflés, bleuis par des coups, et les vêtements déchirés. Couzic les suivait de près.
    –  Traîtres, larrons ! hurla Henri debout. Je ne savais point que vous aviez fait mourir la dame Blanche dans son lit en l’étouffant avec son oreiller ! Je vais vous livrer aux flammes !… Dites-moi la vérité ! Ne me cachez rien !
    Il s’exprimait en français afin d’être entièrement compris. Sa colère paraissait sincère, mais sans doute se demandait-il pourquoi il avait mêmement accusé Rebolledo du crime alors que ces deux-là semblaient disposés à des aveux complets dans lesquels Couzic était pour quelque chose.
    –  Sire, dit Daniel, penché, humble et pleurard, demandez à Turquant car il fit tout : le fait et le meurtre.
    Il y eut un « Oh ! » indigné du second Juif cependant que Daniel s’obstinait :
    –  C’est bien la vérité ! Je ne puis la cacher ! Pedro nous envoya à Medina Sidonia. J’allai jusqu’à la chambre de la reine mais n’osai y entrer. J’ai prié Turquant de partir avec moi… Je l’en ai prié cent fois !
    Couzic retint par le col de son pourpoint – qui se déchira davantage – un Turquant indigné qui, privé de ses mains, donna un coup de pied dans la jambe de son compère :
    –  Menteur ! Mentiroso ! Menteur !
    Et s’avisant du roi qui le dévisageait, bras croisés, un sourire de biais à la bouche comme s’il s’apprêtait à cracher :
    –  Sire roi, je vois bien apparent qu’il me convient de mourir, mais ne me faites plus tourmenter par ce Breton.
    –  Je n’ai rien demandé de ce genre.
    –  Moi si ! cria Guesclin sans pouvoir dissimuler sa gêne.
    –  Bertrand, gronda Henri, ce n’est pas à vous d’infliger à mon peuple les punitions qui vous traversent la tête !… Nous ne sommes, céans, ni en France ni en Bretagne. Abstenez-vous, désormais.
    –  Bon ! Bon ! interrompit le Breton. Ce ne sont que deux…
    –  Assez ! Je sais ce que vous alliez dire… Moi j’ai besoin de cette communauté… Parle, Turquant !
    Le Juif, presque rassuré, fit une révérence :
    –  Je dirai tout incontinent et ne vous cèlerai point, sire, que Daniel et moi sommes tout d’une confrérie et que la dame a été meurtrie par nous et par cinq autres Juifs qui ne sont pas ici.
    Aucun doute : cet homme récitait une leçon qui lui avait été apprise, à coups de poing, par Couzic. Peut-être aussi à coups de lame car du sang, glissant sur son poignet, gouttait maintenant sur le pavement de marbre.
    –  Turquant ! s’écria Daniel. Tu parles follement.
    Jamais je ne suis entré dans la chambre et je vous défendis de le faire ! Je savais bien, moi, que la reine avait été condamnée à tort et que le roi Pedro en aurait vilenie, car la dame venait de très noble lignée.
    Tristan vit Bourbon et Beaujeu acquiescer un peu trop fièrement. Certes, ils n’avaient point précipité la dame Blanche dans les bras du roi Pèdre, mais ils s’étaient réjouis qu’elle lui appartînt. Ils connaissaient pourtant sa réputation de cruauté. C’était comme s’ils eussent livré une brebis à un tigre. Et ils s’en

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