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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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n’aurez pas vous, à vous lever sur la pointe des pieds !
    –  Je passais. J’ai vu cet attroupement. Briquet m’a renseigné sur sa nature… Deux Juifs vont s’entre-occire. La chose mérite d’être vue. On les dit couards en Angleterre. Je pourrai, à la Cour, témoigner du contraire.
    Tristan se tourna vers ses compagnons : Paindorge et Serrano. Lebaudy et Lemosquet étaient demeurés chez Paco Ximenez : ils s’étaient proposés pour la garde des chevaux. En fait, chaque jour qui passait aggravait leur mélancolie. Les splendeurs de l’Espagne laissaient indifférents ces Normands de souche profonde.
    –  Les voilà, dit Paindorge. Ah ! Quelles commençantes.
    Précédé de ses alferez et d’une vingtaine de cavaliers, le roi apparut, toujours en armure mais nu-tête. Après avoir franchi une porte éloignée, il venait au champ clos sur un genet houssé de rouge, suivi de ses hommes liges, de Guesclin et de Couzic également à cheval, ces derniers devançant Daniel et Turquant à pied. On les avait vêtus de hoquetons pesants et coiffés d’une barbute. À leur hanche, au lieu d’une épée, un tranchelard se balançait dans son étui de cuir. Ils portaient à l’épaule un écu dont on avait gratté les armes et tenaient dans leur dextre un épieu. Et pour que de toutes parts on l’entendit, Guesclin hurla en désignant Turquant de sa main appesantie de fer :
    –  Or, pense de bien faire : ne te trouble pas. Si l’autre Juif est défait par toi, j’obtiendrai ta grâce.
    Il n’en pensait pas un mot et devait déjà chercher par quel stratagème il éliminerait le vainqueur.
    –  Daniel fait si hideuse figure, dit Bourbon à son cousin Beaujeu, qu’il semble, en vérité, mieux meurtrier que marchand.
    Sitôt les adversaires au milieu du terrain, on leur fit un enclos environné de tous côtés par les chevaux. Seul le roi mit pied à terre et s’en alla lentement inspecter la fosse qu’on avait préparée, dont Paindorge, qui l’avait vue, disait qu’elle pouvait contenir deux corps -et davantage. Quand Henri, satisfait, s’en alla se placer devant ses alferez, Guesclin qui décidait ouvrit sa grande goule :
    –  Vous êtes bien armés, Juifs, cria-t-il. Allez combattre ensemble. Ne différez point !
    Quelques gouttes tombèrent. Elles ressortissaient moins à pluie qu’à la sueur de l’effroi et de la violence issue de ces deux frères de race dont la culpabilité majeure, dans le trépas d’une reine, serait prouvée par un jugement du Dieu des catholiques alors qu’elle dépendait d’une autre justice et surtout d’une autre déité. Et peut-être les deux divins Juges se disputaient-ils dans les galetas du Ciel car les grondements redoublaient. Des volées d’éclairs livides lacéraient la voûte noire, gonflée de cette fureur grossissante qui maintenant donnait au jour à son mitan l’aspect d’une nuit de pleine lune.
    Tristan se demanda s’il devait demeurer. Il n’osait s’avouer la raison de sa venue en un lieu qui, sur son pourtour, assemblait tout Séville, bien qu’il touchât de temps en temps, contre sa poitrine, le volet de couvre-chef dont l’odeur s’était altérée.
    –  Ils grignent 118  ! dit Paindorge. Ces deux Juifs désormais se détestent.
    –  Je pars, annonça Serrano. Ce sera un combat injuste. Le plus fort l’emportera. Or, pour dame Blanche, – si ce sont eux les meurtriers, et non Rebolledo il fallait que ce soit le plus fort des deux qui se charge de l’occire.
    Le trouvère s’éloigna, jouant des coudes et provoquant des huées et des menaces. Tout proche de Guesclin, Couzic riait tandis que son regard allait d’un combattant à l’autre.
    –  Ce grigou (433) , dit Tristan, mouille et jouit autant que son maître.
    Puis son attention changea d’objet.
    Quinze pas séparaient les adversaires. Daniel considérait Turquant assez fièrement, serrant son épieu d’une main sûre. Son écu paraissait affermi sur le devant de son plastron de mailles. Certes, l’on sentait que le poids de la jazerine aux anneaux minces et serrés lui devenait déjà une gêne, mais Tristan devina qu’il n’interviendrait point dans les mouvements que le Juif accomplirait. Turquant tenait son arme mollement. Son écu remuait. La guige devait avoir été mal assujettie à l’épaule et il n’était plus temps pour lui de remédier à cette inconséquence. Prudent et décidé, Daniel s’approchait.
    –  Ah ! soupira

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