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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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félicitaient encore : sa mort leur avait permis un voyage en Espagne où ils s’étaient copieusement enrichis.
    –  Ah ! Larron, fit Turquant, que tu sais de tromperies.
    Henri, d’un tour sur lui-même, interrogea du regard tous ces prud’hommes et routiers qui n’en étaient pas à un, deux, dix, cent, mille crimes près. Tous eurent un geste, un mouvement par lequel ils exprimaient soit leur indifférence, soit leur incompétence à juger, voire à immoler ces Juifs.
    –  Mais l’arbalétrier, messire, murmura Paindorge à l’oreille de Tristan.
    –  Ne vois-tu pas que ces deux-là sont terrifiés ? Ne vois-tu pas les regards que Couzic et Bertrand échangent ! Il a tout de Néron quand je le vois ainsi.
    Guesclin rejoignit l’usurpateur. Sa hautaineté n’échappa à aucun des témoins, sauf à Henri, trop imbu de sa royauté nouvelle pour s’apercevoir qu’il était supplanté en toute chose, sauf au lit, par un Breton dont l’ambition diffuse n’échappait point à la perspicacité de ses pairs.
    –  Je vous certifie, sire, que nous saurons le vrai de tout cela bien avant l’heure de complies. Par la foi que je dois à la Vierge, s’il vous plaît ainsi qu’aux prud’hommes présents autour de nous…
    D’un doigt, brusquement, il désigna Daniel et Turquant :
    –  Il y aura bataille entre vous deux !
    Henri hocha la tête. Il se laissait pousser la barbe davantage, comme si un visage au poil long et dru pouvait authentiquer sa royauté plus encore que le sacre de Burgos.
    –  Je vous octroie, Bertrand, les atoumements 117 de cette action. La vérité sera prouvée et le meilleur des deux innocenté.
    Nul ne rit alors qu’un ébaudissement énorme et collectif eût dû souligner l’iniquité du procédé. Celui qui gagnerait ne prouverait que sa force et son habileté, nullement son innocence. Le vaincu ne serait pas nécessairement le plus coupable des deux… si toutefois ces deux-là étaient les meurtriers de la reine Blanche.
    –  Le meilleur moment, dit Guesclin, c’est… maintenant !
    Il riait et frottait vigoureusement ses grosses mains inoccupées.
    –  Il devait s’ennuyer, dit Tristan. Voilà qu’une hâte le prend d’assister à une saignée. Il nous faut y aller sous peine de passer pour des femmelettes.
    –  Le porc ! enragea Paindorge. Il en boirait s’il osait. Je suis sûr que sa divine délectation, c’est d’enconner sa dame lorsqu’elle a ses menstres et d’admirer, après, son braquemart sanglant !
    –  Y a-t-il un champ clos ? demanda Bourbon alléché par le combat.
    –  Au pied des murs, messire, en dehors de la ville.
    Couzic avait déjà examiné les lieux et choisi pour son maître une lice parfaite.
    *
    L’orage couvait. Des nuages d’ébène, marquetés de nacre, remuaient pesamment au-dessus de Séville. Le soleil n’existait plus. On entendait des grondements.
    –  Le bon Dieu roule des futailles, dit Paindorge avec une amertume que Tristan ne lui connaissait pas. Croyez-vous, messire, que ces deux Jérémias soient coupables ?
    –  Pour complaire à Bourbon et Beaujeu, et pour satisfaire sa haine, Bertrand veut qu’ils le soient. Peut-être le sont-ils. Il n’est pas douteux que Pèdre a fait occire la reine Blanche. Rebolledo a nié. Ces deux Juifs, eux, ne nient pas mais avouent qu’ils se sont donnés à l’ouvrage… et l’outrage. Crois-moi : ils sont tellement effrayés, tellement irés l’un contre l’autre que si Bertrand, par Couzic, avait songé à leur faire dire qu’ils avaient aussi violé la reine, eh bien, ils en auraient convenu !
    Le ciel déjà bien lourd se charbonnait encore. Parfois, en ses grandes charpies obscures chargées de mauvaiseté, un étincellement bref comme un coup de lame suscitait un roulement pareil au remuement de cent barriques lointaines. Alors, le vent se montrait. Quelques froides bouffées traversaient le champ clos et ses abords, et l’on entendait mieux, à l’entour de la lice, la rumeur des Sévillans agglutinés aux créneaux et devant les portes de la cité où maints chariots assemblés en hâte faisaient office d ’estrados. On sentait chez ces gens une impatience infâme.
    –  Ils n’auront pas à voir, ce jourd’hui, des sangs de chevaux et de toros férocement martyrisés, mais des sangs d’hommes. Ça les excite, dit Calveley avec un ricanement où Tristan décela du mépris.
    –  Pour voir ces hommes s’étriper, dit Paindorge, vous

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