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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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qui a transmis mon prétendu message aux vilains barons de Bretagne.
    — Ah, celui-là, bien malin qui le connaîtra !
    — Moi, je le connais, déclara la grande sénéchale.
    — Vraiment ?
    — Oui... Notre cardinal a su l’identifier.
    — Mais qui est-ce donc, alors ?
    — Il s’appelle Gautier de Coisay, et nous le connaissons tous plus ou moins.
    Cette annonce avait produit son effet.
    — Coisay ? demanda la reine.
    — Le Coisay que je connais ? Celui de Mme Marguerite ? insista le maréchal.
    — Celui-là même, confirma Diane en soupirant.

    Ce soir-là, les cavaliers, recrus de fatigue, ne veillèrent pas. En l’absence de seigneurs et de dames, et les souverains s’étant eux-mêmes retirés dans leurs appartements, Diane de Brézé se retrouva seule, devant l’immense cheminée, en compagnie de sa cousine. Il lui sembla, du reste, que la duchesse d’Orléans avait favorisé ce tête-à-tête, et qu’elle avait des confidences à lui faire. Elles parlèrent d’abord du dauphin, de son caractère instable et fuyant.
    — Je crois que mon beau-frère ne m’aime guère, estima Catherine.
    — Je crois qu’il n’aime personne, admit Diane. Je l’ai toujours connu étrange, à la fois gentil et froid, charmant parfois et parfois tellement dur ! En tout cas, peu aimant.
    — Je ne sais quel roi il fera, mais quelque chose me dit que son règne sera fort instable, et même peut-être redoutable...
    Diane prit tout son temps pour répondre. Dans l’âtre, la dernière grosse bûche s’effondrait dans un nuage d’étincelles.
    — Quelquefois, hasarda-t-elle, je me dis que la Providence a commis une erreur, et qu’elle aurait dû faire naître Henri le premier.
    — On ne peut rien démêler aux desseins de la Providence.
    — Vous seriez la dauphine...
    — Taisez-vous donc !
    La princesse la regardait en coin. Sa cousine poussa plus loin l’audace.
    — Vous seriez la dauphine et moi, l’amie de la dauphine...
    — Dites surtout ; l’amie du dauphin !
    Diane ne releva pas ; Catherine tenta d’en revenir à des considérations plus anodines.
    — Leurs années de captivité en Espagne les ont beaucoup marqués, l’un comme l’autre...
    — Vous avez raison, dit la grande sénéchale. J’ai vu partir deux enfants que je connaissais comme les miens ; et j’ai vu revenir deux inconnus, ou presque...
    — Dont l’un est devenu mon mari...
    À la fin, Catherine s’arma de courage et se lança dans la confidence qui avait justifié, à ses yeux, ce discret tête-à-tête.
    — Je suis une épouse malheureuse ; malheureuse de ne pouvoir donner à son mari les enfants qu’il attend. Mais vous savez comme moi que le prince est curieusement conformé de ce côté...
    Dans la pénombre, Catherine pouvait rougir en toute impunité. L’infirmité très intime dont son époux était atteint constituait, à ses yeux, la seule explication possible d’une si longue, d’une si humiliante stérilité. Elle alla plus loin dans la confidence.
    — Chaque jour qui passe, ma cousine, rend ma position plus délicate. Or depuis la mort de Clément VII 7 , je ne suis plus que « la nièce d’un pape mort », comme disent certains...
    — Vous demeurez une Médicis, tenta la sénéchale pour la réconforter.
    Ses yeux embués fixaient les braises incandescentes. Catherine lui prit la main.
    — Diane, je sais que mon mari n’a pas de secret pour vous.
    — En aurait-il pour vous, Catherine ?
    — Malheureusement, oui. Vous savez qu’il ne m’aime pas.
    — Finalement, le prince Henri non plus n’est guère aimant.
    — Non...
    Un silence se fit, qui sembla durer une éternité.
    — Ou plutôt si, se reprit Catherine. Seulement, c’est vous qu’il aime.
    Diane parut saisie de stupeur.
    — Ne dites pas de sottises.
    — Je ne dis pas de sottises ; j’observe ; je réfléchis...
    — Vous réfléchissez trop.
    — Et c’est vous qui parlez ainsi !
    Un nouveau silence enveloppa les ombres, troublé seulement par les craquements ultimes du bois consumé. Diane essaya de brouiller les pistes.
    — Vous le disiez tantôt : je pourrais être sa mère...
    Catherine ricana tout bas. Puis elle se leva en rejetant la main de l’autre.
    — Peut-être... Il n’empêche qu’Henri n’a aimé, n’aime et n’aimera jamais que vous.

D’Alençon à Saint-Malo.
    S ur les conseils du grand amiral, Gautier de Coisay avait pris ses distances avec la Cour ; il résidait dans les communs du

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