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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Grey avait les lettres d’introduction que lui avait fournies Franklin. Franklin, toujours lui ! Maudit vieillard avec ses bains de soleil ! Néanmoins, Grey l’avait rejoint un jour dans le solarium, par curiosité, et avait trouvé étrangement agréable, quoique un peu troublant, d’être assis en tenue d’Adam dans une pièce élégamment meublée, avec des plantes en pot dans les coins, des tableaux sur…
    Non, non, non ! Il n’y avait pas de tableaux dans le solarium des Trois Flèches…
    La revoilà… la queue de ce rêve fuyant, pointant de dessous une pierre en se tortillant, le narguant. Il ferma les yeux, emplit ses poumons des parfums de la nuit estivale et s’efforça de faire le vide dans son esprit.
    Trois flèches. Qui est la troisième ? Les mots de la lettre de Hal s’inscrivirent sur ses paupières closes. Habitué à la pensée tortueuse de son frère, il n’y avait pas prêté beaucoup d’attention sur le coup. Sa question avait dû s’immiscer dans son subconscient pour émerger au milieu de la nuit des profondeurs d’un rêve absurde. Pourquoi ?
    Il frotta délicatement le sommet de son crâne endolori par le choc contre la poutre. Ses doigts glissèrent plus bas, touchant l’endroit où la femme de James Fraser avait obturé le trou de sa trépanation avec une pièce de six pence aplatie. Elle l’avait habilement recousu et ses cheveux avaient repoussé mais il pouvait toujours sentir la petite courbe dure sous-jacente. Il y pensait rarement, sauf au cœur de l’hiver quand le métal refroidissait, provoquant parfois des migraines et lui faisant couler le nez.
    Il avait fait froid, très froid, lors de son séjour aux Trois Flèches. Cette pensée virevoltait dans sa tête tel un papillon de nuit.
    On entendait des bruits derrière l’auberge. Des sabots sur la terre battue, des murmures. Il s’immobilisa.
    La lune amorçait sa descente dans le ciel. Il était tard mais l’aube ne poindrait pas avant quelques heures. Que pouvait-onfaire dehors à cette heure, hormis se livrer à quelque activité douteuse ? Le genre d’activité à laquelle il ne tenait pas à assister, et encore moins être vu y assistant.
    Des hommes approchaient. Il ne pouvait bouger sans attirer l’attention. Il retint son souffle.
    Trois individus, silencieux, déterminés, à cheval, l’un d’eux tirant une mule chargée. Ils ne passèrent qu’à quelques pas de lui. Il ne fit pas un geste et, si les chevaux sentirent sa présence, ils ne perçurent aucune menace. Ils s’engagèrent sur la route menant à Philadelphie. Pourquoi une telle discrétion ? Déjà, à son arrivée en Caroline du Nord l’année précédente, il avait remarqué un changement dans la population : une excitation morbide, un malaise flottant dans l’air. Cette fois-ci, c’était encore plus prononcé. Il s’en était rendu compte dès qu’ils avaient débarqué.
    Les gens étaient sur leurs gardes. Ne sachant plus vers qui se tourner, ils ne faisaient confiance à personne.
    Cette idée de confiance lui fit aussitôt penser à Percy Wainwright. S’il y a bien une personne au monde dont je me méfie…
    Soudain, cela lui revint. L’image de Percy, avec ses grands yeux sombres et son sourire, son pouce se promenant sur son verre à vin comme s’il caressait le sexe de Grey, déclarant nonchalamment : « J’ai épousé l’une des sœurs du baron Amandine… »
    « L’une des sœurs »… Le rêve se cristallisa dans son esprit, le froid émanant des pierres des Trois Flèches si vif qu’il en frissonna. Il sentit la chaleur des deux corps lascifs et avides se pressant contre ses flancs. Et sur un mur, parmi la profusion de toiles, un petit tableau représentant trois enfants, un garçon et deux filles, posant avec un chien, la façade des Trois Flèches reconnaissable en arrière-plan.
    La seconde sœur. La « troisième flèche » que Hal, avec son flair infaillible pour déceler les bizarreries, avait remarquée sans jamais la voir.
    Les Beauchamp étaient une vieille famille d’aristocrates et, comme souvent dans ces familles, ils parlaient beaucoup de leur clan. Au cours de son séjour, Grey avait eu vent des faits et gestes de cousins, d’oncles, de tantes, de parents éloignés… mais jamais d’une seconde sœur.
    Peut-être était-elle morte en bas âge ; cela arrivait communément. Mais, dans ce cas, pourquoi Percy aurait-il dit… ?
    Sa tête commençait à lui faire mal. Avec un

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