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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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parler, William inclina à nouveau la tête. Miraculeusement, le chapeau était à sa taille et resta en place.
    — Fichtre, ce qu’il fait froid ! bougonna Grant.
    Il resserra son manteau et regarda autour de lui, contemplant les arbres qui gouttaient et l’épaisse brume alentour. Les autres étaient retournés à leurs occupations et ils étaient seuls.
    — Quel lieu désolé et quelle heure triste aussi.
    — Oui.
    William ressentit un bref soulagement à pouvoir admettre son propre sentiment de désolation, bien que l’heure et l’endroit n’y soient pour rien. La porte ouverte de la grande cabane le dérangeait. Le brouillard flottait bas dans la forêt, formant un tapis duveteux, mais des lambeaux de brume s’élevaient près de la maison, remontant le long des fenêtres… comme s’ils venaient chercher le brigadier-général.
    — Je vais aller fermer cette porte, si ça ne vous ennuie pas.
    Il allait partir mais le colonel l’arrêta d’un geste.
    — Non, n’en faites rien.
    William le regarda, surpris, et Grant haussa les épaules, prenant la chose à la légère
    — L’homme qui vous a donné son chapeau a dit de la laisser ouverte… C’est une lubie des Highlands, quelque chose au sujet de l’âme qui doit pouvoir sortir.
    Il ajouta moins subtilement :
    — En tout cas, le froid chassera les mouches.
    William sentit une amertume lui remonter dans la gorge en imaginant les asticots grouillants.
    — Mais nous ne pouvons tout de même pas… Combien de temps ?
    — Pas longtemps. Nous attendons le détachement funéraire.
    William ravala une protestation. Naturellement, que pouvaient-ils faire d’autre ? Pourtant, le souvenir des fosses qu’ils avaient creusées près des Heights, les pelletées de terre sur les joues rondes et froides de son caporal… Au bout de dix jours, il aurait cru être devenu insensible à ce genre de choses. Mais le bruit des loups s’aventurant la nuit pour dévorer les mourants et les morts résonnait toujours dans le creux de son ventre.
    Il marmonna une excuse, s’éloigna entre les buissons humides et rendit ses tripes. Le plus discrètement possible. Il pleura un peu en silence, puis s’essuya le visage avec une poignée de feuilles mouillées et rejoignit le colonel.
    Grant eut le tact de faire comme si le jeune homme était parti se soulager contre un arbre et ne posa pas de questions.
    Il observa nonchalamment :
    — Un sacré bonhomme, ce parent du brigadier-général ! A les voir, on n’aurait jamais pensé qu’ils étaient de la même famille, vous ne trouvez pas ?
    Déchiré entre le désespoir et le chagrin, William avait à peine remarqué le colonel Fraser jusqu’à ce que celui-ci lui flanque son chapeau entre les mains et, même alors, il avait été trop surpris pour bien le regarder. Il acquiesça néanmoins, se rappelant vaguement un homme de grande taille agenouillé de l’autre côté de la table, la lueur du feu teintant de rouge le sommet de son crâne.
    — Il vous ressemble plus, à vous, qu’au brigadier, ajouta Grant.
    Puis il se mit à rire.
    — Dites, vous n’auriez pas une branche écossaise dans votre arbre généalogique ?
    — Non. Du côté de mon père comme de ma mère, ils sont tous du Yorkshire depuis la nuit des temps, à l’exception d’une arrière-grand-mère française. La mère de mon beau-père est à moitié écossaise, cela compte-t-il ?
    Avant que Grant ait pu lui répondre, un son lugubre s’éleva dans la pénombre. Les deux hommes se figèrent, aux aguets. Le cornemuseur du brigadier-général approchait, suivi deBalcarres et de plusieurs de ses rangers. Le détachement funéraire.
    Le soleil s’était levé mais restait invisible, caché par les nuages et la cime des arbres. Le teint de Grant était de la même couleur que la brume, pâle et couvert d’une pellicule d’humidité.
    La musique semblait provenir de très loin, comme si elle émanait de la forêt elle-même. Puis des lamentations et des hululements se joignirent à la cornemuse. Balcarres et ses Indiens. Malgré ces sons sinistres, William fut légèrement réconforté. Au moins ce ne serait pas un enterrement à la va-vite, sans égards ni respect pour le défunt.
    — On dirait une meute de loups, vous ne trouvez pas ? marmonna Grant.
    Il se passa une main sur le visage puis essuya méticuleusement sa paume sur sa cuisse.
    — En effet, répondit William.
    Il carra les épaules et se prépara à accueillir la

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