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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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pas dû survivre et que vous ne pouviez réconcilier ce souvenir avec le fait que vous soyez toujours là.
    Pourtant, je suis bel et bien ici alors fais-toi une raison . L’espace d’un instant je me demandai à qui je parlais et, très sérieusement, si je n’étais pas en train de devenir folle.
    Je me souvenais très nettement de ce qui s’était passé lorsque j’avais été enlevée des années plus tôt. J’aurais préféré l’oublier mais je m’y connaissais suffisamment en psychologie pour ne pas tenter de refouler les souvenirs. Lorsqu’ils remontaient, je les examinais soigneusement tout en faisant des exercices de respiration, puis je les renvoyais là d’où ils étaient venus et allais retrouver Jamie. Au bout d’un temps, seuls certains détails m’apparaissaient encore clairement : le pavillon d’une oreille coupée, violacé dans la lumière de l’aube, ressemblant à un champignon exotique ; l’explosion de lumière aveuglante lorsque Harley Boble m’avait cassé le nez ; l’odeur de maïs dans l’haleine de l’adolescent demeuré qui avait tenté de me violer ; le poids mou et lourd de l’homme qui y était parvenu. Le reste était flou, Dieu merci.
    Je faisais aussi des cauchemars mais, généralement, Jamie me réveillait dès que je commençais à gémir dans mon sommeil. Puis il me serrait fort contre lui, me caressait les cheveux et le dos, me murmurait des paroles de réconfort, lui-même encore à moitié endormi, jusqu’à ce que je sois imprégnée de sa propre paix et me rendorme à nouveau.
    Mais ça, c’était autre chose.
     
    Ian alla de feu en feu et finit par obtenir une petite boîte en fer-blanc contenant un peu de graisse d’oie mélangée à du camphre. Elle était plus que rance mais Denny Hunter lui ayant expliqué ce qu’il comptait en faire, il se dit que cela n’avait pas d’importance.
    Il était plus préoccupé par sa tante. Il savait parfaitement pourquoi elle se tortillait parfois comme un ver ou gémissait dans son sommeil. Il avait vu son état quand ils l’avaient reprise à ces salauds et savait le genre de choses qu’on lui avait faites. Il sentit son sang bouillir et les veines saillir sur ses tempes au souvenir du combat cette nuit-là.
    Quand ils l’avaient sauvée, elle n’avait pas voulu se venger. C’était peut-être une erreur. Certes, il comprenait qu’elle consacrait sa vie à soigner les autres et avait fait serment de ne pas tuer. Néanmoins, certains hommes avaient besoin de tuer. L’Eglise refusait de le reconnaître, sauf en temps de guerre. Les Mohawks, eux, savaient. Oncle Jamie aussi.
    Quant aux quakers…
    Il grommela.
    Dès qu’il avait trouvé la graisse, ses pas l’avaient porté non pas vers la tente hospitalière où l’attendait sûrement Denny mais vers la tente des Hunter. Les deux étaient proches et il pouvait toujours faire semblant de s’être trompé, mais à quoi bon se mentir ?
    Si seulement Brianna avait été là ! Il pouvait tout lui dire et inversement. Peut-être lui disait-elle même un peu plus qu’à Roger Mac.
    Il se signa machinalement, marmonnant :
    — Gum biodh iad sabhailte, a Dhìa . « Faites qu’ils soient en sécurité, ô Seigneur. »
    Il se demanda également quel conseil Roger Mac lui aurait donné. C’était un homme tranquille et pieux, bien que presbytérien. Pourtant, il les avait accompagnés cette nuit-là, s’était battu comme eux et n’en avait plus jamais parlé.
    Il imagina un instant la future congrégation de Roger Mac et ce qu’elle penserait de cette image de leur ministre. Puis il secoua la tête et reprit sa marche. Toutes ces divagations visaient uniquement à ne pas penser à ce qu’il lui dirait quandil la verrait. Il n’y avait qu’une seule chose qu’il avait envie de lui dire et il ne pouvait le faire, jamais.
    Le rabat de la tente était fermé mais une chandelle brûlait à l’intérieur. Il toussota poliment et Rollo, reconnaissant l’endroit, agita la queue avec un bref aboiement.
    Le rabat s’écarta presque aussitôt et Rachel apparut, son reprisage à la main, le sourire aux lèvres. Elle avait entendu le chien. Elle avait ôté son bonnet et ses cheveux étaient emmêlés. Elle se baissa et gratta le crâne du chien entre les oreilles.
    — Rollo, quelle bonne surprise ! Je vois que tu as amené ton ami.
    Ian sourit et tendit la petite boîte en fer-blanc.
    — C’est de la graisse d’oie. Ma tante a dit que votre

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