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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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frère en avait besoin pour son trou du cul.
    Il se reprit aussitôt.
    — Pardon, pour un trou du cul.
    Il était mortifié mais il s’adressait sans doute à la seule femme dans le camp qui pouvait estimer qu’un trou du cul était un sujet de conversation normal. Avec sa tante, naturellement. Et peut-être quelques putains.
    — Il sera ravi. Je te remercie.
    Elle tendit la main à son tour et leurs doigts se frôlèrent. La boîte graisseuse glissa au sol et ils se baissèrent en même temps pour la ramasser. Elle se redressa la première. Ian sentit ses cheveux sur sa joue, chauds et odorants.
    Sans même réfléchir, il prit son visage entre ses mains et se pencha vers elle. Il vit ses pupilles s’agrandir et, le temps de deux battements de cœurs, connut un bonheur absolu quand ses lèvres se posèrent sur les siennes comme s’il déposait son cœur entre ses mains.
    Puis une de ces mains s’abattit sur sa joue et il chancela en arrière tel un ivrogne brusquement extirpé de son sommeil.
    — Que fais-tu ? Tu ne dois pas !
    Il ne trouvait pas ses mots. Les langues se mélangeaient dans sa tête. Le premier mot à remonter à la surface fut en gàidhlig .
    — Mo chridhe .
    Puis vint l’iroquois, profond et viscéral.
    — J’ai besoin de toi .
    Et enfin, l’anglais, plus adapté aux excuses.
    — Je suis désolé.
    Elle acquiesça d’un mouvement de tête saccadé comme une marionnette.
    — Oui. Je… oui.
    Il aurait dû partir. Elle avait peur, il le savait. Mais il savait également autre chose. Ce n’était pas de lui qu’elle avait peur. Lentement, très lentement, il tendit à nouveau la main vers elle.
    Puis il y eut un miracle. Elle leva la main à son tour, tremblante. Il toucha le bout de ses doigts et les trouva froids. Les siens étaient brûlants. Il pourrait la réchauffer… Il imagina sa peau fraîche contre la sienne, ses mamelons durcis sous le coton de sa robe, le poids de ses petits seins ronds dans ses mains, la pression de ses cuisses fermes et froides contre les siennes.
    — Tu ne dois pas, répéta-t-elle dans un murmure à peine audible. Il ne faut pas.
    Il lui vint vaguement à l’esprit qu’il ne pouvait l’attirer à lui, écarter ses vêtements et la prendre là, à même le sol, même si chaque fibre de son corps l’exigeait. Un lointain souvenir de civilisation réapparut et il s’y accrocha. Avec réticence, il lâcha sa main.
    — Non, bien sûr, dit-il dans un anglais parfait. Il ne faut pas.
    — Je… Tu…
    Elle s’interrompit et se passa le dos de la main sur les lèvres. Non pour effacer son baiser mais par stupeur.
    — Sais-tu que…
    Elle s’interrompit à nouveau et le dévisagea, impuissante.
    — Je ne m’inquiète pas de savoir si tu m’aimes, dit-il avec une parfaite sincérité. Pas pour le moment. J’ai peur que tu meures parce que tu m’aimes.
    — Quel toupet ! Je n’ai pas dit que je t’aimais !
    — Il vaudrait mieux que ce ne soit pas le cas. Je ne suis pas fou, et toi non plus.
    Elle fit un geste impulsif vers lui et il recula, juste d’un poil.
    Il regardait fixement dans le fond de ses yeux, couleur du cresson sous une eau courante.
    — Il vaut mieux que tu ne me touches pas. Car si tu le fais, je te prendrai, ici et maintenant. Et après il sera trop tard pour tous les deux, n’est-ce pas ?
    La main de Rachel resta en suspens entre eux. Il pouvait voir qu’elle faisait des efforts pour la rabaisser sans y parvenir.
    Il se tourna et s’éloigna dans la nuit. Il avait la peau si brûlante que l’air se transformait en vapeur à son contact.
     
    Rachel resta clouée sur place. Elle écouta les battements de son cœur un moment puis un autre son régulier s’imposa. Baissant les yeux, elle constata que Rollo avait englouti la graisse d’oie et nettoyait consciencieusement la boîte vide.
    — Oh, Seigneur !
    Elle plaqua une main sur sa bouche, consciente que, si elle se laissait aller à rire, cela risquait de dégénérer en crise d’hystérie. Le chien releva ses yeux jaunes vers elle. Il se pourlécha les babines en agitant sa longue queue.
    — Qu’est-ce que je dois faire ? lui demanda-t-elle. Pour toi, c’est facile. Tu peux lui courir après toute la journée, dormir avec lui la nuit et personne n’y trouve à redire.
    Les jambes molles, elle se laissa tomber sur son tabouret et enfouit ses doigts dans l’épaisse fourrure du cou du chien.
    — Qu’a-t-il voulu dire par « J’ai peur que tu meures

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