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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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parce que tu m’aimes » ? Me prend-il pour une de ces idiotes qui se languissent et se pâment d’amour comme Abigail Miller ? Peuh ! Elle n’a jamais eu l’intention de mourir pour qui que ce soit, et encore moins pour son pauvre mari ! Et qu’est-ce que ça signifie, il embrasse cette gourde – pardonne mon manque de charité, Seigneur, mais ce qui est vrai est vrai – puis, trois heures plus tard, il vient m’embrasser ! Explique-moi ! Qu’est-ce que ça veut dire ?
    Elle lâcha enfin le chien qui lui lécha poliment la main avant de disparaître silencieusement, sans nul doute pour aller poser la question à son maître.
    Elle aurait dû mettre le café à chauffer et préparer un dîner. Denny ne tarderait plus ; affamé et transi. Pourtant, elle resta assise, les yeux rivés sur la flamme de la chandelle en se demandant si elle aurait mal en passant la main à travers.
    Probablement pas. Tout son corps s’était embrasé quand il l’avait touchée. Elle était encore en feu.
    Elle savait qui il était. Il n’en faisait pas mystère. Un homme qui vivait par la violence, qui la portait en lui.
    — Je m’en suis bien servie quand cela me convenait, non ? demanda-t-elle à la chandelle.
    Cela n’avait pas été un comportement digne d’une Amie. Elle n’avait pas fait confiance à la miséricorde de Dieu, n’avait pas été disposée à accepter Sa volonté. Elle n’avait pas seulement fermé les yeux sur la violence, elle l’avait encouragée, mettant en danger le corps et l’âme de Ian Murray. Non, non, il fallait regarder les choses en face.
    La chandelle continuait de la défier.
    — Certes, s’il faut dire toute la vérité, je l’ai fait autant pour Denny que pour moi.
    — Tu as fait quoi ?
    Son frère venait d’entrer et l’observait avec perplexité.
    — Veux-tu bien prier avec moi ? lui demanda-t-elle aussitôt. Je cours un grave danger.
    Il la dévisagea quelques instants avant de répondre calmement :
    — Oui, c’est ce que je vois. Mais je doute que la prière te soit d’un grand secours.
    — Quoi, tu n’as plus foi en Dieu ?
    Elle craignait que les événements qu’il avait vécus au cours du dernier mois aient eu raison de la foi de son frère. Ils avaient considérablement ébranlé la sienne mais elle dépendait de celle de Denny, derrière laquelle elle s’abritait. Si elle n’était plus là…
    — Oh, si, j’ai une foi infinie en Lui, répondit-il en souriant. Mais en toi ? Un peu moins.
    Il accrocha son chapeau à un clou planté dans le poteau central de la tente et s’assura que le rabat était bien fermé.
    — J’ai entendu des loups sur le chemin du retour, observa-t-il. Ils étaient un peu trop près du camp à mon goût.
    Il s’assit enfin et la regarda droit dans les yeux.
    — Ian Murray ? demanda-t-il.
    — Comment le sais-tu ?
    Constatant que ses mains tremblaient, elle les frotta sur son tablier d’un geste agacé.
    — Je viens de croiser son chien. Que t’a-t-il dit ?
    — Je… rien.
    Denny arqua un sourcil incrédule et elle rectifia :
    — Pas grand-chose. Il m’a dit… que j’étais amoureuse de lui.
    — L’es-tu ?
    — Comment pourrais-je être amoureuse d’un homme comme lui ?
    — Si tu ne l’étais pas, tu ne me demanderais pas de prier pour toi. Tu te serais contentée de le chasser. Quant à la question de savoir « comment », je suis mal placé pour y répondre mais c’était sans doute une question rhétorique, n’est-ce pas ?
    Elle se mit à rire en dépit de son agitation puis lissa son tablier sur ses genoux.
    — Non. Elle n’était pas rhétorique. Ou plutôt… Dirais-tu que Job était rhétorique quand il a demandé à Dieu à quoi Il pensait ? C’est dans ce sens-là que je l’entendais.
    Son frère prit un air songeur.
    — Interroger Dieu est délicat. Tu obtiens des réponses mais elles tendent à t’entraîner dans des lieux étranges.
    Il lui sourit à nouveau mais avec une telle compassion dans le regard qu’elle détourna les yeux.
    Elle resta un long moment à tripoter son tablier, prêtant l’oreille aux cris et aux chants avinés qui s’élevaient tous les soirs dans le camp. Elle aurait aimé lui répondre qu’elle connaissait peu d’endroits aussi étranges que celui-ci : deux Amis au milieu d’une armée dont ils faisaient partie. Toutefois, s’ils étaient ici, c’était parce que Denny avait interrogé Dieu et elle ne voulait pas qu’il ait

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