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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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moins deux jours et nous dûmes dormir dans une petite ferme abandonnée, les chevaux attachés dans l’étable contiguë. Il n’y avait ni meubles ni tourbe pour faire un feu et une moitié du toit avait disparu. Mais les murs en pierre nous abritaient du vent.
    Ian se recroquevilla sous sa cape et rabattit la couverture sur son crâne en grommelant :
    — Mon chien me manque.
    — Pour qu’il dorme sur ta tête ? répliqua Jamie
    Il me serra plus fort contre lui tandis que le vent rugissait autour de notre abri et menaçait d’emporter ce qui restait du chaume miteux au-dessus de nos têtes.
    — Tu aurais dû penser qu’on était en janvier avant de te raser le crâne.
    Ian pointa le nez hors de sa couverture.
    — C’est facile à dire pour toi. Tu as tante Claire pour te réchauffer.
    — Bah, tu auras peut-être une femme toi aussi, un de ces jours. Quand ce sera le cas, Rollo dormira avec vous ?
    — Mmphm….
    Je grelottais en dépit de la chaleur de Jamie, de nos deux capes, de trois jupons en laine et de deux paires de bas. J’avais connu des lieux inhospitaliers dans ma vie mais la froidure écossaise avait quelque chose de particulièrement pénétrant. Cependant, malgré mon envie d’un bon feu et le souvenir de l’atmosphère douillette de Lallybroch, j’étais presque aussi nerveuse que Ian à mesure que nous en approchions. Plus nous nous enfoncions dans les Highlands, plus Ian était sur des charbons ardents. Je le vis se tortiller tout en maugréant sous sa couverture.
    Quand nous avions débarqué à Edimbourg, je m’étais demandé s’il ne fallait pas envoyer un mot à Lallybroch pour annoncer notre arrivée. Cette suggestion avait faire rire Jamie.
    — Tu t’imagines qu’il nous serait possible d’approcher à moins de trente kilomètres de Lallybroch sans que tout le monde soit au courant ? Dès l’instant où nous poserons un pied dans les Highlands, toute la population de loch Lomond à Inverness saura que Jamie Fraser est de retour, avec sa sorcière anglaise et un Peau-Rouge par-dessus le marché.
    — Sa « sorcière anglaise » ? C’est ainsi qu’ils m’appelaient quand on était à Lallybroch ?
    Je ne savais pas si je devais m’en amuser ou m’en offusquer.
    — Ils te le disaient en face, Sassenach . Sauf que tu ne comprenais pas le gaélique.
    Il ajouta plus tendrement :
    — Ils ne le disaient pas comme une insulte, a nighean . Les Highlanders disent les choses telles qu’ils les voient.
    — Tu veux dire que j’ai l’air d’une sorcière ?
    Il ferma un œil pour mieux me regarder de l’autre.
    — Eh bien, pas en ce moment précis mais certains matins, ma foi… tu peux faire peur.
    Je ne disposais pas d’un miroir, n’ayant pas pensé à en acheter un à Edimbourg. Toutefois, j’avais un peigne et, tout en calant confortablement ma tête sous le menton de Jamie, je résolus de faire une halte avant d’arriver à Lallybroch afin de me rendre un peu plus présentable, qu’il pleuve ou pas. Celaétant, que j’aie l’air de la reine d’Angleterre ou d’un pissenlit monté en graine n’avait guère d’importance. C’était le retour de Ian qui comptait.
    D’un autre côté, je me demandais quel accueil me serait réservé. Nous avions encore quelques comptes à régler, Jenny Murray et moi.
    Nous avions été bonnes amies autrefois, et j’espérais que nous pourrions le redevenir. Mais elle avait été la principale instigatrice du mariage de Jamie avec Laoghaire MacKenzie. Elle avait sans doute eu de très bonnes raisons : elle s’inquiétait pour son frère, seul et déraciné après son retour de captivité en Angleterre. En toute justice, elle m’avait crue morte.
    Qu’avait-elle pu penser en me voyant débarquer sans crier gare ? Que j’avais abandonné Jamie avant Culloden puis que j’avais changé d’avis ? Nous n’avions pas eu le temps de nous expliquer et de nous raccommoder. Et puis il y avait eu ce moment très désagréable quand Laoghaire, convoquée par Jenny, avait fait irruption à Lallybroch avec ses filles.
    Je fus prise d’une envie de rire en me souvenant de la scène, même si, sur le coup, je n’avais pas trouvé cela drôle du tout. Enfin… peut-être que nous aurions le temps d’en discuter, une fois que Jenny et Ian père se seraient remis du retour de leur benjamin.
    Les chevaux respiraient bruyamment et paisiblement dans leur coin, et Ian, ayant enfin fini de gigoter, émettait un ronflement

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