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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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mais pas avant que j’y aie lu une interrogation et le doute. Oui, nous allions devoir parler.
     
    Ils dormirent au chaud cette nuit-là, épuisés, blottis l’un contre l’autre, dans le cocon de Lallybroch. Jamie écoutait le vent. Il était revenu dans la nuit, un gémissement froid sous les avant-toits de la maison.
    Il se redressa en position assise, ses mains croisées sous les genoux, et tendit l’oreille. Une tempête approchait. Il entendait la neige dans le vent.
    Claire était couchée contre lui, pelotonnée sur elle-même, ses cheveux formant une tache sombre sur l’oreiller. Il l’écouta respirer, remerciant le ciel pour ce son, se sentant légèrement coupable de respirer si librement lui-même. Il avait entendu Ian tousser toute la soirée et s’était endormi avec le bruit de son souffle laborieux dans la tête.
    Il était parvenu grâce à la fatigue à mettre de côté la maladie de Ian mais elle l’attendait à son réveil, lourde comme une pierre dans sa poitrine.
    Claire remua dans son sommeil et se tourna sur le dos. Il sentit le désir monter en lui. Il hésita, ne voulant pas la réveiller, souffrant pour Ian, pour ce qu’il avait perdu mais que lui avait encore.
    Il chuchota à Claire, trop bas pour qu’elle l’entende :
    — Je ressens un peu ce que tu as ressenti quand tu as traversé les pierres. Comme si le monde était toujours là, mais que ce n’était plus le monde que tu avais connu.
    Il était sûr qu’elle ne s’était pas réveillée mais une main tâtonnante sortit de sous les draps. Il la saisit. Elle soupira etl’attira contre elle. Puis elle le prit dans ses bras et le berça. Il pressa sa joue contre ses seins chauds.
    — Mon monde, c’est toi, murmura-t-elle.
    Puis sa respiration changea et elle l’entraîna avec elle dans un lieu sûr.

36
    Memorare
    Ils avaient pris leur petit déjeuner dans la cuisine, en tête à tête. Ian père s’était réveillé en toussant avant l’aube puis avait plongé dans un sommeil si profond que Jenny n’avait pas voulu le déranger. Ian fils avait passé la nuit à chasser dans les collines avec son frère et ses neveux. Sur le chemin du retour, ils s’étaient arrêtés à la maison de Kitty où le jeune Jamie avait décrété qu’ils feraient une pause et dormiraient un peu. Le jeune Ian était trop énervé pour rester. Il avait envie de rentrer à Lallybroch mais n’aurait su dire pourquoi.
    Sans doute pour vivre ce moment, pensa-t-il en regardant son père secouer la salière au-dessus de son porridge, exactement comme il l’avait vu faire pendant quinze ans avant de quitter l’Ecosse. Durant tout ce temps où il était au loin, il n’y avait jamais songé mais à présent, c’était comme s’il n’était jamais parti, comme s’il avait passé chaque matin de sa vie à regarder son père manger son porridge.
    Il fut pris du désir soudain de mémoriser cet instant, de connaître et de ressentir ses moindres détails : le bois lisse et patiné sous ses coudes ; le granit taché du comptoir, la manière dont la lumière filtrait à travers les vieux rideaux, éclairant le muscle saillant à l’angle de la mâchoire de son père tandis qu’il mastiquait un morceau de saucisse.
    Ian père releva les yeux comme s’il avait senti le regard de son fils.
    — Si on allait se balader un peu dans la lande ? Je suis curieux de savoir si les biches ont déjà mis bas.
    Il était surpris par la robustesse de son père. Ils avaient marché pendant des kilomètres, parlant de tout et de rien. Il savait que c’était une étape obligée afin qu’ils retrouvent une aisance naturelle entre eux et puissent dire ce qui devait être dit, mais il redoutait ce moment.
    Ils s’arrêtèrent enfin sur un plateau d’où ils pouvaient voir les douces ondulations des montagnes alentour et quelques petits lochs miroitant sous le soleil pâle. Ils avaient trouvé une source de saint, une minuscule mare dominée par une vieille croix en pierre. Ils burent un peu d’eau, récitèrent la prière pour le saint, puis s’assirent un peu plus loin pour se reposer.
    — C’est dans un endroit comme celui-ci que je suis mort la première fois, déclara Ian père sur un ton détaché.
    Il passa sa main mouillée sur son visage. Il avait le teint rose et sain en dépit de sa maigreur. Cela perturbait encore plus son fils, sachant qu’il se mourait.
    — Ah oui ? Où était-ce ?
    — En France, quand j’ai perdu ma jambe.
    Ian

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