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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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père baissa les yeux vers sa jambe en bois.
    — Un instant j’étais debout, m’apprêtant à tirer avec mon mousquet. L’instant suivant j’étais couché sur le dos. Je ne savais même pas que j’avais été touché. On pourrait croire que recevoir un boulet en fonte de trois kilos, ça se remarque, non ?
    Il sourit à son fils, qui sourit à son tour à contrecœur.
    — Mais quand même, tu te doutais bien qu’il t’était arrivé quelque chose, non ?
    — Oui, bien sûr, au bout d’un moment, j’ai compris que j’étais blessé. Mais je ne ressentais aucune douleur.
    — Ah, ça c’est plutôt bien, non ?
    — J’ai cru que j’étais en train de mourir.
    Les yeux de son père étaient toujours fixés sur lui mais voyaient un champ de bataille très lointain.
    — Cela ne m’a pas vraiment perturbé. En outre, je n’étais pas seul.
    Son regard se concentra à nouveau sur lui et, avec un petit sourire, il lui prit la main. La sienne n’était plus qu’un amas d’os avec des articulations enflées mais elle était toujours aussi grande que celle de son fils.
    — Ian…
    Il s’interrompit en plissant les yeux.
    — Tu sais à quel point il est étrange de prononcer le nom de quelqu’un quand c’est également le tien ? Ian… ne t’inquiète pas pour moi. Je n’avais pas peur alors. Je n’ai pas plus peur maintenant.
    Moi si, pensa Ian fils. Mais il ne pouvait pas le lui dire.
    — Parle-moi de ton chien, lui demanda subitement son père.
    Alors Ian lui raconta Rollo, la bataille navale quand il l’avait cru mort, et tout ce qu’ils avaient vécu depuis qu’ils avaient quitté Ticonderoga et participé aux terribles batailles de Saratoga.
    Puis, sans réfléchir car cela aurait bloqué les paroles dans sa gorge, il lui parla d’Emily, d’Iseabaìl, du « Plus Rapide des Lézards ».
    — Je… je n’en avais encore parlé à personne, dit-il soudain intimidé. Je veux dire, du petit garçon.
    Ian père hocha la tête, l’air heureux. Puis il toussa, s’essuya la bouche sur un mouchoir, et toussa à nouveau. Ian fils regarda ailleurs, craignant d’apercevoir du sang sur le tissu.
    — Tu devrais… commença son père d’une voix éraillée.
    Il s’interrompit, se racla la gorge, cracha dans le mouchoir puis reprit :
    — Tu devrais le dire à ta mère. Elle serait tellement heureuse de savoir que tu as un fils, indépendamment des circonstances.
    — Oui, je lui dirai peut-être.
    Il faisait encore trop froid pour les insectes mais les oiseaux de la lande étaient de sortie, picorant ici et là, volant bas au-dessus de leurs têtes en criant. Ian fils écouta les bruits de son pays natal un long moment, puis déclara :
    — Papa, j’ai fait quelque chose de mal.
    Assis près de la mare du saint, dans l’atmosphère paisible de cette belle journée, il raconta ce qui était arrivé à Murdina Bug.
    Son père l’écouta avec attention, la tête baissée. Ian fils regardait ses épaisses mèches grises, les trouvant à la fois émouvantes et paradoxalement réconfortantes. Au moins, il aeu une belle vie. Mais peut-être que Mme Bug aussi. Me sentirais-je encore plus mal si elle avait été une jeune femme ? Comme s’il n’était pas déjà suffisamment torturé, même si en parler l’apaisait un peu.
    Ian père se balança légèrement, les mains croisées autour de son genou valide, pensif. Puis il lança un regard de biais à son fils.
    — Ce n’était pas de ta faute, tu en es bien conscient au fond de ton cœur, n’est-ce pas ?
    — Non, avoua Ian fils. Mais j’essaie.
    Cela fit sourire son père. Redevenant sérieux, il déclara :
    — Tu t’en sortiras. Si tu as vécu avec aussi longtemps, tout s’arrangera. Le plus préoccupant, c’est cet Arch Bug. Il doit être vieux comme les montagnes si c’est bien celui que j’ai connu… C’était un des métayers de Malcolm Grant ?
    — C’est bien lui. Je n’arrête pas de me dire qu’il finira bien par mourir mais… et si je ne sais pas qu’il est mort ? Je ne veux pas le tuer mais comment pourrais-je faire autrement ? Je ne peux pas le laisser dans la nature pour faire du mal à Ra… à ma… enfin, à ma femme si… si j’en ai une un jour.
    Il se débattait, cherchant ses mots. Son père l’arrêta d’une main sur le bras.
    — Qui est-elle ? Parle-moi d’elle.
    Alors il lui raconta Rachel. Il était surpris d’avoir tant de choses à dire compte tenu du fait qu’il ne l’avait

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