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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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flegmatique. Cependant, aux petits mouvements subtils derrière moi, je devinais que je n’étais pas la seule à être trop préoccupée par ce qui nous attendait pour trouver le sommeil. Je chuchotai à Jamie :
    — Tu ne dors pas non plus ?
    — Non.
    Il bougea légèrement, me serrant un peu plus contre lui.
    — Je pense à la dernière fois que je suis rentré. J’avais tellement peur… et si peu d’espoir. Je suppose que c’est ce que ressent le garçon en ce moment.
    — Et toi, que ressens-tu ?
    Je croisai les mains sur son bras qui m’enlaçait, sentant les os solides et gracieux de son poignet et de son avant-bras,touchant doucement sa main mutilée. Il poussa un profond soupir.
    — Je ne sais pas, répondit-il enfin. Mais tout ira bien. Cette fois, tu es avec moi.
     
    Le vent tomba durant la nuit et, miraculeusement, le jour se leva clair et limpide. Il faisait toujours un froid de canard mais il ne pleuvait pas. Je pris cela comme un bon augure.
    Lorsque nous franchîmes le dernier col avant Lallybroch et aperçûmes la maison en contrebas, personne ne pipa mot. Je sentis un nœud se défaire dans ma poitrine et me rendis compte que j’avais retenu mon souffle jusque-là.
    — Ça n’a pas changé, vous ne trouvez pas ? déclarai-je dans un nuage de buée.
    — Le colombier a un nouveau toit, répondit Ian. Et la bergerie de maman a été agrandie.
    Il s’efforçait de paraître nonchalant mais ne pouvait cacher l’impatience dans sa voix. Il éperonna son cheval et passa devant nous, les plumes de dindon dans sa crête de cheveux agitées par la brise.
    En ce début d’après-midi, la ferme était calme. Les travaux du matin étaient achevés, la traite du soir et la préparation du dîner pas encore commencées. On ne voyait âme qui vive, hormis deux grosses vaches laineuses qui broutaient du foin dans le pâturage. Néanmoins, les cheminées fumaient et la grande maison blanche avait son air douillet et hospitalier habituel.
    Je me demandai tout à coup si Bree et Roger y reviendraient un jour. Elle en avait parlé lorsque la perspective de leur retour s’était transformée en certitude et qu’ils avaient commencé à échafauder des plans.
    En examinant le chemisier du XX e  siècle qu’elle était en train de coudre, elle avait déclaré :
    « Elle est vide et à vendre. En tout cas, elle l’était quand Roger y est allé il y a… quelques années ? »
    Elle avait relevé les yeux vers moi avec un sourire. Il était décidément impossible de discuter du temps sans s’emmêler les pédales.
    « J’aimerais que les enfants y grandissent. Nous verrons bien comment… nous nous en sortirons. »
    Elle avait lancé un regard vers Mandy endormie dans son berceau, les lèvres légèrement bleutées.
    « Tout se passera bien, avais-je affirmé. J’en suis convaincue. »
    Je priai en silence : Mon Dieu, faites qu’ils s’en soient tous sortis !
    Ian avait sauté de selle et nous attendait en trépignant sur place. Tandis que nous mettions à notre tour pied à terre, il se dirigea vers la porte, mais notre arrivée avait été remarquée et elle s’ouvrit avant qu’il ne l’atteigne.
    Jenny se figea sur le seuil. Elle cligna des yeux et renversa lentement la tête en arrière pendant que son regard se promenait lentement sur le corps élancé vêtu de daim, les muscles parsemés de cicatrices, la crête ornée de plumes, le visage tatoué. Ian avait beau conserver des traits impassibles, ses yeux remplis d’angoisse et d’espoir ne pouvaient mentir, Mohawk ou pas.
    Les lèvres de Jenny se tordirent. Une fois… deux fois… puis son visage se décomposa et elle se mit à pousser de petits cris hystériques qui se transformèrent en un indéniable fou rire. Elle tenta de reprendre son sérieux, puis repartit de plus belle en une cascade de couinements hilares. Elle riait tellement qu’elle chancela en arrière et dut s’asseoir sur le banc de l’entrée, pliée en deux et se tenant les côtes, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de souffle et n’émette plus qu’un chuintement sifflant.
    — Ian, parvint-elle enfin à articuler. Oh mon Dieu, mon petit Ian !
    Elle inspira, se leva et revint vers lui. Elle le prit dans ses bras et pressa contre son torse son visage baigné de larmes. Il leva les mains avec lenteur et l’étreignit délicatement comme s’il tenait un objet fragile et très précieux.
    Je vis soudain ses épaules s’affaisser
    — Mon petit

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