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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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nouvelle chemise pour l’occasion. Ils n’avaient pas les moyens d’acheter quoi que ce soit hormis l’indispensable, et encore, mais Jenny était parvenue à lui en confectionner une. Il la soupçonnait d’avoir sacrifié la plus belle de ses deux chemises longues. Il s’était rasé dans le reflet de la bassine, le visage émacié et sévère d’un inconnu apparaissant sous la lame. Il s’était répété qu’il devait se souvenir de sourire quand il verrait Laoghaire. Il ne voulait pas lui faire peur et ce qu’il voyait dans l’eau l’effrayait lui-même.
    La perspective de partager son lit lui était soudain apparue. Il avait résolument refoulé l’image du corps de Claire (il s’y était entraîné depuis longtemps) et s’était plutôt rappelé que cela faisait des années… oui, des années ! Au cours des quinze dernières, il n’avait couché que deux fois avec une femme, et cinq, six, voire sept ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois.
    Il avait eu un moment de panique à l’idée d’une possible impuissance. Il s’était touché la verge à travers son kilt et avait constaté avec satisfaction qu’elle durcissait déjà rien qu’à l’idée. Ouf ! C’était toujours une préoccupation en moins.
    Un bruit à la porte l’avait fait se retourner. Jenny l’observait avec une expression indéchiffrable. Il avait toussoté et lâché son sexe.
    « Tu n’es pas obligé de le faire, Jamie. Si tu as changé d’avis, dis-le-moi. »
    Il avait bien failli tout annuler. Mais il entendait le remue-ménage dans la maison ; on y sentait une détermination et une joie qu’elle n’avait pas connues depuis très longtemps. Il n’y avait pas que son bonheur en jeu… Ce dernier n’avait jamais été l’objectif principal de cette manœuvre.
    Il l’avait rassurée d’un sourire.
    « Non, tout va bien. »
    Ian l’attendait au pied de l’escalier. En entendant la pluie battre contre la vitre, il avait soudain eu la sensation de se noyer, un souvenir inopportun de son premier mariage et de lamanière dont Claire et lui s’étaient accrochés l’un à l’autre, tous les deux en sang et terrifiés.
    Ian s’était penché vers lui et avait chuchoté :
    « Ça va aller ?
    — Oui, tout va bien. »
    Il avait noté avec satisfaction que sa voix était calme.
    Le visage de Jenny était apparu brièvement dans l’entrebâillement de la porte du petit salon. Elle paraissait inquiète mais s’était détendue en le voyant.
    « Tout va bien, lui avait dit Ian en souriant. Je le tiens fermement, au cas où il voudrait prendre la poudre d’escampette. »
    De fait, Jamie avait remarqué avec surprise que Ian lui agrippait le bras, mais il n’avait pas protesté.
    « Alors qu’est-ce que vous attendez pour entrer ? avait rétorqué Jenny. Le prêtre est déjà arrivé. »
    Il avait suivi Ian et pris place auprès de Laoghaire devant le vieux père McCarthy. Avait-elle peur ? Sa main était froide mais ne tremblait pas. Il lui avait pressé les doigts et elle avait relevé la tête vers lui. Non, il n’y avait pas de peur dans son regard. Elle ne semblait ni émue ni éblouie. Elle était reconnaissante… et confiante.
    Cette confiance lui était entrée dans le cœur, un petit poids doux qui l’avait remis d’aplomb, redonnant quelque vie à l’homme sans racines qu’il était devenu. Lui aussi, il avait été reconnaissant.
    Un bruit de pas le fit se retourner et il aperçut Claire qui approchait dans le couloir. Il sourit et elle prit sa main en regardant dans la chambre.
    — C’est la tienne ? Enfin, quand tu étais jeune ?
    — Oui.
    — Il me semble que Jenny me l’avait dit quand nous sommes venus ensemble la première fois.
    Ses lèvres se pincèrent. Jenny et elle se parlaient à nouveau mais d’une manière cérémonieuse, chacune marchant sur des œufs, craignant d’en dire trop ou de commettre un faux pas. Lui-même avait peur, mais pas question de flancher.
    — J’ai besoin d’aller voir Laoghaire, annonça-t-il à brûle-pourpoint. Tu vas me tuer si je le fais ?
    Elle parut surprise puis, maudite femme, amusée.
    — Tu me demandes la permission ?
    — Non, répondit-il mal à l’aise. C’est juste que… je pensais devoir te prévenir.
    — Que c’est obligeant à toi !
    Elle souriait toujours mais son sourire était teinté de méfiance.
    — Puis-je te demander pourquoi tu veux la voir ?
    — Je n’ai pas dit que je voulais la voir

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