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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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de front.
    Du pain, de la confiture et du thé étaient apparus sur la table comme par magie pour sustenter les voyageurs épuisés en attendant que le dîner soit prêt. Alors que nous nous restaurions, Ian père déclara :
    — Je peux mourir demain ou dans un an. Pour ma part, je dirais qu’il me reste environ trois mois. Entre cinq et deux, si quelqu’un veut lancer des paris. Le problème, c’est que j’ignore comment je pourrai récupérer mes gains.
    Un murmure qui n’était pas tout à fait un rire lui répondit chez les adultes. Le petit salon était bondé. La nouvelle de notre arrivée s’était répandue comme une traînée de poudre à travers la maison et ses occupants avaient jailli de tous les recoins, dévalant l’escalier dans leur hâte d’accueillir le fils prodigue. Le jeune Ian avait été plaqué au sol et piétiné par l’affection des siens, ce qui, associé au choc d’avoir vu son père, l’avait laissé sans voix. Il se contentait de sourire, impuissant face aux questions qui jaillissaient de toutes parts.
    Jenny était venue à sa rescousse. Elle l’avait pris par la main et l’avait poussé fermement dans le petit salon avec Ian père. Puis elle avait étouffé l’émeute d’un regard de glace et quelques phrases bien assénées avant de les laisser entrer en rangs ordonnés.
    Le jeune Jamie, le fils aîné de Jenny et Ian baptisé en l’honneur de son oncle, vivait désormais à Lallybroch avec sa femme et ses enfants, tout comme sa sœur Maggie et ses deux petits, son mari étant soldat. Le jeune Jamie était sorti mais les femmes vinrent s’asseoir à mes côtés. Tous les enfants étaient agglutinés autour de Ian, le dévisageant fixement et lui posant tant de questions qu’elles se chevauchaient. Ils se bousculaient et se disputaient la parole.
    Ils ne prêtèrent pas attention à la remarque de Ian père. Ils savaient déjà que grand-père se mourait et c’était bien moins intéressant que leur nouvel oncle fascinant. Une fillette minuscule avec de courtes tresses était assise sur les genoux du jeuneIan, suivant les lignes de son tatouage du bout des doigts et lui enfonçant un doigt dans la bouche dès qu’il souriait ou répondait de manière hésitante à ses neveux et nièces.
    Jamie glissa à Jenny sur un ton de reproche :
    — Tu aurais pu écrire.
    — Je l’ai fait, répliqua-t-elle. Il y a un an, quand sa chair a commencé à fondre et qu’on a compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple toux. Je t’ai demandé de nous envoyer le petit Ian si tu le pouvais.
    — Ah, fit Jamie déconfit. Ta lettre a dû arriver après notre départ de Fraser’s Ridge. Pour ma part, je t’ai écrit qu’on arrivait. J’ai envoyé ma lettre depuis New Bern.
    — Si c’est le cas, je ne l’ai jamais reçue. Ce n’est pas étonnant, avec le blocus. Nous recevons moitié moins de choses d’Amérique. Si vous êtes partis de chez vous en mars dernier, le voyage a été rudement long, non ?
    — Plus long que prévu, en effet. Nous avons rencontré quelques difficultés.
    — Je m’en doute.
    Elle lui prit la main, examina sa cicatrice et ses doigts rapprochés avec intérêt, avant de me lancer un regard interrogateur.
    — Il a été blessé à Saratoga, expliquai-je, sur la défensive. Je n’ai pas eu le choix.
    Elle lui fléchit doucement les doigts.
    — C’est du beau travail. Elle te fait très mal, Jamie ?
    — Le froid la rend plus sensible. Autrement, non, elle ne me gêne pas.
    Elle se redressa soudain en s’exclamant :
    — Du whisky ! Mes pauvres, vous êtes gelés jusqu’aux os et je n’ai même pas pensé à… Robbie ! Cours chercher la bouteille spéciale sur l’étagère au-dessus des cuivres.
    Un gamin dégingandé cherchait à se frayer un chemin dans la masse grouillant autour du jeune Ian. Il jeta un regard implorant à sa grand-mère mais, devant sa mine sévère, fila hors de la pièce.
    Il faisait une chaleur étouffante. Entre le feu de tourbe et la chaleur dégagée par tant de gens, on se serait cru sous lestropiques. Cependant, un frisson glacé me traversait le cœur chaque fois que je regardais Ian père.
    Il était à nouveau dans son fauteuil, le sourire aux lèvres. Toutefois, l’affaissement de ses épaules osseuses, ses paupières lourdes et l’effort manifeste que lui coûtait ce sourire trahissaient son épuisement.
    Je tournai la tête et surpris le regard de Jenny posé sur moi. Elle détourna les yeux

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