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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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posa les mains sur le bureau et se pencha, amenant son visage à quelques centimètres du mien.
    — As-tu jamais douté que j’aie besoin de toi ?
    Il ne me fallut qu’un quart de seconde pour y réfléchir et répondre :
    — Non. Pour autant que je sache, tu as eu un besoin urgent de moi dès l’instant où tu m’as vue. Et je n’ai aucune raison de penser que tu sois devenu autosuffisant depuis. Qu’est-ce que tu as sur le front ? On dirait une empreinte de…
    Il ne me laissa pas terminer, plongea en avant et m’embrassa.
    — Merci, dit-il ensuite.
    Là-dessus, il tourna les talons et sortit, l’air d’excellente humeur.
    Ian entra au même moment et me demanda :
    — Qu’est-ce qui arrive à oncle Jamie ?
    Il regarda dans le couloir d’où nous parvenait un fredonnement discordant, un peu comme celui d’une abeille piégée dans un bocal.
    — Il est saoul ?
    Je me passai la langue sur les lèvres.
    — Non, je ne crois pas. Il ne sentait pas l’alcool.
    — Bah !
    Il haussa les épaules, écartant les excentricités de son oncle.
    — Je reviens de Broch Mordha, ma tante. La femme de M. MacAllistair s’est sentie mal pendant la nuit et il voudrait savoir si ça ne vous dérangerait pas trop de passer la voir ?
    — Pas le moins du monde, dis-je en me levant aussitôt. Je vais chercher ma sacoche.
     
    En dépit du printemps, saison traîtresse où tout le monde prenait froid, les voisins et les métayers semblaient tous en excellente santé. J’avais repris mes consultations, manœuvrant avec prudence, offrant mes conseils et mes remèdes là où ilsétaient bien accueillis. Je n’étais plus la dame de Lallybroch et bien des gens qui m’avaient connue à l’époque étaient morts. Ceux qui ne l’étaient pas étaient généralement contents de me voir mais je percevais dans leur regard une certaine méfiance qui n’y était pas avant. Cela m’attristait mais je le comprenais parfaitement.
    J’avais abandonné Lallybroch, j’avais abandonné son laird et, pire encore, je les avais abandonnés eux. Ils feignaient de croire l’histoire que Jamie leur avait racontée (convaincue qu’il avait été tué, j’avais fui en France) mais ne pouvaient s’empêcher de penser que je les avais trahis en partant. Je le pensais aussi.
    L’absence de barrières qu’il y avait eue autrefois entre nous avait disparu. Par conséquent, je ne faisais plus mes rondes habituelles ; j’attendais qu’on m’appelle. Quand j’avais envie de prendre l’air, je partais chercher des herbes dans la lande ou me promenais avec Jamie qui, lui aussi, avait besoin de sortir de la maison de temps en temps.
    Un jour venteux mais ensoleillé, il m’entraîna plus loin que d’habitude, me demandant si je voulais voir sa caverne.
    — Bien sûr !
    Je mis ma main en visière et regardai la colline escarpée.
    — Elle est là-haut ?
    — Oui, tu la vois ?
    Je fis non de la tête. A part le grand rocher blanc que tout le monde appelait « le Bond du tonneau », elle ressemblait à n’importe quel autre versant environnant, rocailleux et parsemé de massifs d’ajoncs, de genêts et de bruyère.
    — Allez, viens.
    Jamie cala son pied dans une prise invisible et me tendit la main.
    Ce fut une grimpette laborieuse. J’étais essoufflée et moite de transpiration quand il s’arrêta enfin. Il écarta un écran d’ajoncs pour me montrer l’entrée étroite d’une grotte.
     
    — Je veux y entrer, déclara-t-elle.
    — Non, crois-moi, lui assura-t-il. Il y fait froid et c’est sale.
    Elle lui jeta un regard narquois.
    — Je ne l’aurais jamais deviné. Je veux quand même y entrer.
    Il était inutile de discuter avec elle. Il ôta son manteau pour éviter de le salir, l’accrocha à un jeune sorbier qui poussait près de l’entrée, posa ses mains sur la roche de chaque côté de l’orifice puis se laissa glisser à l’intérieur.
    Il y faisait aussi froid que dans son souvenir. Au moins, on y était à l’abri du vent. Ce n’était pas un froid mordant mais plutôt une humidité glacée qui transperçait la peau et faisait grincer les os.
    Il se retourna et tendit les bras vers elle. Elle s’accroupit et essaya de descendre dignement. Son pied glissa et elle tomba en avant, atterrissant dans ses bras. Il se mit à rire puis regarda autour de lui, gardant son bras autour de ses épaules. Il rechignait à s’écarter de sa chaleur et la tenait comme un rempart contre l’assaut de

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