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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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homme peu recommandable contre l’avis de sa mère ? Il était arrivé quelque chose à l’argent ? Il en doutait. Le vieux Ned Gowan avait rédigé tous les documents et l’argent était en sécurité dans une banque d’Inverness. En outre, quoi qu’il ait pensé de Laoghaire, il était convaincu qu’elle ne ferait jamais rien qui nuise à ses enfants.
    Une bourrasque remonta le sentier, faisant gonfler les jupes des femmes et les enveloppant dans un nuage de poussière etde bruyère sèche. Ils firent les derniers mètres qui les séparaient du rocher en courant et secouèrent leurs vêtements en riant.
    Avant que leur bonne humeur ne retombe, Jamie prit les devants :
    — Donc, dit-il à Joan. Qui veux-tu épouser ?
    — Jésus-Christ, répondit-elle de but en blanc.
    Il resta un moment interdit.
    — Tu veux entrer dans les ordres ? demanda Claire. Vraiment ?
    — Oui. Cela fait longtemps que je sais que j’ai la vocation mais… c’est… compliqué.
    — Tu m’en diras tant ! s’exclama Jamie. En as-tu parlé à quelqu’un ? Au prêtre ? A ta mère ?
    — A tous les deux.
    — Et qu’ont-ils dit ? s’enquit Claire.
    Elle paraissait fascinée et, adossée au rocher, ne quittait pas la jeune femme des yeux.
    — Ma mère a dit que j’avais perdu la raison à force de lire des livres et que c’était de ta faute, parce que tu m’en avais donné le goût. Elle veut que j’épouse le vieux Geordie McCann mais je préférerais me jeter dans un puits.
    — Quel âge a ce Geordie McCann ? demanda Claire.
    — Vingt-cinq ans. Quel rapport ?
    — Juste par curiosité, murmura Claire, l’air amusée. Il y a donc un jeune Geordie McCann ?
    — Oui, son neveu. Il a trois ans. Et je ne l’épouserai pas non plus.
    Avant que Claire ne fasse digresser la conversation davantage, Jamie intervint :
    — Et le prêtre ?
    Joan prit une profonde inspiration, semblant devenir plus grande et plus sévère encore.
    — Il dit que mon devoir est de rester à la maison et de m’occuper de ma mère.
    — Qui fornique avec son employé dans la remise du jardin, ajouta Jamie. Tu le sais sans doute ?
    Du coin de l’œil, il vit Claire qui faisait une mimique si comique qu’il fut contraint de se détourner pour ne pas semettre à rire. Il lui fit signe dans son dos qu’il lui raconterait plus tard.
    — Pas quand je suis à la maison, répliqua sèchement Joan. Ce qui est précisément la seule raison pour laquelle j’y suis encore. Tu crois que ma conscience me laisserait partir en sachant ce qu’ils fabriquent ? C’est la première fois depuis trois mois que je vais plus loin que le potager et, si parier n’était pas un péché, je parierais ma meilleure chemise qu’ils sont à la besogne en ce moment même dans sa chambre, vouant leurs âmes à la damnation éternelle.
    Jamie essaya, vainement, de ne pas imaginer Joey et Laoghaire enlacés dans une étreinte passionnée sur le lit avec sa courtepointe à carreaux bleus et gris.
    Il pouvait sentir le regard de Claire lui transpercer la nuque.
    — Hum… Résumons-nous : tu veux être religieuse, mais le prêtre est contre, ta mère ne veut pas te donner ta dot et ta conscience refuse de te laisser partir. J’ai bien compris la situation ?
    Joan parut satisfaite de ce bref résumé.
    — Oui.
    Claire contourna Jamie et se planta à ses côtés.
    — Mais qu’attends-tu de Jamie, au juste ? Qu’il tue Joey ?
    Elle coula à Jamie un regard de biais. Elle paraissait prendre un malin plaisir à assister à sa déconfiture.
    — Bien sûr que non ! s’écria Joan. Je veux qu’ils se marient. Ainsi, ils ne seront plus en état de péché mortel chaque fois que j’ai le dos tourné et le prêtre ne pourra plus dire que je dois rester à la maison puisque ma mère aura un mari pour veiller sur elle.
    Jamie se passa lentement l’index le long de l’arête nasale, se demandant comment il était censé convaincre deux dépravés d’âge mûr de se marier. Par la force ? En les contraignant sous la menace d’un fusil ? C’était une possibilité… D’ailleurs, plus il y pensait, plus il trouvait l’idée séduisante.
    Claire le surprit en posant la question à laquelle il n’avait pas songé :
    — Ce Joey, a-t-il seulement envie de l’épouser ?
    — Oui. Il est toujours là à me bassiner à ce sujet, me bêlant à quel point il l’ai-ai-ai-ai-aime, fit-elle en levant les yeux auciel. Je comprends qu’il soit amoureux de ma

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