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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Maman…
    Il reconnut à peine sa propre voix dans la nuit.
    — C’est bien ainsi ? demanda-t-elle avec anxiété. Ton père m’a dit qu’il ne savait pas trop comment s’écrivait son nom indien. J’ai demandé au marbrier de mettre les deux, cela m’a paru plus juste.
    — Les deux ?
    Ses doigts cherchaient déjà sur la pierre et trouvèrent rapidement le second nom.
    Iseabaìl .
    — Oui, c’est juste, murmura-t-il.
    Il posa les mains à plat sur la pierre froide.
    Elle s’assit sur ses talons à ses côtés et déposa son propre caillou sur la tombe. C’était l’usage quand on venait se recueillir sur la tombe d’un mort, pour signifier que l’on était venu, que l’on n’avait pas oublié.
    Il tenait toujours son caillou, ne pouvant se résoudre à le déposer. Les larmes coulaient sur son visage. Sa mère mit une main sur son bras.
    — Ce n’est rien, mo dhuine , dit-elle tendrement. Va retrouver cette jeune femme. Tu seras toujours ici avec nous.
    La vapeur de ses larmes s’élevait comme une volute d’encens dans son cœur. Il plaça doucement la pierre sur la tombe de sa fille. Elle était à l’abri au sein de sa famille.
    Ce ne fut que des jours plus tard, au milieu de l’océan, qu’il se rendit compte que sa mère l’avait traité comme un homme.

43
    L’ami à ma droite
    Ian mourut au petit jour. La nuit avait été épouvantable. Il avait manqué se noyer dans son propre sang à de nombreuses reprises, s’étranglant, les yeux exorbités. Puis il avait été pris de convulsions, et avait recraché des lambeaux de ses poumons. Le lit ressemblait au lieu d’un carnage et la pièce empestait la sueur d’un combat désespéré et futile, l’odeur de la mort.
    A la fin, il retrouva le calme, sa poitrine maigre se soulevant à peine, son râle n’émettant pas plus de bruit que les grattements de l’églantier contre la vitre.
    Jamie s’était tenu en retrait, laissant au jeune Jamie la place au chevet du mourant en sa qualité de fils aîné. Jenny était restée assise toute la nuit auprès de son Ian, essuyant le sang, la transpiration et les liquides nauséabonds qui suintaient du corps de son mari, ce dernier se dissolvant sous leurs yeux. Alors que la fin approchait, Ian avait levé la main droite et appelé dans un souffle « Jamie ». Il n’avait pas rouvert les yeux mais tout le monde avait su de quel Jamie il s’agissait. Le jeune Jamie s’était effacé, cédant la place à son oncle.
    Jamie avait saisi la main tendue dont les doigts osseux s’étaient refermés autour des siens avec une force surprenante. Ian lui avait murmuré quelque chose, trop bas pour que les autres puissent l’entendre, puis l’avait lâché, non pas dans la décrispation de la mort mais simplement parce qu’il avait fait ce qu’il avait à faire. Sa main était retombée sur les draps, ouverte à sa famille.
    Il ne parla plus. Il paraissait apaisé. Quand vint son dernier souffle, ils attendirent tous le prochain. Au bout d’une longue minute de silence, ils échangèrent de brefs regards incertains avant de fixer à nouveau le lit ravagé, les traits immobiles de Ian, comprenant que c’était enfin terminé.
     
    Jenny lui en voulait-elle parce que les dernières paroles de Ian avaient été pour lui ? Il ne le pensait pas. Le seul avantage d’une lente agonie était qu’elle vous laissait le temps de faire vos adieux. Ian avait parlé seul à seul avec chacun de ses enfants. Il les avait consolés de son mieux, leur offrant peut-être quelques conseils, du moins l’assurance qu’il les aimait.
    Jamie s’était tenu près de Jenny lorsque Ian était mort. Elle avait soupiré et semblé s’affaisser, comme si la tige d’acier qui lui avait maintenu le dos raide durant tous ces derniers mois avait été brusquement arrachée. Son visage n’avait exprimé aucun chagrin, mais il savait qu’il était bien là. Sur le moment, elle avait juste ressenti un profond soulagement que ce soit terminé, pour Ian, pour eux tous.
    Ian et elle avaient su ce qui allait se passer depuis des mois. Ils avaient sûrement trouvé le temps de se dire ce qu’ils avaient à se dire.
    Qu’aurait-il dit à Claire dans les mêmes circonstances ? Probablement ce qu’il lui avait dit au moment de leur séparation : « Je t’aime. Je te reverrai. » Qu’aurait-il pu lui dire de mieux ?
    Rester dans la maison était au-dessus de ses forces. Les femmes avaient lavé Ian et l’avaient

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