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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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    Alarmé par son ton menaçant, le garçon libéra son bras et recula d’un pas.
    — Comment voulez-vous que je le sache, monsieur ? dit-il avant d’ajouter précipitamment devant la mine décomposée de Jamie : J’ai vu son propriétaire entrer dans le quartier des filles il y a quelques heures. Il doit toujours y être.
    Jamie vit le menton de sa sœur trembler et se rendit compte qu’elle était au bord de la panique. Il n’en était pas loin lui-même. S’efforçant de retrouver son calme, il déclara :
    — Dans le quartier des filles, hein ? Je vais donc devoir aller le chercher moi-même. Quel établissement fréquente-t-il ?
    Le garçon haussa des épaules impuissantes.
    — Tous, monsieur.
    Laissant Jenny sur le quai pour surveiller leurs bagages, il s’enfonçant dans les rues adjacentes. Une piécette lui assura les services de l’un des garnements qui rôdaient autour des étals, à l’affût d’une pomme ou d’un porte-monnaie. Il suivitson guide dans les ruelles crasseuses, une main sur sa bourse, l’autre sur le manche de son coutelas.
    Brest était une grande ville portuaire débordante d’activité. Ce qui signifiait qu’une de ses habitantes sur trois était une prostituée. Plusieurs besogneuses indépendantes le hélèrent au passage.
    Il lui fallut plus de trois heures et graisser quelques pattes avant de trouver enfin le propriétaire de l’ Euterpe , ivre mort. Il repoussa sans ménagement la putain qui dormait avec lui et le réveilla brutalement d’une paire de gifles.
    — Le navire ? répéta l’homme hagard. Qui s’en soucie ?
    — Moi, rétorqua Jamie en serrant les poings. Et vous aussi, misérable sagouin. Où est-il et pourquoi nous ne sommes pas à bord ?
    — Le capitaine m’a flanqué dehors, bougonna l’armateur. On a eu un désaccord. Où il est ? En route pour Boston, sans doute.
    Il esquissa un sourire mauvais.
    — Si vous nagez assez vite, vous pourrez peut-être le rattraper.
     
    Il lui fallut se délester de ses derniers fragments d’or et user d’un mélange de persuasion et de menaces mais il parvint à trouver un autre navire. Celui-ci se dirigeait plus au sud, à Charleston. Peu lui importait. Une fois en Amérique, il aviserait.
    Sa fureur commença enfin à s’atténuer quand le Philomène atteignit le grand large. Jenny se tenait à ses côtés, menue et silencieuse, agrippée au bastingage.
    Il posa une main dans le creux de ses reins et la massa doucement.
    — Que se passe-t-il, a pìuthar  ? Tu penses à Ian ?
    Elle ferma les yeux un instant puis les rouvrit et se tourna vers lui.
    — Non, je pense à ta femme. Elle sera furieuse contre moi, à cause de Laoghaire.
    Il sourit malgré lui.
    — Laoghaire, pourquoi ?
    — Pour ce que j’ai fait quand tu as ramené Claire d’Edimbourg. Je ne t’ai jamais demandé pardon pour ça.
    Elle le dévisageait gravement. Il se mit à rire.
    — Et moi, je ne t’ai jamais demandé pardon non plus, n’est-ce pas ? Pour avoir amené Claire à Lallybroch et avoir été trop lâche pour lui parler de Laoghaire avant notre arrivée.
    Elle réfléchit un instant puis une lueur s’alluma dans ses prunelles.
    — C’est vrai, tu ne m’as pas demandé pardon. Alors, on est quittes ?
    Il ne l’avait pas entendue prononcer cette expression depuis qu’à quatorze ans il avait quitté la maison pour aller vivre à Leoch.
    — Nous sommes quittes.
    Il passa un bras autour de ses épaules et elle glissa le sien autour de sa taille. Ils restèrent ainsi serrés l’un contre l’autre, contemplant la lointaine côte française sombrer dans l’océan.
    ----
    7 . En français dans le texte. (N.d.T.)

52
    Une série de chocs brefs et violents
    Je me trouvais dans la cuisine de Marsali, tressant les cheveux de Félicité tout en gardant un œil sur la cuisson du porridge, quand retentit la sonnette au-dessus de la porte de l’imprimerie. Je nouai rapidement un ruban au bout de la natte et, après avoir ordonné aux fillettes de surveiller la marmite, sortis recevoir le client.
    A ma surprise, il s’agissait de lord John. Mais un lord John comme je ne l’avais encore jamais vu. Ainsi qu’à son habitude, il était impeccable, sans un cheveu de travers, mais ses traits étaient décomposés.
    — Que se passe-t-il ? demandai-je alarmée. C’est Henry ?
    — Non, pas Henry, répondit-il d’une voix brisée.
    Il s’agrippa au bord du comptoir comme pour se stabiliser.
    — J’ai… de

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