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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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quand la Mustang bleue s’engagea sur la piste en terre menant à Craigh na Dun. Brianna devait être rentrée à la maison avant le retour de Mandy. La camionnette de Rob Cameron était toujours là. Elle sentit un frisson la parcourir en la voyant.
    Quand elle coupa le moteur, Roger annonça à Buccleigh :
    — Pars devant, j’arrive.
    William Buccleigh adressa un bref regard à Brianna, direct et déconcertant ; il lui effleura la main puis descendit de voiture. Roger ne perdit pas de temps ; il avait réfléchi à ce qu’il dirait à sa femme durant le trajet. En outre, il n’y avait qu’une chose à dire.
    — Je t’aime.
    Il la prit par les épaules, ses yeux plongés dans les siens.
    — Je le ramènerai. Crois-moi, Bree. Nous nous reverrons. Dans ce monde.
    — Je t’aime, essaya-t-elle de dire.
    Il ne sortit de sa bouche qu’un souffle mais il n’eut pas besoin de plus. Il la serra si fort qu’elle sentirait encore la marque de ses doigts quand il serait parti, puis descendit à son tour.
    Elle les observa, incapable de détacher son regard de leurs dos tandis qu’ils grimpaient la colline vers les pierres invisibles. Puis ils disparurent de sa vue. Peut-être était-ce son imagination mais il lui sembla qu’elle pouvait entendre les pierres, ce chant étrange qui vivait dans ses os, un souvenir qui ne la quitterait jamais. Tremblante et aveuglée par les larmes, elle reprit le chemin de Lallybroch, conduisant prudemment, très prudemment, parce que, désormais, Mandy n’avait plus qu’elle.

50
    Des bruits de pas
    Tard cette nuit-là, elle entra dans le bureau de Roger. Elle se sentait groggy et lourde, l’horreur de la journée émoussée par la fatigue. Elle s’assit derrière son bureau, essayant de sentir sa présence, mais la pièce était vide.
    Mandy dormait, pas le moins de monde perturbée par le chaos dans lequel étaient plongés ses parents. Naturellement, elle était habituée aux absences occasionnelles de Roger quand celui-ci se rendait à Londres, à Oxford, ou assistait à une réunion de sa loge maçonnique. S’il ne revenait pas, se souviendrait-elle de lui ?
    Incapable de supporter cette pensée, elle se leva et se mit à tourner en rond dans la pièce, sans trop savoir ce qu’elle cherchait. Elle n’avait rien pu avaler de la journée et se sentait légèrement étourdie.
    Elle saisit le petit serpent, puisant un peu de confort dans sa sinuosité, sa surface lisse. Elle lança un coup d’œil vers le coffret en envisageant de se réfugier dans la compagnie de ses parents, mais déplier des lettres que Roger ne lirait peut-être jamais avec elle… Elle reposa le serpent et fixa d’un regard absent les rangées de livres sur les étagères.
    Près des ouvrages sur la révolution américaine commandés par Roger se trouvaient les livres de son père, ceux qu’elle avait rapportés de son ancien bureau. Sur leur tranche était écrit Franklin W. Randall. Elle en prit un et s’assit, le serrant sur son cœur.
    Elle lui avait déjà demandé son aide une fois, le priant de veiller sur la fille de Ian. Il veillait sûrement sur Jem.
    Elle feuilleta l’ouvrage, légèrement apaisée par le contact du papier.
    Père, pensa-t-elle. Elle ne trouva pas d’autres mots à ajouter, elle n’en avait pas besoin. La présence d’une feuille de papier pliée et glissée entre les pages ne la surprit pas.
    C’était un brouillon. Cela se voyait d’emblée aux nombreuses ratures, aux notes en marge, aux mots encerclés et accompagnés de points d’interrogation. Comme il s’agissait d’un brouillon de lettre, il n’y avait ni date ni en-tête mais il ne faisait aucun doute qu’il s’adressait à elle.
     
    Tu viens juste de me quitter, ma très chère tireuse d’élite, après notre merveilleux après-midi chez Sherman (le tir au pigeon… se souviendra-t-elle du nom ?). Mes oreilles en bourdonnent encore. Chaque fois que nous tirons ensemble, je suis partagé entre une immense fierté devant tes capacités, la jalousie et la peur. J’ignore quand tu liras ceci, et même si tu le liras un jour. Peut-être aurai-je le courage de te le dire avant ma mort (ou je commettrai un acte tellement impardonnable que ta mère te le dira… Non, elle se taira. Malgré tout ce qui s’est passé entre nous, je n’ai jamais rencontré un être aussi droit que Claire. Elle tiendra parole).
    Quel étrange sentiment m’envahit en écrivant ceci ! Je sais que tu finiras par

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