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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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enfonçant ses doigts dans les muscles de son avant-bras.
    — Laisse-moi partir, Ami, dit-elle calmement. Tu m’as prise pour quelqu’un d’autre.
    — Je ne crois pas, répliqua-t-il avec un fort accent écossais. Ce chien est bien à toi, non ?
    Perplexe et de plus en plus inquiète, elle répondit :
    — Non. Je veille sur lui pour un ami. Pourquoi ? Il a tué une de tes poules ? Je serais ravie de te dédommager si…
    Elle tendit sa main libre vers sa bourse.
    — Ton ami s’appelle Ian Murray.
    Cette fois, ce n’était pas une question, ce qui acheva de l’alarmer.
    — Lâche-moi, dit-elle d’une voix plus ferme. Tu n’as pas le droit de me retenir.
    — Où est-il ?
    Ses yeux étaient injectés de sang et légèrement chassieux mais son regard aussi affûté qu’une lame.
    — En Ecosse.
    Il marqua un temps d’arrêt, puis se pencha plus près, la regardant dans le blanc des yeux.
    — Tu l’aimes ?
    — Lâche-moi !
    Elle voulut lui donner un coup de pied dans le tibia mais il l’esquiva. Dans le mouvement sa cape se souleva et elle aperçut un éclat métallique sous sa ceinture. C’était une petite hache. Repensant soudain à leur terrible mésaventure dans cette bicoque affreuse du New Jersey, elle se mit à crier.
    — Tais-toi ! grogna le vieillard. Tu vas venir avec moi.
    Il plaqua une large main crasseuse sur sa bouche et tenta de la soulever. Elle se débattit comme une tigresse et parvint à dégager sa bouche juste le temps de hurler à nouveau à pleins poumons.
    Il y eut des exclamations de surprise, un bruit de course.
    — Rachel !
    La voix familière fit bondir son cœur.
    — William ! Au secours !
    William courait vers elle, suivi à quelque distance de quatre autres soldats britanniques le mousquet à la main. Le vieil homme grommela quelque chose en gaélique et la lâcha si soudainement qu’elle chancela, se prit le pied dans l’ourlet de son jupon et tomba lourdement sur ses fesses.
    Le vieil homme battait en retraite mais William le chargeait déjà, épaule en avant, s’apprêtant à le percuter de plein fouet. Le vieillard avait toutefois eu le temps de sortir sa hache. Rachel hurla « William ! » mais ce fut peine perdue. Il y eut un éclat de métal, un bruit sourd. William fit un brusque écart sur le côté, tituba puis s’effondra.
    — William, William ! Oh, mon Dieu, mon Dieu !
    Elle le rejoignit à quatre pattes. Les soldats poursuivaient le vieil homme en criant mais elle ne leur prêta pas attention. Elle ne voyait que le visage livide de William, ses yeux révulsés et le sang noir qui coulait de son cuir chevelu.
     
    Je bordai William en dépit de ses protestations et lui ordonnai de rester bien sagement au lit. Ses protestations étaient surtout destinées à Rachel car, dès que je fis sortir celle-ci de la chambre, il se rallongea docilement sur son oreiller, pâle et moite sous le bandage qui lui ceignait le front.
    — Il faut dormir, lui ordonnai-je. Vous aurez un mal de crâne épouvantable demain matin mais vous serez toujours vivant.
    — Merci, mère Claire, murmura-t-il. Vous avez toujours le mot qu’il faut pour remonter le moral d’un homme. Avant que vous ne partiez…
    Il avait beau être mal en point, sa main sur mon bras était solide et ferme.
    — Quoi ? demandai-je sur mes gardes.
    — L’homme qui a attaqué Rachel, vous le connaissez ?
    — Oui, répondis-je à contrecœur. D’après la description qu’elle m’en a faite, il s’agit d’Arch Bug. Il vivait autrefois près de chez nous en Caroline du Nord.
    — Ah.
    La curiosité ranima quelque peu ses yeux bleus.
    — C’est un fou ?
    — Je le crois. Il a perdu sa femme dans des circonstances tragiques et le chagrin semble lui avoir perturbé l’esprit.
    Je songeai aux nombreux mois qui s’étaient écoulés depuis cette sinistre nuit d’hiver, l’imaginant vivant seul dans la forêt, marchant sur des routes sans fin, écoutant l’écho de la voix de son épouse disparue… S’il n’avait pas été fou au début, il l’était probablement devenu depuis. Parallèlement, je n’étais pas prête à raconter toute l’histoire à William. Pas pour le moment et si possible jamais.
    — J’en parlerai à quelqu’un, dit-il avant de bâiller à s’en décrocher la mâchoire. Désolé, j’ai terriblement sommeil.
    — Vous avez une commotion cérébrale, l’informai-je. Je reviendrai toutes les heures pour vous réveiller. A qui voulez-vous en

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