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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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à nouveau vers le paon, me demandant s’il me serait difficile de subtiliser les yeux en diamants ou si quelqu’un était chargé de les surveiller. En regardant discrètement autour de moi, je repérai effectivement un soldat en uniforme dans un recoin entre le buffet et l’immense cheminée, les yeux alertes.
    De toute manière, je n’avais pas besoin de les voler, j’en possédais déjà. John m’avait offert une paire de boucles d’oreilles en diamant. Quand viendrait le moment de partir…
    — Mère Claire !
    J’avais eu l’agréable impression d’être invisible et, rappelée à la réalité, me retournai pour voir Willie, sa tête écheveléeémergeant du tabard à croix rouge d’un templier. Il me faisait de vigoureux signes.
    Je le rejoignis et lui glissai :
    — J’aimerais bien que vous trouviez une autre manière de m’appeler. Cela me donne l’impression d’être la mère supérieure d’un couvent.
    Il rit, me présenta la jeune femme à son bras (elle s’appelait Mlle Chew) puis offrit d’aller nous chercher des sorbets. Il devait faire plus de trente degrés dans la salle de bal et la transpiration commençait à traverser les soies éclatantes.
    — Quelle jolie toilette, déclara poliment Mlle Chew. Elle vient d’Angleterre ?
    — Oh, fis-je. A vrai dire, je l’ignore mais je vous remercie.
    Je baissai les yeux, n’ayant pas fait attention à ma robe jusqu’ici hormis pour l’enfiler. M’habiller n’était qu’une corvée quotidienne et je me fichais bien de ce que je portais tant que ce n’était ni trop serré ni trop rêche.
    John l’avait déposée dans ma chambre le matin en me présentant le coiffeur chargé de me faire belle pour la soirée. J’avais fermé les yeux, surprise de constater à quel point il était agréable de se laisser tripoter les cheveux, mais l’avais été plus encore quand il m’avait tendu un miroir. Je portais sur le crâne une architecture vertigineuse de boucles poudrées, le tout couronné d’un petit navire en cristal toutes voiles dehors.
    J’avais attendu qu’il parte puis m’étais hâtée de défaire sa pièce montée et de me recoiffer le plus simplement possible. John m’avait regardée d’un œil torve mais n’avait pas pipé mot. Je n’avais pas vraiment eu le temps de m’admirer et constatai avec plaisir que la robe en soie chocolat m’allait plutôt bien. En outre, elle était suffisamment sombre pour cacher les traces de sueur.
    Mlle Chew suivait William du regard tel un chat lorgnant une belle souris bien grasse, fronçant légèrement les sourcils quand il s’arrêta pour flirter avec deux jeunes dames. Elle me demanda sur un ton innocent :
    — Lord Ellesmere restera-t-il longtemps à Philadelphie ? J’ai cru comprendre qu’il n’était pas avec le général Howe.
    — En effet. Il s’est rendu avec le général Burgoyne. Tous ses soldats doivent rentrer en Angleterre mais, pour une raison administrative quelconque, ils n’ont toujours pas embarqué.
    Je savais que William espérait être échangé afin de pouvoir continuer à se battre mais jugeai inutile de le préciser.
    — Vraiment ? Quelle bonne nouvelle ! J’espère qu’il sera toujours avec nous le mois prochain quand aura lieu mon bal. Naturellement, il ne sera pas aussi fastueux que celui-ci…
    Elle inclina légèrement la tête vers les musiciens qui venaient de commencer à jouer à l’autre bout de la salle.
    — … mais le major André a promis d’aider à peindre des toiles de fond afin que nous puissions mettre en scène des tableaux vivants et ce sera…
    — Je vous demande pardon, la coupai-je. Vous avez dit le major André ? Le major… John André ?
    Elle m’adressa un regard surpris, agacée d’avoir été interrompue.
    — Bien sûr. C’est lui qui a dessiné les costumes pour la joute de cet après-midi et qui a écrit la pièce que nous jouerons tout à l’heure. Tenez, le voici, en train de discuter avec lady Clinton.
    Je suivis la direction de son éventail, sentant un frisson glacé m’envahir.
    Le major André se tenait au milieu d’un groupe d’hommes et de femmes, riant et parlant avec les mains, au centre de l’attention. C’était un beau jeune homme d’une vingtaine d’années, son uniforme était taillé à la perfection et son visage brillait de plaisir et de chaleur.
    — Il est… charmant, murmurai-je.
    Je ne voulais pas le regarder mais j’étais comme aimantée.
    — Oh oui !

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