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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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s’extasia Mlle Chew. Avec Peggy Shippen et lui, nous avons pratiquement organisé toute la mischianza . Il est merveilleux. Il a toujours de bonnes idées et joue de la flûte à ravir ! Quel dommage que le père de Peggy ne l’ait pas laissée venir au bal ! C’est trop injuste.
    Sa voix trahissait néanmoins une certaine satisfaction. Elle était ravie que son amie ne lui vole pas la vedette.
    — Laissez-moi vous le présenter, déclara-t-elle soudain.
    Elle replia son éventail d’un coup sec et me saisit le bras. Prise de court, je n’eus pas le temps de protester et me retrouvai dans le groupe entourant André. Mlle Chew se lança dans une discussion animée avec le jeune homme, riant aux éclats, une main posée familièrement sur son bras. Il lui sourit puis se tourna vers moi.
    — Enchanté, lady Grey, dit-il d’une voix douce et grave. Votre serviteur…
    J’en oubliai les formes et balbutiai :
    — Je… oui. Vous… oui. Ravie.
    Je retirai ma main avant qu’il n’ait eu le temps de la baiser, le laissant déconcerté. Il battit des paupières mais Mlle Chew accapara aussitôt son attention et je m’éloignai. Je me réfugiai près d’une porte où, grâce à Dieu, il y avait un léger courant d’air. J’étais couverte d’une sueur froide.
    — Ah, vous voici, mère Claire !
    Willie apparut à mes côtés, tenant deux sorbets à moitié fondus. Je pris celui qu’il me tendait, remarquant au passage que mes doigts étaient aussi glacés que la timbale en argent givrée.
    — Merci.
    Il se pencha vers moi, l’air inquiet.
    — Vous vous sentez bien, mère Claire ? Vous êtes toute blanche. On dirait que vous avez vu un fantôme.
    Il grimaça, regrettant aussitôt cette allusion à la mort, mais je parvins à esquisser un sourire. Après tout, il avait raison, je venais d’en voir un.
    Le major John André était l’officier britannique avec lequel Benedict Arnold, héros de Saratoga et toujours un patriote légendaire, conspirerait bientôt. C’était aussi celui des deux traîtres qui, d’ici trois ans, finirait à la potence.
    — Vous ne voulez pas vous asseoir ? demanda Willie.
    Je fis un effort pour surmonter mon malaise. Je ne voulais pas qu’il propose de me raccompagner à la maison. Il semblait s’amuser. Je lui souris, sentant à peine mes lèvres engourdies.
    — Non, tout va bien, merci. J’ai… juste besoin de sortir un moment pour prendre l’air.

58
    Un papillon dans un abattoir
    Rollo était couché sous un buisson, dévorant les restes d’un écureuil qu’il avait attrapé. Ian l’observait, assis sur un rocher.
    Philadelphie se trouvait hors de vue mais il pouvait sentir la fumée des feux, la puanteur de milliers de gens vivant les uns sur les autres. Il entendait les claquements des sabots et le cliquetis des carrioles sur la route toute proche. Et quelque part, à moins de deux kilomètres de lui, cachée dans cette masse de bâtiments et de populace, se trouvait Rachel Hunter.
    Il voulait prendre cette route, pénétrer dans le cœur de la ville et la démonter brique après brique jusqu’à ce qu’il la trouve.
    — Par où commence-t-on, a cú  ? demanda-t-il au chien. Par l’imprimerie, je suppose.
    Il n’y était encore jamais allé mais elle ne devait pas être bien difficile à trouver. Fergus et Marsali lui donneraient un abri… et à manger. Peut-être que Germain et les filles pourraient l’aider dans ses recherches. Et tante Claire… il savait qu’elle n’était ni une fée ni une sorcière mais il ne doutait pas de ses pouvoirs.
    Il attendit que Rollo ait terminé son repas puis se leva et sentit une incroyable chaleur l’envahir en dépit du temps couvert et frais. Pourrait-il la trouver de cette manière ? En marchant dans les rues et en jouant comme les enfants à cache-tampon ? « Tu brûles ; tu refroidis » ? Se réchauffant progressivement à mesure qu’il se rapprochait d’elle, tombant sur elle juste avant de se transformer en torche vivante ?
    Il jeta un regard de reproche à son chien.
    — Tu pourrais m’aider, quand même !
    Il avait tenté de lui faire rebrousser chemin jusqu’à elle mais le chien avait été tellement fou de joie qu’il n’avait rien pu en tirer. Pourtant, il tenait là une idée : s’il croisait la trace de Rachel, Rollo pourrait la déceler et la suivre, maintenant qu’il s’était calmé.
    Il esquissa un pauvre sourire. Le gros de l’armée britannique était stationné

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