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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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serait bien volontiers, répondit poliment une voix écossaise. Mais il y a urgence.
    La porte s’ouvrit, Jamie entra et la referma derrière lui. Il me vit et se figea. L’instant suivant, j’étais dans ses bras, l’incroyable chaleur et la taille de son corps oblitérant le reste du monde.
    J’ignorais où mon sang était passé. Il n’en restait plus une goutte dans mon cerveau et des lumières clignotaient devantmes yeux. Il n’y en avait plus non plus dans mes jambes qui ne me soutenaient plus.
    Jamie me serrait contre lui et m’embrassait, ses doigts s’enfonçant dans ma chevelure. Il sentait la bière. Le chaume de ses joues me râpait le visage. Je sentais un picotement dans mes lèvres et mes seins se gonflaient contre son torse.
    — Ah, le voilà, murmurai-je.
    Il s’écarta un instant pour demander :
    — Quoi donc ?
    — Mon sang. Recommence.
    — Oh, j’y compte bien, mais il y a un certain nombre de soldats anglais dans le quartier et je crois…
    Des martèlements retentirent contre la porte d’entrée au rez-de-chaussée et la réalité retomba soudain sur nous comme une chape de béton. Je m’affalai sur une chaise et le dévisageai interdite, mon cœur battant si fort que je crus qu’il allait exploser.
    — Mais comment se peut-il que tu ne sois pas mort, bon sang ?
    Il esquissa un petit haussement d’épaules et sourit. Il était très maigre, avec le visage tanné et sale. Je pouvais sentir sa sueur et la crasse de ses vêtements. Ainsi qu’un vague relent de vomi. Il était descendu d’un bateau il n’y avait pas très longtemps.
    — Si vous tardez encore quelques secondes, vous risquez fort de redevenir mort, monsieur Fraser.
    John s’était approché de la fenêtre et regardait dans la rue. Quand il se tourna vers nous, il était pâle mais radieux.
    — Ah ? Ils sont plus rapides que je ne le pensais, répondit Jamie.
    Il lança à son tour un regard par la fenêtre.
    — Je suis ravi de vous voir, John, même si ce n’est qu’une visite éclair.
    John sourit et lui toucha le bras, très brièvement, comme pour s’assurer qu’il était bien là. Puis il se dirigea vers la porte.
    — Venez. Vous pouvez descendre par l’escalier de service. Il y a également une trappe qui donne sur le grenier, si vous pouvez grimper sur le toit…
    Jamie me fit face, les yeux chargés de regret.
    — Je reviendrai. Le plus tôt possible.
    Il tendit une main vers moi puis se ravisa avec une grimace, tourna les talons et suivit John dans le couloir, le bruit de leurs pas étouffé par le vacarme au rez-de-chaussée. J’entendis la porte s’ouvrir puis une voix mâle aboyer qu’on laisse passer les soldats. Mme Figg, cette chère âme intransigeante, ne voulait pas en entendre parler.
    J’étais restée assise, pétrifiée telle la femme de Lot, mais les interjections outrées et imagées de la cuisinière me galvanisèrent.
    Mon esprit était tellement abasourdi par les événements des cinq dernières minutes qu’il était, paradoxalement, très clair. Il n’y avait pas de place pour la pensée, les hypothèses, le soulagement, la joie ou même l’inquiétude. La seule faculté mentale qu’il me restait était la capacité à réagir à l’urgence. J’attrapai mon bonnet, l’enfonçai sur ma tête et m’élançai vers la porte. A nous deux, Mme Figg et moi parviendrions à retarder les soldats le temps que…
    Ce plan aurait sûrement fonctionné si, sur le palier, je n’avais pas percuté de plein fouet Willie qui grimpait l’escalier quatre à quatre.
    — Mère Claire ! Où est papa ? Il y a des…
    Il m’avait rattrapée par les bras tandis que je partais à la renverse mais son attention fut presque aussitôt attirée par un bruit quelque part derrière moi. Il releva les yeux et me lâcha, ahuri.
    Jamie se tenait au fond du couloir, à trois mètres de lui. John se trouvait à côté de lui, pâle comme un linge et les yeux presque aussi exorbités que ceux de Willie. Cette similitude, si frappante soit-elle, n’était rien comparée à la ressemblance entre Jamie et le neuvième comte d’Ellesmere. Les traits de William s’étaient durcis et avaient mûri, perdant leurs rondeurs enfantines. Des deux côtés du couloir, les mêmes yeux félins bleu nuit des Fraser se fixaient au milieu de visages à l’ossature saillante des MacKenzie. Willie se rasait tous les jours devant un miroir. Il savait à quoi il ressemblait.
    Ses lèvres remuèrent mais le

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