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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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noires courir sur la travée. Armées de ciseaux de charpentier et de pieds-de-biche, elles arrachaient les planches et les jetaient à l’eau.
    Jamie se frayait un chemin dans la foule à coups d’épaule, moi derrière lui et notre petite procession de femmes, d’enfants et d’invalides sur mes talons tels des oisons cacardant d’agitation.
    — Fraser ! Colonel Fraser !
    M’étant retournée, j’aperçus Jonas – ou Bill – Marsden qui courait vers nous.
    — Je viens avec vous, dit-il, le souffle court. Vous aurez besoin de quelqu’un sachant tenir une barre.
    L’hésitation de Jamie ne dura qu’une fraction de seconde. Il acquiesça et indiqua la grève du menton.
    — Allez-y, vite. J’amène le groupe le plus rapidement possible.
    M. Marsden disparut dans les ténèbres. L’épaisse fumée me faisait tousser.
    — Où est le reste de tes hommes ? demandai-je à Jamie.
    — Evanouis dans la nature.
    Des cris hystériques nous parvinrent depuis les Vieilles Lignes Françaises. Ils se répandirent tel un feu de paille dans la forêt et jusqu’à la rive du lac, les gens hurlant que les Anglais arrivaient. La panique battait des ailes. Elle était si forte que je sentis un cri me monter dans la gorge. Je le ravalai et une colère irrationnelle m’envahit, m’éloignant de tous ces sots braillards derrière moi qui se seraient dispersés s’ils en avaient été capables. Nous étions à présent près de la rive. La bousculade était à son comble. Les gens s’entassaient pêle-mêle dans les embarcations, les faisant chavirer.
    Je ne pensais pas que les Britanniques soient sur le point d’attaquer mais je n’en avais aucune certitude. Je savais que Fort Ticonderoga avait été le siège de plus d’une bataille… mais quand ? Allions-nous en vivre une ce soir ? Compte tenu de mon ignorance, mue par un sentiment d’urgence, je me hâtais vers le lac tout en soutenant M. Wellman. Le malheureux avait contracté les oreillons de son fils et, par conséquent, marchait avec la plus grande difficulté.
    M. Marsden – que Dieu le bénisse ! – avait dégoté un grand canoë qu’il avait éloigné de la grève afin qu’il ne soit pas pris d’assaut. En voyant Jamie approcher, il revint accoster et nous réussîmes à y entasser dix-huit personnes, y compris les Wellman et Mme Raven, Ophélie au regard absent.
    Jamie lança un coup d’œil derrière lui vers le fort. Les portes étaient ouvertes et l’on apercevait la lueur des grands feux dans la cour. Puis il leva les yeux vers la batterie où nous nous étions tenus un peu plus tôt.
    — Quatre hommes gardent un canon dirigé vers le pont. Des volontaires. Ils ont accepté de rester. Les Britanniques, ou du moins quelques-uns d’entre eux, l’emprunteront certainement. Ils feront tout sauter avant de s’enfuir, s’ils le peuvent.
    Puis il se retourna et, voûtant les épaules, enfonça profondément sa pagaie dans l’eau noire.

12
    Mount Independence
    Milieu de l’après-midi, 6 juillet 1777
    Les troupes du brigadier-général Fraser avançaient vers le petit fort en rondins au sommet de la colline, celle que les Américains avaient ironiquement baptisée « Indépendance ». William, qui dirigeait l’un des premiers groupes, ordonna à ses hommes de fixer leur baïonnette. Il régnait un profond silence, interrompu uniquement par des craquements de branches, le bruit des bottes dans l’épais tapis de feuilles, le claquement d’une boîte de cartouches contre la crosse d’un mousquet. Etait-ce un silence menaçant ?
    Les Américains savaient sûrement qu’ils arrivaient. Les rebelles étaient-ils tapis en embuscade, prêts à leur tirer dessus depuis les fortifications rudimentaires mais solides qu’il apercevait entre les arbres ?
    Lorsqu’ils furent parvenus à deux cents mètres du sommet, il fit signe à ses hommes de s’arrêter, espérant détecter un signe de la présence de défenseurs, si défenseurs il y avait. Sa compagnie obéit mais d’autres soldats derrière poussaient et avançaient toujours, impatients de prendre le fort d’assaut.
    Tout en étant conscient que le son de sa voix ferait de lui une cible aussi facile que si un fusilier américain repérait sa redingote rouge, il cria :
    — Halte !
    Certains soldats s’arrêtèrent mais furent aussitôt bousculés par les suivants. Au bout de quelques secondes, le sommet dela colline ne fut plus qu’une masse grouillante d’uniformes

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