Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
essuyé des orages de cette intensité pratiquement tous les jours, la moitié des habitants fut convaincue que la colère de Dieu s’abattait sur nous. Quant à ceux d’un esprit plus profane, leur panique redoubla, car les unités de miliciens des lignes extérieures qui battaient en retraite étaient éclairées comme en plein jour. Un beau spectacle pour les Britanniques installés sur Mount Defiance.
    Je criai dans l’oreille de Jamie :
    — Il faut que j’aille chercher mes malades. Va récupérer nos affaires dans la caserne !
    Il fit non de la tête. Un nouvel éclair illumina ses cheveux par-derrière, lui donnant l’allure d’un démon. Il m’agrippa fermement le bras.
    — Je ne te quitte pas. Je pourrais ne jamais te retrouver.
    — Mais…
    Je m’interrompis en lançant un regard autour de moi. Il avait raison. Des milliers de gens couraient, se bousculaient ou restaient simplement prostrés sur place, ne sachant que faire. Si nous étions séparés, il risquait de ne plus me trouver et l’idée d’errer seule aux portes du fort, dans la forêt infestée d’Indiens sanguinaires et de soldats anglais…
    — Viens, lui dis-je. Faisons vite.
    L’atmosphère à l’intérieur du bâtiment hospitalier n’était pas aussi frénétique, principalement parce que la plupart des patients se déplaçaient avec difficulté. Ils n’en étaient pas moins agités, n’ayant pu glaner que des miettes d’informations des gens qui passaient en courant. Ceux qui avaient des familles étaient tout bonnement traînés dehors avec à peine le temps d’attraper leurs vêtements. Ceux qui n’en avaient pas se tenaient dans les ruelles, essayant tant bien que mal d’enfiler leur culotte, ou titubaient en direction de la sortie.
    Le capitaine Stebbings, lui, était tranquillement allongé sur son lit, les mains croisées sur la poitrine, observant le chaos avec intérêt. Une mèche de jonc brûlait sur le mur au-dessus de lui.
    Il m’accueillit joyeusement.
    — Madame Fraser ! Je suppose que je serai bientôt de nouveau un homme libre. J’espère que l’armée apporte de quoi manger. Je crois qu’on peut tirer un trait sur le dîner ce soir.
    Je ne pus réprimer un sourire.
    — En effet. Vous prendrez soin des autres prisonniers britanniques, n’est-ce pas ? Le général St. Clair les laisse ici.
    Il parut légèrement offensé.
    — Ce sont mes hommes !
    — Oui, c’est vrai.
    Guinea Dick, quasiment invisible dans la pénombre, était accroupi contre le mur en pierre près du lit du capitaine. Il tenait une épaisse canne, sans doute pour repousser les éventuels pillards. M. Ormiston, assis sur son lit, pâle mais excité, tripotait le bandage de son moignon.
    — Ils arrivent pour de bon, hein, madame ? Les Anglais ?
    — Oui. Prenez soin de votre plaie et gardez-la propre. Elle cicatrise bien mais évitez d’appuyer dessus pendant au moinsun mois et attendez deux bons mois avant de vous faire faire une jambe de bois. Et ne laissez pas les médecins vous saigner… vous allez avoir besoin de toutes vos forces.
    Il opina du chef, même si je savais qu’il serait le premier dans la file dès qu’un médecin britannique se présenterait avec une lancette. Il était convaincu des vertus de la saignée et je n’étais parvenue à le contenter un peu qu’en lui appliquant des sangsues.
    Je lui serrai la main et m’apprêtais à me détourner quand il me retint.
    — Un instant, m’dame.
    Il me lâcha, passa une main sous son col et en sortit quelque chose au bout d’un lacet. Je le distinguais à peine mais quand il le glissa dans ma paume, je sentis un disque en métal portant encore la chaleur de son corps.
    — Si vous voyez ce p’tit gars, Abram, je vous serais reconnaissant de le lui donner. C’est mon porte-bonheur. Il ne m’a pas quitté depuis trente-deux ans. Dites-lui qu’il le protégera en cas de danger.
    Jamie se tenait derrière moi dans l’obscurité, irradiant d’impatience et de nervosité. Il avait rassemblé un petit groupe d’invalides, tous serrant quelques biens saisis au hasard. Je pouvais entendre la voix haut perchée de Mme Raven au loin, poussant des lamentations. Il me sembla qu’elle criait mon nom. Je baissai la tête et glissai le talisman autour de mon cou.
    — Je le lui dirai, monsieur Ormiston. Merci.
     
    Quelqu’un avait mis le feu à l’élégant pont de Jeduthan Baldwin. Un monceau d’ordures fumait à une extrémité et je vis des ombres

Weitere Kostenlose Bücher