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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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défenseurs étaient partis si précipitamment qu’ils avaient laissé derrière eux un grand seau de mèches lentes.
    — Boum ! dit le Huron.
    Il lui indiqua une longue mèche allumée, abandonnée sur les pierres tel un serpent rougeoyant.
    — Boum ! répéta-t-il en pointant le menton vers le canon.
    Il riait si fort qu’il dut s’asseoir.
    Des soldats accouraient vers la batterie en criant, faisant autant de raffut que ceux au pied du fort. C’était probablement le bon moment pour s’éclipser en douce.

14
    La retraite
    « … Nous poursuivons les rebelles dont bon nombre ont fui par le lac à bord d’embarcations. Nos deux sloops sont à leurs trousses mais j’ai également envoyé quatre compagnies au point de portage où je pense que nous avons de bonnes chances de les capturer. »
    Le brigadier-général Simon Fraser au major général J. Burgoyne.
     
    William regrettait d’avoir accepté l’invitation du brigadier à partager son petit déjeuner. S’il s’était contenté de la maigre ration qui était le lot d’un lieutenant, il aurait eu l’estomac creux mais l’esprit tranquille. Malheureusement pour lui, il s’était trouvé sur place, à se goinfrer de saucisses, de toasts beurrés et de gruau de maïs au miel – le brigadier en raffolait – quand était arrivé le message du général Burgoyne. Il ignorait son contenu. Le brigadier l’avait lu tout en buvant son café, avait froncé les sourcils, puis avait demandé une plume et un encrier. Une fois sa réponse rédigée, il avait relevé les yeux vers lui avec un petit sourire.
    « Que diriez-vous d’une petite chevauchée matinale, William ? »
    C’était ainsi qu’il s’était trouvé dans le quartier général de campagne du général Burgoyne quand les Indiens étaient entrés. L’un des soldats, un dénommé Wyandot, lui avait dit ne pas les connaître mais avait entendu parler de leur chef, « Lèvres de cuir ». Ce nom intriguait William. Peut-être était-ce un incorrigible bavard ?
    Ils étaient cinq, cinq sveltes et jeunes vauriens avec des airs de loup. Il n’aurait su dire comment ils étaient vêtus ni quelles armes ils possédaient ; toute son attention était concentrée sur la pique que l’un d’eux portait. Elle était décorée de scalps. Des scalps frais… et de Blancs. Une dérangeante odeur de sang flottait dans l’air et des mouches bourdonnaient autour du groupe. Le copieux petit déjeuner de William se coagula en une boule dure.
    L’un des Indiens demanda dans un anglais étonnamment mélodieux où trouver le trésorier. C’était donc vrai. Le général Burgoyne avait lâché ses Indiens sur les rebelles, pour les traquer dans la forêt tels des chiens de chasse et semer la terreur.
    Il ne voulait pas regarder les scalps mais ne pouvait s’en empêcher. Ses yeux suivaient les trophées sanglants qui se balançaient au bout de la pique au milieu d’un attroupement croissant de soldats intrigués, certains légèrement horrifiés, d’autres les acclamant. Bon sang, était-ce bien un scalp de femme  ? Une longue masse de cheveux couleur miel, plus longs que ce qu’un homme aurait porté et brillants comme s’ils avaient reçu cent coups de brosse tous les soirs, comme le faisait sa cousine Dottie. De fait, ils ressemblaient assez à ceux de Dottie, en un peu plus sombres…
    Il se détourna brusquement en espérant ne pas rendre son petit déjeuner. Au même moment, il entendit un cri. Il n’en avait encore jamais entendu d’aussi glaçant, d’aussi chargé d’horreur et de douleur. Son sang se figea.
    — Jane ! Jane !
    David Jones, un lieutenant gallois qu’il connaissait vaguement, se frayait un passage dans la foule, repoussant les hommes à coups de coude et de poing. Il avançait vers les Indiens surpris, le visage ravagé par l’émotion.
    — Merde ! souffla un soldat près de William. Sa fiancée s’appelle Jane. Ce ne peut quand même pas…
    Jones bondit vers la pique et tenta d’attraper la chevelure blonde en hurlant « JANE ! » à pleins poumons. Déconcertés, les Indiens s’efforcèrent de maintenir leurs prises hors de sa portée. Le lieutenant se jeta sur l’un d’eux, le renversa à terre et le roua de coups avec une force de dément.
    Les hommes se bousculaient, certains cherchant mollement à retenir Jones. Ils lançaient des regards effarés aux Indiens serrés les uns contre les autres, une main sur leur tomahawk. En l’espace d’un

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