Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
Je n’aurais jamais cru possible d’avoir aussi peur.
    C’était comme si ma colonne vertébrale s’était soudain brisée. Mes membres ne répondaient plus et mes entrailles s’étaient littéralement liquéfiées. A cet instant, je compris exactement ce qui avait poussé Mme Raven à se trancher la gorge.
    Ian chuchota quelque chose à Jamie et s’éloigna, aussi discret qu’une ombre.
    Il me vint tout à coup à l’esprit qu’en prenant le temps de m’abattre au cas où les Indiens nous attaqueraient, Jamie courait le risque d’être capturé vivant. J’étais bien trop terrorisée pour lui dire de ne pas le faire.
    Je rassemblai mon courage et déglutis.
    — Pars ! lui dis-je. Ils ne… ils ne s’en prendront probablement pas aux femmes.
    Ma jupe était en lambeaux, tout comme ma veste. J’étais couverte de boue, de feuilles mortes et de piqûres sanglantes de moustique mais j’étais encore identifiable en tant que femme.
    — Il n’en est pas question, répondit-il brièvement.
    — Oncle Jamie, chuchota Ian dans l’obscurité.
    — Quoi ?
    — Ce ne sont pas des Indiens.
    — Quoi  ?
    — C’est un soldat anglais, hurlant comme un Indien. Il essaie de nous rabattre.
    Jamie jura. Il faisait presque complètement noir autour de nous maintenant. Je distinguais quelques formes vagues, sansdoute celles de gens qui étaient avec nous. J’entendis un gémissement tout proche mais ne vis personne.
    Les cris retentirent à nouveau, venant de l’autre côté cette fois. S’il s’agissait d’un rabatteur, savait-il où nous étions ? Si oui, vers où voulait-il nous rabattre ? Je percevais l’indécision de Jamie. De quel côté partir ? Il hésita encore une seconde, peut-être deux, puis me prit le bras et m’entraîna plus profondément dans la forêt.
    Au bout de quelques minutes, nous tombâmes sur un autre groupe de réfugiés. Ils s’étaient immobilisés, trop terrifiés pour bouger. Ils étaient blottis les uns contre les autres, les femmes serrant leurs enfants contre elles, une main pressée contre la bouche des plus petits.
    — Laisse-les, me glissa Jamie à l’oreille.
    Sa main se crispa sur mon bras. Je me tournais pour le suivre quand une autre main agrippa mon autre bras. Je poussai un cri qui fut aussitôt repris par tout le monde en même temps. Soudain la forêt autour de nous ne fut plus qu’une masse grouillante de gens courant et hurlant.
    Le soldat (car c’était bien un soldat britannique ; de si près je pouvais voir les boutons de son uniforme et sentir sa cartouchière battre contre ma hanche) se pencha vers moi avec un sourire mauvais. Son haleine sentait le pourri.
    — Ne bouge pas, ma belle. Tu n’iras plus nulle part à présent.
    Mon cœur battait si fort qu’il me fallut une bonne minute avant de me rendre compte que la main qui serrait mon autre bras n’était plus là. Jamie avait disparu.
     
    On nous ramena sur la route en un petit groupe compact progressant lentement dans l’obscurité. Aux premières lueurs du jour, ils nous laissèrent boire à une source puis nous reprîmes notre marche jusqu’au milieu de l’après-midi. A ce stade, même les bien-portants étaient sur le point de tourner de l’œil.
    Ils nous parquèrent dans un champ. La femme de fermier que j’étais eut un pincement au cœur en voyant le blé – à quelques semaines des récoltes – foulé aux pieds, les épis dorésdéchiquetés et piétinés en une boue brune. A l’autre bout du champ, une cabane se dressait entre les arbres. Je vis une fillette sortir sur la véranda, plaquer une main sur sa bouche d’un air horrifié puis disparaître à l’intérieur.
    Trois officiers britanniques traversèrent le champ en direction de la cabane, sans un regard pour la foule d’invalides, de femmes et d’enfants qui tournaient en rond sans savoir quoi faire. J’essuyai la sueur qui me coulait dans les yeux avec un coin de mon mouchoir, le glissai à nouveau dans mon corset puis me mis en quête d’un responsable.
    Aucun de nos officiers ni de nos hommes valides ne semblait avoir été capturé. Il n’y avait eu que deux médecins accompagnant la retraite des malades et je ne les avais pas aperçus depuis plusieurs jours. Soit. Je me dirigeai vers le soldat britannique le plus proche. Il surveillait le chaos en plissant les yeux, son mousquet à la main.
    — Nous avons besoin d’eau, lui annonçai-je sans préambule. Il y a un ruisseau juste derrière ces

Weitere Kostenlose Bücher