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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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invalides risquaient de devenir bientôt sa responsabilité. Puis il me fit face à nouveau, courtois en dépit de sa lassitude.
    — J’en doute, madame. Le convoi de ravitaillement est encore à deux jours de marche. Nos troupes vivent de ce qu’elles peuvent transporter dans leur paquetage et de ce qu’elles trouvent en chemin.
    Il m’indiqua la route. De l’autre côté, des soldats britanniques montaient leur camp.
    — Je suis navré, déclara-t-il.
    Il allait repartir quand il se souvint de quelque chose et décrocha la gourde qu’il portait en bandoulière. Elle paraissait lourde et émettait un clapotis alléchant.
    — Le lieutenant Ellesmere m’a demandé de vous donner ceci. Il a dit que vous paraissiez avoir chaud.
    Le lieutenant Ellesmere… ce devait être William. Je le remerciai chaleureusement puis ne pus m’empêcher de lui demander :
    — Comment avez-vous su qui j’étais ?
    Il sourit.
    — Le lieutenant a dit que vous étiez celle aux cheveux bouclés sans bonnet qui donnait des ordres à tout le monde comme un sergent-major.
     
    Trois hommes moururent avant le coucher du soleil. Walter Woodcock était toujours en vie mais en piteux état. Nous avions transporté autant d’hommes que possible sous le couvert en lisière du champ et j’avais divisé les blessés graves en petits groupes. Chaque groupe disposait d’un seau et de deux ou trois femmes ou blessés légers pour les aider. J’avais également fait creuser des latrines et séparé de mon mieux les malades contagieux de ceux dont la fièvre était due à leurs blessures ou au paludisme. Trois personnes souffraient de ce que j’espérais n’être qu’une pyrexie due à la chaleur et une autre de ce que je craignais être une diphtérie. Je m’assis à côté de celle-ci, un jeune charron du New Jersey, vérifiant les muqueuses de sa gorge à intervalles réguliers et lui faisant boire autant d’eau qu’il en pouvait ingurgiter. Mais pas de ma gourde.
    William Ransom – Dieu le bénisse ! – l’avait remplie de cognac.
    J’en avalai une petite gorgée. J’en avais versé un peu dans le seau d’eau de chaque groupe mais en avais conservé pour mon propre usage. Ce n’était pas vraiment de l’égoïsme. Pour le moment, les malades étaient sous ma responsabilité et il me fallait rester vaillante.
    Je m’adossai à un chêne. J’avais mal de la plante des pieds aux genoux ; mon dos et mes côtes me faisaient grimacer àchaque mouvement et je devais fermer les yeux de temps à autre pour calmer les étourdissements. Toutefois, j’étais enfin assise sans bouger pour la première fois depuis ce qui me paraissait des jours.
    De l’autre côté de la route, les soldats cuisinaient leurs maigres rations. L’eau me monta à la bouche en sentant une odeur de viande cuite et de farine. Le petit garçon de Mme Wellman, la tête posée sur les genoux de sa mère, gémissait de faim. Elle lui caressait les cheveux d’un geste machinal, les yeux rivés sur le corps de son mari qui gisait non loin. Nous n’avions ni drap ni couverture pour lui confectionner un linceul mais une âme charitable avait cédé un mouchoir pour couvrir son visage. Les mouches s’en donnaient à cœur joie.
    L’air s’était rafraîchi mais était encore chargé d’une menace de pluie ; le tonnerre grondait toujours au loin et nous allions probablement nous prendre une belle saucée pendant la nuit. J’écartai de ma poitrine le tissu imbibé de sueur de ma chemise. Elle n’aurait sans doute pas le temps de sécher avant la pluie. Je regardai avec envie le camp de l’autre côté de la route avec ses rangs ordonnés de petites tentes et ses abris en branchages. Il y avait quelques tentes plus grandes pour les officiers, bien que plusieurs d’entre eux se soient installés dans la cabane réquisitionnée.
    Il fallait que j’aille les voir, que je les implore de donner à manger au moins aux enfants. Lorsque l’ombre de ce grand pin atteindrait mon pied, j’irais. En attendant, je débouchai la gourde et bus une autre petite gorgée.
    Un mouvement attira mon regard et je relevai les yeux. La silhouette reconnaissable entre toutes du lieutenant Ransom avançait entre les tentes et traversa la route. Le voir me réchauffa un peu le cœur, même si cela ravivait mon inquiétude pour Jamie et me rappelait un peu trop Brianna. Au moins, elle était en sécurité ainsi que Roger et les enfants. Jemmy et Amanda. Je me répétai

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